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Chez les classes complètement dégradées par la perte du sens moral, l’œuvre de perfectionnement s’est partout accomplie sous un régime absolu de contrainte<ref name="note-p5">''L’organisation du travail'', p. 31 et 398. Le régime de contrainte, avec ses nombreuses transitions au régime de liberté, se reconnaît à un caractère principal la pratique de la loi morale, inculquée aux peuples par des fonctionnaires agissant, avec le concours de la force armée, au nom d’un souverain de droit divin ou d’une loi écrite. On pourrait nommer plus précisément ce régime la ''coaction gouvernementale''. C’est le système social des Spartiates de Lycurgue et des Russes de notre temps. </ref>, par l’intervention de certains <ref follow="note-p4">premiers âges de l’histoire. Si la France, depuis 1789, subit de si dures épreuves, c’est qu’elle attribue au second de ces régimes une supériorité absolue qui n’appartient à aucun d’eux. Cette erreur est sans cesse démentie par l’expérience ; en sorte que la France flotte alternativement de l’un à l’autre régime, sans pouvoir se fixer a rien. (Voir ''la Réforme sociale'', 8, X ; voir aussi ''L’0rganisation du travail'', § 8, notes 12 et 14.) <br/>Montesquieu au début de ''L’esprit des lois'', croit pouvoir distinguer trois régimes sociaux, savoir : la monarchie, le despotisme et la république, respectivement fondés sur l’honneur, la crainte et la vertu. J’ai implicitement prouvé que cette thèse repose sur une analyse superficielle et inexacte. On peut, au surplus, constater directement l’erreur de cet illustre écrivain en lisant attentivement ton ouvrage les vérités qui s’y rencontrent en grand nombre n’ont aucun lien essentiel avec cette distinction ; elles la réfutent, même en une foule de passages. Le despotisme, tel que le décrit Montesquieu,d’après quelques traits de la décadence des musulmans, n’est que la corruption du régime de contrainte (note 3), qui leur permit de balancer pendant huit siècles la fortune des chrétiens. Quant à la monarchie et à la république, ce ne sont que deux formes qui s’adaptent également aux deux régimes de contrainte et de liberté (notes 3 et 4), mais qui ne donnent la prospérité aux peuples qu’avec le concours simultané des trois mobiles de Montesquieu. Les influences qui font prospérer les sociétés n’ont point flotté, selon les temps, les races et les lieux, entre l’honneur, la crainte et la vertu. Elles se sont toujours résumées dans la loi morale appuyée sur un judicieux système de peines et de récompenses.</ref>
Chez les classes complètement dégradées par la perte du sens moral, l’œuvre de perfectionnement s’est partout accomplie sous un régime absolu de contrainte<ref name="note-p5" >''L’organisation du travail'', p. 31 et 398. Le régime de contrainte, avec ses nombreuses transitions au régime de liberté, se reconnaît à un caractère principal la pratique de la loi morale, inculquée aux peuples par des fonctionnaires agissant, avec le concours de la force armée, au nom d’un souverain de droit divin ou d’une loi écrite. On pourrait nommer plus précisément ce régime la ''coaction gouvernementale''. C’est le système social des Spartiates de Lycurgue et des Russes de notre temps. </ref>, par l’intervention de certains <ref follow="note-p4" >premiers âges de l’histoire. Si la France, depuis 1789, subit de si dures épreuves, c’est qu’elle attribue au second de ces régimes une supériorité absolue qui n’appartient à aucun d’eux. Cette erreur est sans cesse démentie par l’expérience ; en sorte que la France flotte alternativement de l’un à l’autre régime, sans pouvoir se fixer a rien. (Voir ''la Réforme sociale'', 8, X ; voir aussi ''L’0rganisation du travail'', § 8, notes 12 et 14.) <br />Montesquieu au début de ''L’esprit des lois'', croit pouvoir distinguer trois régimes sociaux, savoir : la monarchie, le despotisme et la république, respectivement fondés sur l’honneur, la crainte et la vertu. J’ai implicitement prouvé que cette thèse repose sur une analyse superficielle et inexacte. On peut, au surplus, constater directement l’erreur de cet illustre écrivain en lisant attentivement son ouvrage : les vérités qui s’y rencontrent en grand nombre n’ont aucun lien essentiel avec cette distinction ; elles la réfutent, même en une foule de passages. Le despotisme, tel que le décrit Montesquieu, d’après quelques traits de la décadence des musulmans, n’est que la corruption du régime de contrainte (note 3), qui leur permit de balancer pendant huit siècles la fortune des chrétiens. Quant à la monarchie et à la république, ce ne sont que deux formes qui s’adaptent également aux deux régimes de contrainte et de liberté (notes 3 et 4), mais qui ne donnent la prospérité aux peuples qu’avec le concours simultané des trois mobiles de Montesquieu. Les influences qui font prospérer les sociétés n’ont point flotté, selon les temps, les races et les lieux, entre l’honneur, la crainte et la vertu. Elles se sont toujours résumées dans la loi morale appuyée sur un judicieux système de peines et de récompenses.</ref>