« Le Roi Grive » : différence entre les versions

Contenu supprimé Contenu ajouté
Aucun résumé des modifications
Phe-bot (discussion | contributions)
m Le_ciel_est_par_dessus_le_toit: match
Ligne 4 :
 
[[Catégorie:Contes]]
 
==__MATCH__:[[Page:Contes allemands du temps passé (1869).djvu/61]]==
Un roi avait une fille merveilleusement belle, mais si arrogante et si hautaine, qu’elle ne trouvait aucun prétendant digne d’elle. Non contente de les renvoyer tous, les uns après les autres, elle se moquait encore d’eux.
 
Un jour, le roi organisa une grande fête à laquelle il invita tous les seigneurs éloignés ou voisins qui avaient l’intention de se marier. Ils prirent place suivant leur qualité : les rois d’abord, puis les ducs, les princes, les comtes, les barons et a la fin les simples nobles. La fille du roi fut conduite le long de ces rangs ; mais à chaque prétendant, elle avait quelque objection à faire. L’un était
==[[Page:Contes allemands du temps passé (1869).djvu/62]]==
trop corpulent : « Le tonneau ! » disait-elle ; l’autre trop grand : « Grand et mince marche mal ; » le troisième, trop petit : « Petit et gros n’a pas de grâce. » Le quatrième était trop pâle : « La mort en personne ! » Le
cinquième trop rouge : « Le dindon ! » Le sixième n’était pas assez droit : « Du bois vert séché au poële ! » Elle eut ainsi quelque chose à dire de chacun, ; mais elle se moqua surtout d’un bon roi placé au rang le plus élevé, et dont le menton était un peu de travers. « Oh ! s’écria-t-elle en riant, il a un menton comme le bec d’une grive. » Et depuis ce temps, elle lui donna le nom de ''Bec de Grive'' ou simplement de roi ''Grive''. Le vieux roi, voyant que sa fille ne faisait que se moquer des gens et congédiait tous les prétendants rassemblés, se fâcha sérieusement et jura qu’elle épouserait le premier mendiant qui viendrait à sa porte.
 
Ligne 19 ⟶ 22 :
 
— Elle appartient au roi Grive. Tu l’aurais, si tu l’avais accepté.
==[[Page:Contes allemands du temps passé (1869).djvu/63]]==
 
— Hélas ! pauvre fillette délicate, pourquoi n’ai-je pas accepté le roi Grive ? »
Ligne 50 ⟶ 54 :
— Mes serviteurs ?… dit le musicien ; ce que tu veux qui soit fait, il faut le faire toi-même. Allume toujours le feu et mets de l’eau pour cuire mon dîner ; je suis bien fatigué. »
 
La princesse ne savait ni allumer du feu, ni faire la cuisine, et le mendiant fut obligé de préparer lui-même un dîner passable. Lorsqu’ils eurent pris leur maigre pitance, ils se couchèrent ; mais, dès le matin, le musicien fit lever la princesse pour soigner le ménage. Ils vécurent ainsi quelques
==[[Page:Contes allemands du temps passé (1869).djvu/64]]==
jours, mangeant leurs provisions ; l’homme dit alors :
 
« Femme, nous ne pouvons continuer ainsi à manger sans rien gagner. Tu feras des paniers. »
Ligne 69 ⟶ 75 :
 
Elle courut à la maison pour lui raconter son malheur.
==[[Page:Contes allemands du temps passé (1869).djvu/65]]==
 
« Aussi, dit l’homme, qui diable va se mettre au coin du marché avec de la poterie ? Je vois maintenant que tu n’es propre à rien ; je suis allé au château du roi et j’ai demandé si l’on n’avait pas besoin d’une servante de cuisine. On m’a promis de te prendre : tu gagneras ta nourriture. »
Ligne 76 ⟶ 83 :
L’époque arriva où les noces du prince aîné devaient être célébrées. La pauvre femme monta jusqu’à la salle et se mit à regarder par la porte. Les bougies s’allumèrent ; les invités firent leur entrée l’un après l’autre, splendidement parés lorsqu’elle vit toute cette pompe et toute cette richesse, elle eut le cœur gros de larmes et elle maudit son orgueil et son insolence qui l’avaient réduite à cet état de pauvreté et de misère.
 
Les serviteurs lui donnaient parfois un peu des mets délicieux qu’ils allaient servir sur la table : elle les mit dans ses petits pots pour les emporter. Tout à coup, le fils du roi paré de chaînes d’or vint à passer, et quand il vit cette belle personne à la porte, il lui prit la main et voulut danser avec elle ; mais elle s’y refusa ; car elle avait reconnu le roi Grive qui l’avait demandée en mariage et dont elle s’était tant moquée. Elle résista, il l’entraîna ; les ruhans se dénouèrent et les pots tombèrent par terre, de sorte que le potage et les miettes se répandirent sur le plancher. À cette vue, on éclata de rire, on la railla et la pauvre femme aurait voulu être à cent pieds sous terre. Elle essaya de s’échapper par la porte ; mais, dans l’escalier, un homme l’atteignit et la ramena
==[[Page:Contes allemands du temps passé (1869).djvu/66]]==
avec lui : elle reconnut encore le roi Grive qui lui dit doucement :
 
« Ne crains rien ; moi et le mendiant dont tu as partagé la misérable cabane, nous ne sommes qu’un : je me suis déguisé par amour pour toi ; j’étais aussi le soldat qui t’a cassé tes pots. J’ai agi ainsi pour humilier ton orgueil et pour te punir de t’être méchamment moquée de moi. Maintenant, tout est oublié ; nous allons célébrer nos noces. »