« Les Burgraves » : différence entre les versions

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==__MATCH__:[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/503]]==
 
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Au temps d'Eschyle, la Thessalie était un lieu sinistre. Il y avait eu là autrefois des géants; il y avait là maintenant des fantômes. Le voyageur qui se hasardait au delà de Delphes, et qui franchissait les forêts vertigineuses du mont Cnémis, croyait voir partout, la nuit venue, s'ouvrir et flamboyer l’œil des cyclopes ensevelis dans les marais du Sperchius. Les trois mille Océanides éplorées lui apparaissaient en foule dans les nuées au-dessus du Pinde; dans les cent. vallées de l'OEta il retrouvait l'empreinte profonde et les coudes horribles des cent bras des hécatonchires tombés jadis sur ces rochers, il contemplait avec une stupeur religieuse la trace des ongles crispés d'Encelade sur le flanc du Pélion. Il n'apercevait pas à l'horizon l'immense Prométhée couché, comme une montagne sur une montagne, sur des sommets entourés de tempêtes, car les dieux avaient rendu Prométhée invisible; mais à travers les branchages des vieux chênes les gémissements du colosse arrivaient jusqu'à lui, passant ; et il entendait par intervalles le monstrueux vautour essuyer son bec d'airain aux granits sonores du mont Othrys. Par moments, un grondement de tonnerre sortait du mont Olympe, et dans ces instants-là le voyageur épouvanté voyait se soulever au nord, dans les déchirures des monts Cambuniens, la tête difforme du géant Iladés, dieu des ténèbres intérieures ; à l'orient, au delà du mont Ossa, il entendait mugir Céto, la femme baleine ; et à l'occident, par-dessus le mont Callidrome, à travers la mer des Alcyons, un vent lointain, venu de la Sicile, lui apportait l'aboiement vivant et terrible du gouffre Scylla. Les géologues ne voient aujourd'hui, dans la Thessalie bouleversée, que la secousse d'un tremblement de terre et le passage des eaux diluviennes; mais pour Eschyle et ses contemporains, ces plaines ravagées, ces forêts déracinées, ces blocs arrachés et rompus, ces lacs changés en marais, ces montagnes renversées et devenues informes, c'était quelque chose de plus formidable encore qu'une terre dévastée par un déluge ou remuée par les volcans; c'était l'effrayant champ de bataille où les titans avaient lutté contre Jupiter.<br/>
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Au temps d'Eschyle, la Thessalie était un lieu sinistre. Il y avait eu là autrefois des géants; il y avait là maintenant des fantômes. Le voyageur qui se hasardait au delà de Delphes, et qui franchissait les forêts vertigineuses du mont Cnémis, croyait voir partout, la nuit venue, s'ouvrir et flamboyer l’œil des cyclopes ensevelis dans les marais du Sperchius. Les trois mille Océanides éplorées lui apparaissaient en foule dans les nuées au-dessus du Pinde; dans les cent. vallées de l'OEta il retrouvait l'empreinte profonde et les coudes horribles des cent bras des hécatonchires tombés jadis sur ces rochers, il contemplait avec une stupeur religieuse la trace des ongles crispés d'Encelade sur le flanc du Pélion. Il n'apercevait pas à l'horizon l'immense Prométhée couché, comme une montagne sur une montagne, sur des sommets entourés de tempêtes, car les dieux avaient rendu Prométhée invisible; mais à travers les branchages des vieux chênes les gémissements du colosse arrivaient jusqu'à lui, passant ; et il entendait par intervalles le monstrueux vautour essuyer son bec d'airain aux granits sonores du mont Othrys. Par moments, un grondement de tonnerre sortait du mont Olympe, et dans ces instants-là le voyageur épouvanté voyait se soulever au nord, dans les déchirures des monts Cambuniens, la tête difforme du géant Iladés, dieu des ténèbres intérieures ; à l'orient, au delà du mont Ossa, il entendait mugir Céto, la femme baleine ; et à l'occident, par-dessus le mont Callidrome, à travers la mer des Alcyons, un vent lointain, venu de la Sicile, lui apportait l'aboiement vivant et terrible du gouffre Scylla. Les géologues ne voient aujourd'hui, dans la Thessalie bouleversée, que la secousse d'un tremblement de terre et le passage des eaux diluviennes; mais pour Eschyle et ses contemporains, ces plaines ravagées, ces forêts déracinées, ces blocs arrachés et rompus, ces lacs changés en marais, ces montagnes renversées et devenues informes, c'était quelque chose de plus formidable encore qu'une terre dévastée par un déluge ou remuée par les volcans; c'était l'effrayant champ de bataille où les titans avaient lutté contre Jupiter.<br/>
Ce que la fable a inventé, l'histoire le reproduit parfois. <br/>
La fiction et la réalité surprennent quelquefois notre esprit par les parallélismes singuliers qu'il leur découvre. Ainsi, - pourvu néanmoins qu'on ne cherche pas dans des pays et dans des faits qui appartiennent à l'histoire, ces impressions surnaturelles, ces grossissements chimériques que l'œil des visionnaires prête aux faits purement mythologiques ; en admettant le conte et la légende, mais en conservant le fond de réalité humaine qui manque aux gigantesques machines de la fable antique, - il y a aujourd'hui en Europe un lieu qui, toute proportion gardée, est pour nous, au point de vue poétique, ce qu'était la Thessalie pour Eschyle, c'est-à-dire un champ de bataille mémorable et prodigieux. <br/>
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Celui qui écrit ces lignes, — et qu'on lui pardonne d'expliquer ici sa pensée, laquelle a été d'ailleurs si bien comprise qu'il est presque réduit à redire aujourd'hui ce que d'autres ont déjà dit avant lui et beaucoup mieux que lui ; - celui qui écrit ces lignes avait depuis longtemps entrevu ce qu'il y a de neuf, d'extraordinaire et de profondément intéressant pour nous, peuples nés du moyen âge, dans cette guerre des titans modernes, moins fantastique, mais aussi grandiose peut-être que la guerre des titans antiques. <br/>
Les titans sont des mythes, les burgraves sont des hommes. Il y a un abîme entre nous et les titans, fils d'Uranus et de Ghê ; il n'y a entre les burgraves et nous qu'une série de générations ; nous, nations riveraines du Rhin, nous venons d'eux ; ils sont nos pères. De là entre eux et nous cette cohésion intime, quoique lointaine, qui fait que, tout en les admirant parce qu'ils sont grands, nous les comprenons parce qu'ils sont réels. Ainsi, la réalité qui éveille l'intérêt, la grandeur qui donne la poésie, la nouveauté qui passionne la foule, voilà sous quel triple aspect la lutte des burgraves et de l'empereur pouvait s'offrir à l'imagination d'un poète. <br/>
L'auteur des pages qu'on va lire était déjà préoccupé de ce grand sujet qui dès longtemps, nous venons de le dire, sollicitait intérieurement sa pensée, lorsqu'un hasard, il y a quelques années, le conduisit sur
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les bords du Rhin. La portion du public qui veut bien suivre ses travaux avec quelque intérêt a lu peut-être le livre intitulé le Rhin, et sait par conséquent que ce voyage d'un passant obscur ne fut autre chose qu'une longue et fantasque promenade d'antiquaire et de rêveur. <br/>
La vie que menait l'auteur dans ces lieux peuplés de souvenirs, on se la figure sans peine. Il vivait là, il doit en convenir, beaucoup plus parmi les pierres du temps passé que parmi les hommes du temps présent. Chaque jour, avec cette passion que comprendront les archéologues et les poètes, il explorait quelque ancien édifice démoli. Quelquefois c'était dès le matin ; il allait, il gravissait la montagne et la ruine, brisait les ronces et les épines sous ses talons, écartait de la main les rideaux de lierre, escaladait les vieux pans de mur, et là, seul, pensif, oubliant tout, au milieu du chant des oiseaux, sous les rayons du soleil levant, assis sur quelque basalte verte de mousse, ou enfoncé jusqu'aux genoux dans les hautes herbes, humides de rosée, il déchiffrait une inscription romane ou mesurait l'écartement d'une ogive, tandis que les broussailles de la raine, joyeusement remuées par le vent au-dessus de sa tête, faisaient tomber sur lui une pluie de fleurs. Quelquefois c'était le soir; au moment où le crépuscule ôtait leur forme aux collines et donnait au Rhin la blancheur sinistre de l'acier, il prenait, lui, le sentier de la montagne, coupé de temps en temps par quelque escalier de lave et d'ardoise, et il montait jusqu'au burg démantelé. Là, seul comme le matin, plus seul encore, car aucun chevrier n'oserait se hasarder dans des lieux pareils à ces heures que toutes les superstitions font redoutables, perdu dans l'obscurité, il se laissait aller à cette tristesse profonde qui vient au cœur quand on se trouve, à la tombée du soir, placé sur quelque , sommet désert, entre les étoiles de Dieu qui s'allument splendidement au-dessus de notre tête et les pauvres étoiles de l'homme qui s'allument aussi, elles, derrière la vitre misérable des cabanes, dans l'ombre, sous nos pieds. Puis, l'heure passait, et quelquefois minuit avait sonné à tous les clochers de la vallée qu'il était encore là, debout dans quelque brèche du donjon, songeant, regardant, examinant l'attitude de la ruine; étudiant, témoin importun peut-être, ce que la nature fait dans la solitude et dans les ténèbres; écoutant, au milieu du fourmillement des animaux nocturnes, tous ces bruits singuliers dont la légende a fait des voix ; contemplant, dans l'angle des salles et dans la profondeur des corridors, toutes ces formes vaguement dessinées par la lune et par la nuit, dont la légende a fait des spectres. <br/>
Comme on le voit, ses jours et ses nuits étaient pleins de la même idée, et il
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tâchait de dérober à ces ruines tout ce qu'elles peuvent apprendre à un penseur. <br/>
On comprendra aisément qu'au milieu de ces contemplations et de ces rêveries, les burgraves lui soient revenus à l'esprit. Nous le répétons, ce que nous avons dit en commençant de la Thessalie, on peut le dire du Rhin : il a eu jadis des géants, il a aujourd'hui des fantômes. Ces fantômes apparurent a l'auteur. Des châteaux qui sont sur ces collines, sa méditation passa aux châtelains qui sont dans la chronique, dans la légende et dans l'histoire. Il avait sous les yeux les édifices, il essaya de se figurer les hommes ; du coquillage on peut conclure le mollusque, de la maison on peut conclure l'habitant. Et quelles maisons que les burgs du Rhin! et quels habitants que les burgraves ! Ces grands chevaliers avaient trois armures : la première était faite de courage, c'était leur cœur ; la deuxième d'acier, c'était leur vêtement ; la troisième de granit, c'était leur forteresse. <br/>
Un jour, comme l'auteur venait de visiter les citadelles écroulées qui hérissent le Wisperthal, il se dit que le moment était venu. Il se dit, sans se dissimuler le peu qu'il est et le peu qu'il vaut, que de ce voyage il fallait tirer une œuvre, que de cette poésie il fallait extraire un poème. L'idée qui se présenta à lui n'était pas sans quelque grandeur, il le croit. La voici : <br/>
Reconstruire par la pensée, dans toute son ampleur et dans toute sa puissance, un de ces châteaux où les burgraves, égaux aux princes, vivaient d'une vie presque royale. <br/>
Aux douzième et treizième siècles, dit Kohlrausch, le titre de burgrave prend rang immédiatement au-dessous du titre de roi. Montrer dans le burg les trois choses qu'il contenait : une forteresse, un palais, une caverne; dans ce burg, ainsi ouvert dans toute sa réalité à l'œil étonné du spectateur, installer et faire vivre ensemble et de front quatre générations, l'aïeul, le père, le fils, le petit-fils; faire de toute cette famille comme le symbole palpitant et complet de l'expiation; mettre sur la tête de l'aïeul le crime de Caïn, dans le cœur du père les instincts de Nemrod, dans l'âme du fils les vices de Sardanapale; et laisser entrevoir que le petit-fils pourra bien un jour commettre le crime tout à la fois par passion comme son bisaïeul, par férocité comme son aïeul, et par corruption comme son père; montrer l'aïeul soumis à Dieu, et le père soumis à l'aïeul ; relever le premier par le repentir et le second par la piété filiale, de sorte que l'aïeul puisse être auguste et que le père puisse être grand, tandis que les deux générations
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qui les suivent, amoindries par leurs vices croissants, vont s'enfonçant de plus en plus dans les ténèbres. Poser de cette façon devant tous, et rendre visible à la foule cette grande échelle morale de la dégradation des races qui devrait être l'exemple vivant éternellement dressé aux yeux de tous les hommes, et qui n'a été jusqu'ici entrevue, hélas ! que par les songeurs et les poètes ; donner une figure à cette leçon des sages ; faire de cette abstraction philosophique une réalité dramatique, palpable, saisissante, utile. <br/>
Voilà la première partie et, pour ainsi parler, la première face de l'idée qui lui vint. Du reste, qu'on ne lui suppose pas la présomption d'exposer ici ce qu'il croit avoir fait; il se borne à expliquer ce qu'il a voulu faire.
Cela dit une fois pour toutes, continuons. <br/>
Dans une famille pareille, ainsi développée à tous les regards et à tous les esprits, pour que l'enseignement soit entier, deux grandes et mystérieuses puissances doivent intervenir, la fatalité et la Providence : la fatalité qui veut punir, la Providence qui veut pardonner. Quand l'idée qu'on vient de dérouler apparut à l'auteur, il songea sur-le-champ que cette double intervention était nécessaire à la moralité de l'œuvre. Il se dit qu'il fallait que dans ce palais lugubre, inexpugnable, joyeux et tout-puissant, peuplé d'hommes de guerre et d'hommes de plaisir, regorgeant de princes et de soldats, on vît errer, entre les orgies des jeunes gens et les sombres rêveries des vieillards, la grande figure de la servitude; qu'il fallait que cette figure fut une femme, car la femme seule, flétrie dans sa chair comme dans son âme, peut représenter l'esclavage complet; et qu'enfin il fallait que cette femme, que cette esclave, vieille, livide, enchaînée, sauvage comme la nature qu'elle contemple sans cesse, farouche comme la vengeance qu'elle médite nuit et jour, ayant dans le cœur la passion dès ténèbres, c'est-à-dire la haine, et dans l'esprit la science des ténèbres, c'est-à-dire la magie, personnifiât la fatalité. Il se dit d'un autre côté que, s'il était nécessaire qu'on vît la servitude se traîner sous les pieds des burgraves, il était nécessaire aussi qu'on vît la souveraineté éclater au-dessus d'eux; il se dit qu'il fallait qu'au milieu de ces princes bandits un empereur apparût; que dans une œuvre de ce genre, si le poète avait le droit, pour peindre l'époque, d'emprunter à l'histoire ce qu'elle enseigne, il avait également le droit d'employer, pour faire mouvoir ses personnages, ce que la légende autorise; qu'il serait beau peut-être de réveiller pour un moment et de faire sortir des profondeurs mystérieuses où il est enseveli le glorieux messie militaire que l'Allemagne attend encore, le dormeur impérial de
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Kaiserslautern, et de jeter, terrible et foudroyant, au milieu des géants du Rhin, le Jupiter du douzième siècle, Frédéric Barberousse. Enfin il se dit qu'il y aurait peut-être quelque grandeur, tandis qu'une esclave représenterait la fatalité, à ce qu'un empereur personnifiât la Providence. Ces idées germèrent dans son esprit, et il pensa qu'en disposant de la sorte les figures par lesquelles se traduirait sa pensée, il pourrait, au dénoûment, grande et morale conclusion, à son sens du moins, faire briser la fatalité par la Providence, l'esclave par l'empereur, la haine par le pardon. <br/>
Comme dans toute œuvre, si sombre qu'elle soit, il faut un rayon de lumière, c'est-à-dire un rayon d'amour, il pensa encore que ce n'était point assez de crayonner le contraste des pères et des enfants, la lutte des burgraves et de l'empereur, la rencontre de la fatalité et de la Providence ; qu'il fallait peindre aussi et surtout deux cœurs qui s'aiment; et qu'un couple chaste et dévoué, pur et touchant, placé au centre de l'œuvre, et rayonnant à travers le drame entier, devrait être l'âme de toute cette action. <br/>
Car c'est là, à notre avis, une condition suprême. Quel que soit le drame, qu'il contienne une légende, une histoire ou un poème, c'est bien ; mais qu'il contienne avant tout la nature et l'humanité. Faites, si vous le voulez, c'est le droit souverain du poëte, marcher dans vos drames des statues, faites-y ramper des tigres; mais entre ces statues et ces tigres, mettez des hommes. Ayez la terreur, mais ayez la pitié. Sous ces griffes d'acier, sous ces pieds de pierre, faites broyer le cœur humain. <br/>
Ainsi l'histoire, la légende, le conte, la réalité, la nature, la famille, l'amour, des mœurs naïves, des physionomies sauvages, les princes, les soldats, les aventuriers, les rois, des patriarches comme dans la Bible, des chasseurs d'hommes comme dans Homère, des titans comme dans Eschyle, tout s'offrait a la fois à l'imagination éblouie de l'auteur dans ce vaste tableau à peindre, et il se sentait irrésistiblement entraîné vers l'œuvre qu'il rêvait, troublé seulement d'être si peu de chose, et regrettant que ce grand sujet ne rencontrât pas un grand poëte. Car, là il y avait, certes, l'occasion d'une création majestueuse; on pouvait, dans un sujet pareil, mêler à la peinture d'une famille féodale la peinture d'une société héroïque, toucher à la fois des deux mains au sublime et au pathétique, commencer par l'épopée et finir par le drame.
Après avoir, comme il vient de l'indiquer et sans dissimuler d'ailleurs son infériorité, ébauché ce poëme dans sa pensée, l'auteur
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se demanda quelle forme il lui donnerait. Selon lui, le poème doit avoir la forme même du sujet. La règle : Neve minor, neu sit quinto, etc., n'a qu'une valeur secondaire à ses yeux. Les Grecs ne s'en doutaient pas, et les plus imposants chefs-d'œuvre de la tragédie proprement dite sont nés en dehors de cette prétendue loi. <br/>
La loi véritable, la voici : tout ouvrage de l'esprit doit naître avec la coupe particulière et les divisions spéciales que lui donne logiquement l’idée qu'il renferme. Ici, ce que l'auteur voulait placer et peindre, au point culminant de son œuvre, entre Barberousse et Guanhumara, entre la Providence et la fatalité, c'était l'âme du vieux burgrave centenaire {{Personnage|Job}}-le-Maudit, cette âme qui, arrivée au bord de la tombe, ne mêle plus à sa mélancolie incurable qu'un triple sentiment : la maison, l'Allemagne, la famille. Ces trois sentiments donnaient à l'ouvrage sa division naturelle. L'auteur résolut donc de composer son drame en trois parties. Et, en effet, si l'on veut bien remplacer un moment en esprit les titres actuels de ces trois actes, lesquels n'en expriment que le fait extérieur, par des titres plus métaphysiques qui en révéleraient la pensée intérieure, on verra que chacune de. ces trois parties correspond à l'un des trois sentiments fondamentaux du vieux chevalier allemand : maison, Allemagne, famille. La première partie pourrait être intitulée l'Hospitalité; la deuxième, la Patrie; la troisième, la Paternité. <br/>
La division et la forme du drame une fois arrêtées, l'auteur résolut d'écrire sur le frontispice de l'œuvre, quand elle serait terminée, le mot trilogie. Ici, comme ailleurs, trilogie signifie seulement et essentiellement poëme en trois chants, ou drame en trois actes. Seulement, en l'employant, l'auteur voulait réveiller un grand souvenir, glorifier autant qu'il en était en lui, -par ce tacite hommage, le vieux poëte de l'Orestie qui, méconnu de ses contemporains, disait avec une tristesse fière : Je consacre mes œuvres au temps; et aussi peut-être indiquer au public, par ce rapprochement bien redoutable d'ailleurs, que ce que le grand Eschyle avait fait pour les titans, il osait, lui, poète malheureusement trop au-dessous de cette magnifique tâche, essayer de le faire pour les burgraves. <br/>
Du reste, le public et la presse, cette voix du public, lui ont généreusement tenu compte, non du talent, mais de l'intention. Chaque jour cette foule sympathique et intelligente qui accourt si volontiers au glorieux théâtre de Corneille et de Molière, vient chercher dans cet ouvrage, non ce que l'auteur y a mis, mais ce qu'il a du moins tenté d'y mettre. Il est fier de l'attention persistante et sérieuse dont le public veut bien entourer ses travaux, si insuffisants qu'ils soient, et,
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sans répéter ici ce qu'il a déjà dit ailleurs, il sent que cette attention est pour lui pleine de responsabilité. Faire constamment effort vers le grand, donner aux esprits le vrai, aux âmes le beau, aux cœurs l'amour; ne jamais offrir aux multitudes un spectacle qui ne soit une idée : voilà ce que le poëte doit au peuple. La comédie même, quand elle se mêle au drame, doit contenir une leçon, et avoir sa philosophie. De nos jours, le peuple est grand ; pour être compris de lui, le poëte doit être sincère Rien n'est plus voisin du grand que l'honnête. <br/>
Le théâtre doit faire de la pensée le pain de la foule. <br/>
Un mot encore, et il a fini. Les Burgraves ne sont point, comme l'ont cru quelques esprits, excellents d'ailleurs, un ouvrage de pure fantaisie, le produit d'un élan capricieux de l'imagination. Loin de là : si une œuvre aussi incomplète valait la peine d'être discutée à ce point, on surprendrait peut-être beaucoup de personnes en leur disant que, dans la pensée de l'auteur, il y a eu tout autre chose qu'un caprice de l'imagination dans 4e choix de ce sujet et, .qu'il lui soit permis d'ajouter, dans le choix de tous les sujets qu'il a traités jusqu'à ce jour. En effet, il y a aujourd'hui une nationalité européenne, comme il y avait du temps d'Eschyle, de Sophocle et d'Euripide, une nationalité grecque. Le groupe entier de la civilisation, quel qu'il fût et quel qu'il soit, a toujours été la grande patrie du poëte. <br/>
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Ainsi, toute proportion gardée, et en supposant qu'il soit permis de comparer ce qui est petit à ce qui est grand, si Eschyle, en racontant la chute des titans, faisait jadis pour la Grèce une œuvre nationale, le poëte qui raconte la lutte des burgraves fait aujourd'hui pour l'Europe une œuvre également nationale, dans le même sens et avec la même signification. Quelles que soient les antipathies momentanées et les jalousies de frontières, toutes les nations policées appartiennent au même centre et sont indissolublement liées entre elles par une secrète, et profonde unité. <br/>
La civilisation nous fait à tous les mêmes entrailles, le même esprit, le même but, le même avenir. D'ailleurs, la France, qui prête à la civilisation même sa langue universelle et son initiative souveraine; la France, lors même que nous nous unissons à l'Europe dans une sorte de grande nationalité, n'en est pas moins notre première patrie, comme Athènes était la première patrie d'Eschyle et de Sophocle. Ils étaient Athéniens comme nous sommes Français, et nous sommes Européens comme ils étaient Grecs. <br/>
Ceci vaut la peine d'être développé. L'auteur le fera peut-être
Ceci vaut la peine d'être développé. L'auteur le fera peut-être quelque jour. Quand il l'aura fait, on saisira mieux l'ensemble des ouvrages qu'il a produits jusqu'ici ; on en pénétrera la pensée; on en comprendra la cohésion. Ce faisceau a un lien. En attendant, il le dit et il est heureux de le redire, oui, la civilisation tout entière est la patrie du poète. Cette patrie n'a d'autre frontière que la ligne sombre et fatale ou commence la barbarie. Un jour, espérons-le, le globe entier sera civilisé, tous les points de la demeure humaine seront éclairés, et alors sera accompli le magnifique rêve de l'intelligence ; avoir pour patrie le monde et pour nation l'humanité. <br/>
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quelque jour. Quand il l'aura fait, on saisira mieux l'ensemble des ouvrages qu'il a produits jusqu'ici ; on en pénétrera la pensée; on en comprendra la cohésion. Ce faisceau a un lien. En attendant, il le dit et il est heureux de le redire, oui, la civilisation tout entière est la patrie du poète. Cette patrie n'a d'autre frontière que la ligne sombre et fatale ou commence la barbarie. Un jour, espérons-le, le globe entier sera civilisé, tous les points de la demeure humaine seront éclairés, et alors sera accompli le magnifique rêve de l'intelligence ; avoir pour patrie le monde et pour nation l'humanité. <br/>
25 mars 1843.
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{{personnages|
{{Personnage|Job}}, burgrave de Heppenneff.<br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/512]]==
Job}}, burgrave de Heppenneff.<br/>
{{Personnage|Magnus}}, fils de {{Personnage|Job}}, burgrave de Wardock<br/>
{{Personnage|Hatto}}, fils de {{Personnage|Magnus}}, marquis de Vérone, burgrave de Nofiig.<br/>
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<br/>
<br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/513]]==
 
{{acte|I <br/> L'aïeul}}
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— Barons, nargue au saint-père, <br/>
Et nargue à l'empereur! <br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/514]]==
 
Régnons, nous sommes braves, <br/>
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<br/>
<br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/515]]==
 
{{scène|II}}
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{{Personnage|Cynulfus}}. <br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/516]]==
Vrai? <br/>
 
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{{Personnage|Haquin}}. <br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/517]]==
Ces trois hommes, <br/>
Lépreux, ensorcelés, avec lesquels nous sommes.<br/>
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{{Personnage|Teudon}}. <br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/518]]==
Paix ! je te prie. <br/>
 
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{{Personnage|Kunz}}. <br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/519]]==
Ce n'est pas vainement qu'il est maudit. <br/>
 
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{{Personnage|Kunz}}<br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/520]]==
Le certain, c'est que nul ne saurait entrer là.<br/>
Le secret de l'entrée est perdu. La fenêtre <br/>
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{{Personnage|Karl}}. <br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/521]]==
Un lieu lugubre, Hermann. un endroit redouté. <br/>
Un essaim de corbeaux, sinistre, épouvanté, <br/>
Ligne 442 ⟶ 470 :
Il a dit, en rouvrant ses yeux lourds et voilés: <br/>
— Chevalier, les corbeaux se sont-ils envolés? <br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/522]]==
Le comte Max Edmond a répondu : — Non, sire. <br/>
A ce mot, le vieillard a laissé sans rien dire <br/>
Ligne 486 ⟶ 515 :
 
{{Personnage|Gondicarius}}. <br/>
Plût au ciel ! et qu'il vînt<br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/523]]==
 
Délivrer l'Allemagne avant douze cent vingt; <br/>
Fatale année, où doit, dit-on, crouler l'Empire! <br/>
Ligne 531 ⟶ 562 :
 
{{Personnage|Swan}}.<br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/524]]==
On ne peut voyager que par bandes armées. <br/>
 
Ligne 573 ⟶ 605 :
Il était écuyer. La duc fut consterné <br/>
De la prédiction faite à son nouveau-né. <br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/525]]==
De plus, l'enfant croissait pour une double guerre ;<br/>
Gibelin par son père et guelfe par sa mère, <br/>
Ligne 617 ⟶ 650 :
Sentit sa mort prochaine, il appela son fils,<br/>
Et lui fit à genoux baiser un crucifix. <br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/526]]==
Barberousse, incliné sur ce lit funéraire, <br/>
Jura de ne se point révéler à son frère, <br/>
Ligne 665 ⟶ 699 :
 
{{Personnage|Gondicarius}}. <br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/527]]==
Que Frédéric, du trône atteignant le sommet, <br/>
N'ait jamais recherché la femme qu'il aimait, <br/>
Ligne 711 ⟶ 746 :
 
{{Personnage|Gondicarius}}. <br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/528]]==
Cet homme fut-il pris? <br/>
 
Ligne 758 ⟶ 794 :
 
<br/>
Otbert, Régina. — Par instants, Edwige.<br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/529]]==
instants, Edwige.<br/>
 
{{Personnage|Otbert}}.<br/>
Ligne 804 ⟶ 842 :
Rêver, puis s'en aller. C'est le sort de la femme. <br/>
 
{{Personnage|Otbert}}, lui montrant la fenêtre. <br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/530]]==
lui montrant la fenêtre. <br/>
Voyez ce beau soleil ! <br/>
 
Ligne 854 ⟶ 894 :
{{Personnage|Régina}}.<br/>
Rêve ! <br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/531]]==
Non, vous ne m'aimez pas, Otbert! la nuit se lève! <br/>
— La nuit ! — J'y vais tomber. Vous m'oublirez après. <br/>
Ligne 895 ⟶ 936 :
Je te donne mon sang. — Régina, dis au prêtre <br/>
Qu'il n'aime pas son Dieu, dis au Toscan sans maître <br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/532]]==
Qu'il n'aime point sa ville, au marin sur la mer <br/>
Qu'il n'aime point l'aurore après les nuits d'hiver; <br/>
Ligne 940 ⟶ 982 :
Ce n'est pas à Hatto qu'il faut qu'on me dispute. <br/>
Mon fiancé m'aura sans querelle et sans lutte; <br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/533]]==
Vous ne le vaincrez pas, vous si brave et si beau; <br/>
Car mon vrai fiancé, vois-tu, c'est le tombeau! <br/>
Ligne 986 ⟶ 1 029 :
 
{{Personnage|Otbert}}.<br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/534]]==
Ecoute-moi. <br/>
 
Ligne 1 028 ⟶ 1 072 :
Oui, quand j'étais dans l'Inde, au fond des bois j'errais, <br/>
J'allais, étudiant, dans la nuit des forêts,<br/>
Blême, effrayante à voir, horrible aux lions mêmes,<br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/535]]==
à voir, horrible aux lions mêmes,<br/>
Les herbes, les poisons, et les philtres suprêmes <br/>
Qui font qu'un trépassé redevient tout d'abord <br/>
Ligne 1 073 ⟶ 1 119 :
De sauver des vivants? J'en ris lorsque j'y pense.<br/>
Tu dis avoir besoin de moi? Quelle imprudence! <br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/536]]==
Et si, de mon côté, glaçant ton cœur d'effroi, <br/>
Je te disais aussi que j'ai besoin de toi? <br/>
Ligne 1 116 ⟶ 1 163 :
Dis, voudrais-tu tirer ton poignard du fourreau ? <br/>
Te faire meurtrier? — te ferais-tu bourreau? <br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/537]]==
Tu frémis! va-t'en donc, cœur faible, bras débile! <br/>
Je ne te parle pas, mais laisse-moi tranquille! <br/>
Ligne 1 164 ⟶ 1 212 :
 
{{Personnage|Guanhumara}}.<br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/538]]==
Ecoute. <br/>
Si demain tu la vois, grâce à cette liqueur, <br/>
Ligne 1 209 ⟶ 1 258 :
{{Personnage|Guanhumara}} sort. <br/>
 
{{Personnage|Otbert}}, seul. <br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/539]]==
seul. <br/>
Merci, femme ! <br/>
Quel que soit ton projet, qui que tu sois, merci ! <br/>
Ligne 1 248 ⟶ 1 299 :
Se voit d'ici. <br/>
 
{{Personnage|Le Margrave Platon}}, examinant le délabrement de la salle. <br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/540]]==
examinant le délabrement de la salle. <br/>
Quel deuil et quelle vétusté ! <br/>
 
Ligne 1 295 ⟶ 1 348 :
 
{{Personnage|Le Capitaine}}.<br/>
 
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/541]]==
Puis les bourgeois de Linz, dont la frayeur est grande, <br/>
Vous demandent quartier. <br/>
Ligne 1 341 ⟶ 1 396 :
Embusquez-vous. <br/>
Le capitaine sort. Hatto continue en se tournant vers les princes. <br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/542]]==
Mon père eût été là. Moi, je reste chez nous. <br/>
Jadis on guerroyait, maintenant on s'amuse. <br/>
Ligne 1 386 ⟶ 1 442 :
 
Depuis quelques instants la porte du donjon à droite s'est ouverte, et a laissé voir quelques degrés d'un escalier sombre sur lesquels ont apparu deux vieillards, l'un âgé d'un peu plus de soixante ans, cheveux gris, barbe grise ; l'autre, beaucoup plus vieux, presque tout à fait chauve, avec une longue barbe blanche ; tous deux ont la chemise de fer, jambières et brassières de mailles, la grande épée au côté, et, par-dessus leur habit de guerre, le plus vieux porte une simarre blanche doublée de drap d'or, et l'autre une grande peau de loup dont la gueule s'ajuste sur sa tête. <br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/543]]==
 
Derrière le plus vieux se tient debout, immobile comme une figure pétrifiée, un écuyer à barbe blanche, vêtu de fer et élevant au-dessus de la tête du vieillard une grande bannière noire sans armoiries. <br/>
Ligne 1 429 ⟶ 1 486 :
Jeunes gens, vous faites bien du bruit. <br/>
Laissez les vieux rêver dans l'ombre et dans la nuit.<br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/544]]==
La lueur des festins blesse leurs yeux sévères. <br/>
Les vieux choquaient l'épée; enfants! choquez les verres!<br/>
Ligne 1 474 ⟶ 1 532 :
 
{{Personnage|Magnus}}.<br/>
Ô nos ancêtres !<br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/545]]==
nos ancêtres !<br/>
Restez, restez voilés! — Ce qu'il m'a fait, mes maîtres ? <br/>
— Ne parlais-tu pas, toi, petit comte de Mons? —<br/>
Ligne 1 516 ⟶ 1 576 :
Sur lui, s'il n'est pas mort, ou du moins sur sa race, <br/>
Rien ne m'empêchera de le frapper! — Dieu fasse <br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/546]]==
Qu'avant d'être au tombeau mon cœur soit soulagé, <br/>
Que je ne meure pas avant d'être vengé ! <br/>
Ligne 1 560 ⟶ 1 621 :
 
{{Personnage|Le Margrave Gilissa}}. <br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/547]]==
C'est quelque mendiant ! <br/>
 
Ligne 1 602 ⟶ 1 664 :
Les jeunes, sans parier, sans chanter, sans sourire,<br/>
S'inclinaient, fussent-ils princes du saint-empire; <br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/548]]==
Et les vieillairds tendaient la main à l'inconnu <br/>
En lui disant : Seigneur, soyez le bienvenu ! <br/>
Ligne 1 643 ⟶ 1 706 :
<br/>
<br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/549]]==
 
{{scène|VII}}
Ligne 1 687 ⟶ 1 751 :
 
{{Personnage|Job}}.<br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/550]]==
Vous êtes chez cet homme. <br/>
Soyez le bienvenu, seigneur. C'est moi qu'on nomme <br/>
Ligne 1 725 ⟶ 1 790 :
La main qu'un mendiant cache sous ses haillons ! <br/>
{{acte|II <br/> Le Mendiant}}
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/551]]==
 
LA SALLE DES PANOPLIES. <br/>
Ligne 1 763 ⟶ 1 829 :
Et le roi de Bohême, un slave ! est électeur. <br/>
Chacun veut se dresser de toute sa hauteur. <br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/552]]==
Partout le droit du poing, l'horreur, la violence. <br/>
Le soc qu'on foule aux pieds se change en fer de lance; <br/>
Ligne 1 808 ⟶ 1 875 :
<br/>
<br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/553]]==
 
{{scène|II}}
Ligne 1 849 ⟶ 1 917 :
Mais ne m'admire pas. Je n'ai pas de courage, <br/>
Je n'ai pas de vertu, je n'ai que de l'amour. <br/>
Tu vis ! devant mes yeux je vois un nouveau jour.<br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/554]]==
 
Tu vis! je sens en moi comme une âme nouvelle. <br/>
Mais regarde-moi donc! ô mon Dieu, qu'elle est belle! <br/>
Ligne 1 904 ⟶ 1 974 :
{{Personnage|Otbert}}.<br/>
Sans faiblesse. <br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/555]]==
A part. <br/>
Après, je me tùrai.<br/>
Ligne 1 948 ⟶ 2 019 :
 
{{Personnage|Otbert}}.<br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/556]]==
C'est dit. <br/>
 
Ligne 1 989 ⟶ 2 061 :
C'est nous, Otbert.<br/>
{{Personnage|Otbert}}, comme éveillé en sursaut. <br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/557]]==
en sursaut. <br/>
Seigneur... Comtesse...<br/>
 
Ligne 2 030 ⟶ 2 104 :
Puis il suffit aussi que tous deux je vous voie ! <br/>
Il fait quelques pas vers le devant du théâtre et semble tomber dans une profonde rêverie. <br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/558]]==
C'est vrai, je suis maudit, je suis seul, je suis vieux! <br/>
— Je suis triste! — Au donjon qu'habitent mes aïeux <br/>
Ligne 2 074 ⟶ 2 149 :
On sent en toi le preux fidèle à son serment, <br/>
Comme l'aigle au soleil et le fer à l'aimant. <br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/559]]==
Tout ce qu'il a promis, cet enfant l'exécute, <br/>
A Régina. <br/>
Ligne 2 117 ⟶ 2 193 :
A Otbert.<br/>
Il serait de ton âge. Il aurait ton beau front, <br/>
 
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/560]]==
II serait innocent comme toi. —Viens ! je t'aime.<br/>
Depuis quelques instants Guanhumara est entrée et observe du fond du théâtre sans
Ligne 2 165 ⟶ 2 243 :
Elle est morte. — Et j'ai vu, comme elle, disparaître, <br/>
Hélas ! sept de mes fils, les plus vaillants peut-être, <br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/561]]==
Georges, mon doux enfant, envolé pour jamais. <br/>
Et ma dernière femme, et tout ce que j'aimais ! <br/>
Ligne 2 210 ⟶ 2 289 :
{{Personnage|Otbert}}.<br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/562]]==
Mais...<br/>
 
Ligne 2 257 ⟶ 2 337 :
<br/>
<br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/563]]==
 
{{scène|V}}
Ligne 2 300 ⟶ 2 381 :
 
 
{{Personnage|Otbert}}, tirant son épée et arrêtant du geste les soldats. <br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/564]]==
tirant son épée et arrêtant du geste les soldats. <br/>
Marquis Hatto, je sais que tu n'es qu'un infâme. <br/>
Je le sais traître, impie, abominable et bas. <br/>
Ligne 2 338 ⟶ 2 421 :
Maintenant je te dis : Qui donc es-tu, mon brave !<br/>
Parle, es-tu fils de roi, duc souverain, margrave, <br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/565]]==
Pour m'oser défier ? Dis ton nom seulement, <br/>
Le sais-tu? Tu te dis l'archer Otbert. <br/>
Ligne 2 381 ⟶ 2 465 :
 
{{Personnage|Magnus}}.<br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/566]]==
Barberousse!...<br/>
Etonnement et stupeur. Tous s'écartent et forment une sorte de grand cercle autour du-mendiant, qui dégage de ses haillons une croix attachée à son cou et l'élève de sa main droite, la gauche appuyée sur l'épée piquée en terre. <br/>
Ligne 2 420 ⟶ 2 505 :
Vous m'entendiez jadis marcher dans ces vallons, <br/>
Lorsque l'éperon d'or sonnait à mes talons. <br/>
 
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/567]]==
Vous me reconnaissez, burgraves. — C'est le maître. <br/>
Celui qui subjugua l'Europe, et fit renaître <br/>
Ligne 2 463 ⟶ 2 550 :
Etre des chevaliers ! Vous vous dites : — Nous sommes <br/>
Les fils des grands barons et des grands gentilshommes. <br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/568]]==
Nous les continuons.—Vous les continuez? <br/>
Vos pères, toujours fiers, jamais diminués, <br/>
Ligne 2 506 ⟶ 2 594 :
Elle pleure, et, levant au ciel ses bras roidis, <br/>
Sa voix faible en râlant vous dit : Soyez maudits! <br/>
 
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/569]]==
Ce qu'elle dit tout bas, je le crie à voix haute. <br/>
Je suis votre empereur, je ne suis plus votre hôte. <br/>
Ligne 2 547 ⟶ 2 637 :
Vous déchiriez mon peuple, hélas! qui m'est si cher, <br/>
Et vous vous partagiez les lambeaux de sa chair! <br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/570]]==
Tout à coup. tout à coup dans l'antre inaccessible, <br/>
Le vengeur indigné, frissonnant et terrible. <br/>
Ligne 2 586 ⟶ 2 677 :
Montrant les soldats. <br/>
Je t'écoutais parler tout à l'heure à ces hommes, <br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/571]]==
Leur dire : Vétérans, camarades! — Fort bien ! — <br/>
Pas un n'a bougé ! vois. C'est qu'ici tu n'es rien. <br/>
Ligne 2 625 ⟶ 2 717 :
Quand l'âpre vent des nuits pleure à travers les joncs ! <br/>
 
{{Personnage|Magnus}}, saisissant sa hache. <br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/572]]==
saisissant sa hache. <br/>
Ah ! tu sors du sépulcre ! eh bien ! je t'y repousse,<br/>
Afin qu'au même instant,— tu comprends, Barberousse,<br/>
Ligne 2 663 ⟶ 2 757 :
Se relevant. Aux soldats. <br/>
Qu'on mette en liberté les captifs.<br/>
Les soldats obéissent en silence et détachent les chaînes des prisonniers, qui, pendant cette scène, sont venus se grouper dans la galerie au fond du théâtre. Job reprend. <br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/573]]==
Job reprend. <br/>
Vous, burgraves, <br/>
Prenez, César le veut, leurs fers et leurs entraves. <br/>
Ligne 2 703 ⟶ 2 799 :
Fosco! <br/>
 
{{Personnage|Job}}, tressaillant avec épouvante. <br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/574]]==
tressaillant avec épouvante. <br/>
Ciel! <br/>
 
Ligne 2 717 ⟶ 2 815 :
 
{{acte|III <br/> Le Caveau Perdu}}
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/575]]==
 
Un caveau sombre, à voûte basse et cintrée, d'un aspect humide et hideux. Quelques lambeaux d'une tapisserie rongée par le temps pendent à la muraille. A droite,-uns fenêtre dans le grillage de laquelle on distingue trois barreaux brisés et comme violemment écartés. A gauche, un banc et une table de pierre grossièrement taillés. Au fond, dans l'obscurité, une sorte de galerie dont on entrevoit les piliers soutenant les retombées des archivoltes.<br/>
Ligne 2 750 ⟶ 2 849 :
Frédéric Barberousse est maître en ma maison. <br/>
O douleur! — C'est égal ! j'ai bien fait, j'ai raison, <br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/576]]==
J'ai sauvé mon pays, j'ai sauvé le royaume. <br/>
Rêvant. <br/>
Ligne 2 790 ⟶ 2 890 :
Depuis lors l'insomnie, ô Dieu ! des nuits entières, <br/>
M'a mis ses doigts de plomb dans le creux des paupières; <br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/577]]==
Ou, si je m'endormais, versant un sang vermeil, <br/>
Deux ombres traversaient sans cesse mon sommeil. <br/>
Ligne 2 832 ⟶ 2 933 :
Se tournant vers les profondeurs du souterrain. <br/>
Eh bien ! je t'adjure à cette heure, <br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/578]]==
Pardonne, ô Donato ! grâce avant que je meure ! <br/>
Job n'est plus. Fosco reste. Oh ! grâce pour Fosco! <br/>
Ligne 2 875 ⟶ 2 977 :
O sombre voix qui sort du tombeau, me voici. <br/>
A quelle question dois-je répondre ici? <br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/579]]==
Quelle explication veux-tu? Sans m'y soustraire, <br/>
Parle, je répondrai ! <br/>
Ligne 2 917 ⟶ 3 020 :
 
{{Personnage|Job}}. <br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/580]]==
Grâce !<br/>
Assez ! <br/>
Ligne 2 963 ⟶ 3 067 :
 
{{Personnage|Guanhumara}}. <br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/581]]==
Front mort, main froide, œil cave. <br/>
Oui, mon nom est charmant en Corse, Ginevra! <br/>
Ligne 3 006 ⟶ 3 111 :
C'est Otbert! <br/>
 
{{Personnage|Job}}, joignant les mains vers le ciel. <br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/582]]==
joignant les mains vers le ciel. <br/>
Sois béni, mon Dieu ! Je le rêvais. <br/>
Mais en lui tout est noble, il n'a rien de mauvais ;<br/>
Ligne 3 047 ⟶ 3 154 :
Par la Corse au ciel d'or, au soleil dévorant, <br/>
Par le squelette froid qui dort dans le torrent, <br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/583]]==
Par ce mur qui du sang but la trace livide, <br/>
Que ce cercueil d'ici ne sortira pas vide! <br/>
Ligne 3 090 ⟶ 3 198 :
Et son beau front chercher votre sein réchauffant, <br/>
Et naître sa jeune âme !... — Eh bien ! c'est votre enfant, <br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/584]]==
Votre enfant comme à moi ! Vraiment, je vous le jure! — <br/>
Oh ! j'ai déjà souffert beaucoup, je vous assure. <br/>
Ligne 3 135 ⟶ 3 244 :
 
{{Personnage|Guanhumara}}. <br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/585]]==
Tais-toi !<br/>
Levant les yeux au ciel. <br/>
Ligne 3 177 ⟶ 3 287 :
<br/>
<br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/586]]==
 
{{scène|III}}
Ligne 3 217 ⟶ 3 328 :
Que vous me pardonnez votre horrible martyre ! <br/>
Oh ! que j'entende au moins votre voix me le dire ! <br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/587]]==
Un seul mot de pardon, vieillard ! mon cœur se fend ! <br/>
Rien qu'un seul mot! <br/>
Ligne 3 262 ⟶ 3 374 :
Je bénis cet enfant, cieux et terre, <br/>
Dans tout ce qu'il a fait, dans tout ce qu'il doit faire ! <br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/588]]==
Sois heureux ! — Maintenant, Otbert, écoute et voi, <br/>
Vois, je ne suis plus père, et je ne suis plus roi ; <br/>
Ligne 3 308 ⟶ 3 421 :
 
{{Personnage|Job}}.<br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/589]]==
Peux-tu donc hésiter? D'un côté, moi, front chauve, <br/>
Vieux damné, qu'à finir tout semble convier, <br/>
Ligne 3 355 ⟶ 3 469 :
 
{{Personnage|Otbert}}.<br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/590]]==
Pourtant, <br/>
Souvent vous m'appelez mon fils ! <br/>
Ligne 3 399 ⟶ 3 514 :
Te disait, pour troubler la paix de ta pauvre âme, <br/>
Que Job était ton père... Oh ! ce serait infâme! <br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/591]]==
N'en crois rien! Tu n'es pas mon fils, non, mon Otbert! <br/>
Vois-tu quand on est vieux, le souvenir se perd; <br/>
Ligne 3 446 ⟶ 3 562 :
 
{{Personnage|Otbert}}.<br/>
Je glisse dans l'abîme ! <br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/592]]==
l'abîme ! <br/>
Je ne me retiens plus qu'à peine aux bords du crime. <br/>
Je sens qu'en ce moment je puis faire un grand, pas, <br/>
Ligne 3 489 ⟶ 3 607 :
 
{{Personnage|Job}}, à l'empereur. <br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/593]]==
Vous! <br/>
 
Ligne 3 534 ⟶ 3 653 :
A Job.
Toi, ton fils George ! <br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/594]]==
A Otbert.<br/>
Et toi, Regina, ton épouse! <br/>
Ligne 3 577 ⟶ 3 697 :
Je lègue au monde un souverain. <br/>
Tout à l'heure la-haut le héraut de l'empire <br/>
Vient d'annoncer qu'enfin les princes ont à Spire <br/>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/595]]==
 
Elu mon petit-fils Frédéric, empereur. <br/>
C'est un vrai sage, pur de haine, exempt d'erreur. <br/>
Ligne 3 599 ⟶ 3 721 :
Fin des Burgraves.
 
[[Catégorie:Théâtre
=== no match ===
de Victor Hugo]]
[[Catégorie:Théâtre à formater]]