« Mémoires de Cora Pearl/29 » : différence entre les versions

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XXIX

MA STATUE EN MARBRE PAR GALLOIS. — MADAME DESMARD ASSISTE AUX SÉANCES.


J’ai fait faire le moulage de ma poitrine et de ma main. La main en l’air tient un sein, l’autre sein fait le couvercle. Le tout en onyx. Un monsieur me l’a pris et l’a donné au « Phoque ». J’ai su depuis que la maison d’onyx avait fait faillite.

Quant à ma statue en marbre, je l’ai fait faire par Gallois, en douze séances.

Pendant une pose, on frappe. C’était madame Desmard : une cliente de Gallois.

— On n’entre pas, j’ai madame Pearl. Je ne puis vous ouvrir.

— Suppliez-la. Ouvrez-moi.

On ouvre. Elle était charmante, gaie, spirituelle. Je fus particulièrement frappée de la blancheur de son teint.

— Vous me permettrez, me dit-elle, de venir voir de temps en temps où en sera la statue ?

Elle revint plusieurs fois, prenant un plaisir extrême à ce qu’elle appelait, sans emphase du reste, la contemplation de l’art et de la nature. Elle-même avait un peu passé par là. Je dis, un peu… Gallois n’avait fait que son buste.

— L’art, disait-elle, est une belle chose, mais la nature est bien au-dessus !

Tout cela par obligeance et sans autre application que celle de son oreille sur ma poitrine.

— Quel dommage, disait-elle, que le ciseau ne puisse reproduire ces palpitations légères, qui sont la vie !

Gallois souriait, et je me disais à part moi :

— Il me sculpte et elle m’ausculte !

Quand je fus immobilisée, ou, si mieux on aime, quand l’œuvre fut achevée, ce fut madame Desmard qui devint pour moi de marbre. Je ne l’ai jamais revue.

Le corps nu est parfait : mais la tête est peu ressemblante.