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quelle mollesse dans les myrtes et les cytises ! La verdure n’offrait qu’une teinte uniforme, mais la transparence suppléait à la richesse des tons. De seconde en seconde, l’intensité du rayon pénétrait dans toutes les sinuosités, dans toutes les profondeurs, derrière chaque rideau de feuillage ; de chaque ligne du paysage, un voile semblait tomber, et d’antres rideaux, toujours plus gracieux et plus frais, s’étendaient comme par enchantement ; des angles de prairie, des buissons touffus, des massifs de jeunes arbustes, des clairières pleines de mousses et de roseaux, se révélaient lentement. Et cependant dans les fonds des terrains, et vers les entrelacemens des tiges, il y avait encore de doux mystères, moins profonds que ceux de la nuit, plus chastes que ceux, du grand jour. Derrière les troncs blanchissans des vieux figuiers, ce n’était plus les antres des faunes perfides qui s’ouvraient dans les fourrés, c’était les pudiques retraites des silencieuses dryades. Les oiseaux à peine éveillés ne faisaient entendre que des chants rares et timides. La brise avait cessé ; à la plus haute cime des trembles, il n’y avait pas une feuille qui ne fût immobile ; les fleurs, chargées de rosée, retenaient encore leurs parfums. Ce moment a toujours été celui que j’ai préféré dans la journée : il offre l’image de la jeunesse de l’homme ; tout y est candeur, modestie, suavité… 0 Sténio ! c’est le moment où ta pâle beauté et tes yeux limpides m’apparaissent tels qu’autrefois !
quelle mollesse dans les myrtes et les cytises ! La verdure n’offrait qu’une teinte uniforme, mais la transparence suppléait à la richesse des tons. De seconde en seconde, l’intensité du rayon pénétrait dans toutes les sinuosités, dans toutes les profondeurs, derrière chaque rideau de feuillage ; de chaque ligne du paysage, un voile semblait tomber, et d’autres rideaux, toujours plus gracieux et plus frais, s’étendaient comme par enchantement ; des angles de prairie, des buissons touffus, des massifs de jeunes arbustes, des clairières pleines de mousses et de roseaux, se révélaient lentement. Et cependant dans les fonds des terrains, et vers les entrelacemens des tiges, il y avait encore de doux mystères, moins profonds que ceux de la nuit, plus chastes que ceux, du grand jour. Derrière les troncs blanchissans des vieux figuiers, ce n’était plus les antres des faunes perfides qui s’ouvraient dans les fourrés, c’était les pudiques retraites des silencieuses dryades. Les oiseaux à peine éveillés ne faisaient entendre que des chants rares et timides. La brise avait cessé ; à la plus haute cime des trembles, il n’y avait pas une feuille qui ne fût immobile ; les fleurs, chargées de rosée, retenaient encore leurs parfums. Ce moment a toujours été celui que j’ai préféré dans la journée : il offre l’image de la jeunesse de l’homme ; tout y est candeur, modestie, suavité… Ô Sténio ! c’est le moment où ta pâle beauté et tes yeux limpides m’apparaissent tels qu’autrefois !


Mais tout à coup les feuilles s’émurent, et de grands vols d’oiseaux traversèrent l’espace. Il y eut comme un tressaillement de joie ; le vent soufflait de l’ouest, et la cime des forêts semblait s’incliner devant Dieu.
Mais tout à coup les feuilles s’émurent, et de grands vols d’oiseaux traversèrent l’espace. Il y eut comme un tressaillement de joie ; le vent soufflait de l’ouest, et la cime des forêts semblait s’incliner devant Dieu.