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Conduite par Ardashir chef de la famille Sassanide qui était de pur sang arya, issue du Fars la région d’où les Achéménides étaient partis jadis et où l’iranisme s’était conservé le plus pur, prêchée dans la ville même d’ltakhr bâtie sur les ruines de Persépolis, la révolution s’accomplit au nom de la nation et de la religion opprimées et elle fut dirigée contre l’étranger en général. Ardashir « serviteur d'Ormuzd », eût les Mages à sa dévotion et ce fut une « guerre sainte » qu’il entama. Les Parthes ne pouvaient résister. En vue même de Babylone, Artaban {{rom-maj|iv|4}} le dernier roi parthe perdit la bataille et la vie (226 ap. J.-C.). Ardashir s’empara de Ctésiphon et d’Ecbatane. Les frontières ethniques sinon historiques furent rétablies. Ardashir devint le premier roi de la Perse restaurée.
Conduite par Ardashir chef de la famille Sassanide qui était de pur sang arya, issue du Fars la région d’où les Achéménides étaient partis jadis et où l’iranisme s’était conservé le plus pur, prêchée dans la ville même d’ltakhr bâtie sur les ruines de Persépolis, la révolution s’accomplit au nom de la nation et de la religion opprimées et elle fut dirigée contre l’étranger en général. Ardashir « serviteur d’Ormuzd », eût les Mages à sa dévotion et ce fut une « guerre sainte » qu’il entama. Les Parthes ne pouvaient résister. En vue même de Babylone, Artaban {{rom-maj|iv|4}} le dernier roi parthe perdit la bataille et la vie (226 ap. J.-C.). Ardashir s’empara de Ctésiphon et d’Ecbatane. Les frontières ethniques sinon historiques furent rétablies. Ardashir devint le premier roi de la Perse restaurée.


Ce qui caractérise les quatre siècles pendant lesquels régna sa dynastie, c’est l’empreinte exclusivement persane que reçurent alors le pouvoir et la politique. Cela n’alla pas sans quelque étroitesse et quelque intolérance. Les Mages formèrent un clergé tout-puissant, volontiers fanatique sous la direction du Mage suprême, dignité créée en faveur de Tansar le confident d’Ardashir<ref name=p78>C’est alors par les soins d’Ardashir et de Tansar que l’Avesta revêtit sa forme actuelle mais rien n’autorise à dénier à cette rédaction le caractère zoroastrien. Déjà le roi parthe Vologèse (52-90) avait commencé à recueillir les traditions orales conservées chez les Mages et uniformément attribuées à Zoroastre. Ardashir ne fit que compléter et achever ce travail.</ref>. Mais de purs Aryas ne pouvaient se laisser longtemps détourner de leur libéralisme fondamental. Dès 240 un Perse né à Ctésiphon, Manès, prêcha l’entente entre les différents cultes, l’union de Zoroastre, de Çakya Mouni et de Jésus-Christ, ces trois « prophètes de Dieu ». Les Mages supprimèrent Manès, d’accord d’ailleurs cette fois-là, avec les chrétiens. De même réussirent-ils à plusieurs reprises à déposer ou à faire disparaître les souverains qui leur tenaient tête. Mais aucune contrainte ne parvint à entraver l’émancipation de la pensée persane qui, en s’écartant de toute oppression, remontait en somme vers ses propres sources. Politiquement la force des Sassanides s’était encore accrue par la victoire que Sapor {{rom-maj|i|1}}{{er}} (251-272) fils et successeur d’Ardashir avait remportée sur les Romains. L’empereur Valérien avait été défait et capturé près {{corr|d’Edesse|d’Édesse}} et le premier résultat de cet évènement avait été la réoccupation par les armées perses de la Syrie et de la Cappadoce.
Ce qui caractérise les quatre siècles pendant lesquels régna sa dynastie, c’est l’empreinte exclusivement persane que reçurent alors le pouvoir et la politique. Cela n’alla pas sans quelque étroitesse et quelque intolérance. Les Mages formèrent un clergé tout-puissant, volontiers fanatique sous la direction du Mage suprême, dignité créée en faveur de Tansar le confident d’Ardashir<ref name=p78>C’est alors par les soins d’Ardashir et de Tansar que l’Avesta revêtit sa forme actuelle mais rien n’autorise à dénier à cette rédaction le caractère zoroastrien. Déjà le roi parthe Vologèse (52-90) avait commencé à recueillir les traditions orales conservées chez les Mages et uniformément attribuées à Zoroastre. Ardashir ne fit que compléter et achever ce travail.</ref>. Mais de purs Aryas ne pouvaient se laisser longtemps détourner de leur libéralisme fondamental. Dès 240 un Perse né à Ctésiphon, Manès, prêcha l’entente entre les différents cultes, l’union de Zoroastre, de Çakya Mouni et de Jésus-Christ, ces trois « prophètes de Dieu ». Les Mages supprimèrent Manès, d’accord d’ailleurs cette fois-là, avec les chrétiens. De même réussirent-ils à plusieurs reprises à déposer ou à faire disparaître les souverains qui leur tenaient tête. Mais aucune contrainte ne parvint à entraver l’émancipation de la pensée persane qui, en s’écartant de toute oppression, remontait en somme vers ses propres sources. Politiquement la force des Sassanides s’était encore accrue par la victoire que Sapor {{rom-maj|i|1}}{{er}} (251-272) fils et successeur d’Ardashir avait remportée sur les Romains. L’empereur Valérien avait été défait et capturé près {{corr|d’Edesse|d’Édesse}} et le premier résultat de cet évènement avait été la réoccupation par les armées perses de la Syrie et de la Cappadoce.