« Page:Revue des Deux Mondes - 1859 - tome 22.djvu/1026 » : différence entre les versions

ThomasBot (discussion | contributions)
m Phe: split
 
 
État de la page (Qualité des pages)État de la page (Qualité des pages)
-
Page non corrigée
+
Page corrigée
Contenu (par transclusion) :Contenu (par transclusion) :
Ligne 1 : Ligne 1 :
ont été surexcités récemment contre elle, sont convaincus qu’en renonçant à l’Italie, l’Autriche se fortifierait au lieu de s’affaiblir. C’est une opinion qui a été soutenue l’autre jour dans le parlement anglais par un homme éminent, M. Gladstone. Le plus grand argument en faveur de cette opinion est fourni par la guerre même qui vient de finir. L’Autriche n’a pas pu être soutenue dans cette guerre par ses alliés les plus naturels, parce que le mauvais gouvernement de l’italie et les abus de sa domination dans ce pays élevaient entre elle et eux une barrière morale insurmontable. Dans toute autre difficulté, l’Autriche eût eu l’appui actif de l’Angleterre et de la Prusse. En renonçant à l’Italie, l’Autriche retrouve donc toute la force de ses alliances, qu’elle perd au contraire en s’acharnant à la conservation d’une domination malheureuse. En entrant au congrès et en s’y résignant de bonne grâce aux sacrifices qui sont indispensables pour que l’Angleterre y puisse prendre part, la cour de Vienne ferait donc un acte de sage politique. Le temps qu’il est permis de donner aux regrets et à la mauvaise humeur après des échecs est passé pour elle. Elle n’a plus qu’à songer sérieusement aux réparations courageuses et raisonnables par lesquelles un gouvernement malheureux, mais vivace, sait se régénérer, il semble en effet qu’un meilleur esprit ranime la cour de Vienne. Le dépit injuste qu’elle avait témoigné contre la Prusse s’est calmé. L’empereur François-Joseph se soustrait aux influences qui avaient compromis sa popularité, et l’on étudie sérieusement par son ordre d’utiles réformes. En se ralliant à la pensée d’un congrès, l’empereur d’Autriche effacera tout à fait les fâcheuses impressions de la guerre d’Italie ; il enlèvera surtout aux défiances anglaises les prétextes dont elles se nourrissent encore. À notre avis en effet, il dépend pour ainsi dire de l’Autriche que l’Angleterre donne son concours à un solide arrangement des affaires d’Italie. La discussion de la motion de lord Elcho à la chambre des communes nous semble l’avoir démontré. Les ministres anglais qui ont pris part à ces débats, lord John Russell, M. Gladstone, lord Palmerston, ont laissé voir clairement qu’ils désiraient participer au règlement de la question italienne, à la condition que les arrangemens qui seront arrêtés à Zurich respecteront les vœux des populations, et seront compatibles avec l’établissement de gouvernemens nationaux et libéraux dans l’Italie centrale. Toutes les chicanes de l’opposition ont paru mesquines devant ces sages intentions nettement déclarées. Le ministère anglais a donc conservé, avec l’assentiment du parlement, sa liberté d’action, et l’Autriche serait encore une fois bien mal inspirée, si, par une obstination aveugle, elle ne lui permettait pas d’en user. Après avoir, par une démarche inconsidérée, assumé la responsabilité de la guerre, c’est elle encore qui se rendrait responsable des périls que laisserait suspendus sur l’Europe une paix mal consolidée.
ont été surexcités récemment contre elle, sont convaincus qu’en renonçant à l’Italie, l’Autriche se fortifierait au lieu de s’affaiblir. C’est une opinion qui a été soutenue l’autre jour dans le parlement anglais par un homme éminent, M. Gladstone. Le plus grand argument en faveur de cette opinion est fourni par la guerre même qui vient de finir. L’Autriche n’a pas pu être soutenue dans cette guerre par ses alliés les plus naturels, parce que le mauvais gouvernement de l’italie et les abus de sa domination dans ce pays élevaient entre elle et eux une barrière morale insurmontable. Dans toute autre difficulté, l’Autriche eût eu l’appui actif de l’Angleterre et de la Prusse. En renonçant à l’Italie, l’Autriche retrouve donc toute la force de ses alliances, qu’elle perd au contraire en s’acharnant à la conservation d’une domination malheureuse. En entrant au congrès et en s’y résignant de bonne grâce aux sacrifices qui sont indispensables pour que l’Angleterre y puisse prendre part, la cour de Vienne ferait donc un acte de sage politique. Le temps qu’il est permis de donner aux regrets et à la mauvaise humeur après des échecs est passé pour elle. Elle n’a plus qu’à songer sérieusement aux réparations courageuses et raisonnables par lesquelles un gouvernement malheureux, mais vivace, sait se régénérer, il semble en effet qu’un meilleur esprit ranime la cour de Vienne. Le dépit injuste qu’elle avait témoigné contre la Prusse s’est calmé. L’empereur François-Joseph se soustrait aux influences qui avaient compromis sa popularité, et l’on étudie sérieusement par son ordre d’utiles réformes. En se ralliant à la pensée d’un congrès, l’empereur d’Autriche effacera tout à fait les fâcheuses impressions de la guerre d’Italie ; il enlèvera surtout aux défiances anglaises les prétextes dont elles se nourrissent encore. À notre avis en effet, il dépend pour ainsi dire de l’Autriche que l’Angleterre donne son concours à un solide arrangement des affaires d’Italie. La discussion de la motion de lord Elcho à la chambre des communes nous semble l’avoir démontré. Les ministres anglais qui ont pris part à ces débats, lord John Russell, M. Gladstone, lord Palmerston, ont laissé voir clairement qu’ils désiraient participer au règlement de la question italienne, à la condition que les arrangemens qui seront arrêtés à Zurich respecteront les vœux des populations, et seront compatibles avec l’établissement de gouvernemens nationaux et libéraux dans l’Italie centrale. Toutes les chicanes de l’opposition ont paru mesquines devant ces sages intentions nettement déclarées. Le ministère anglais a donc conservé, avec l’assentiment du parlement, sa liberté d’action, et l’Autriche serait encore une fois bien mal inspirée, si, par une obstination aveugle, elle ne lui permettait pas d’en user. Après avoir, par une démarche inconsidérée, assumé la responsabilité de la guerre, c’est elle encore qui se rendrait responsable des périls que laisserait suspendus sur l’Europe une paix mal consolidée.
{{FAD|{{sc|eugène forcade.}}}}

{{Séparateur4}}

{{FAD|{{sc|V. de Mars.}}}}
EUGENE FORCADE.