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{{nr||DE L’EMPIRE ROMAIN. CHAP. XLVII.|17}}
parfait des esprits crées, n’est ni contradictoire ni absurde. Durant l’époque de la liberté religieuse, à laquelle mit des bornes le [[:w:premier concile de Nicée|concile de Nicée]], chaque individu mesurait la divinité de [[:w:Jésus-Christ|Jésus-Christ]] d’après la règle indéfinie de l’Écriture, de la raison ou de la tradition ; mais lorsqu’on eut établi sa divinité sur les ruines de l’[[:w:arianisme|arianisme]], la foi des catholiques se trouva suspendue sur les bords d’un précipice d’où elle ne pouvait s’éloigner, où il était dangereux de se tenir, et près duquel un faux pas devait effrayer. Le sublime caractère de leur théologie aggravait encore les divers inconvéniens de leur symbole. Ils hésitaient à prononcer que Dieu lui-même, la seconde personne d’une [[:w:Trinité (christianisme)|Trinité]] égale et consubstantielle, se fût manifesté dans la chair<ref>Cette expression énergique peut être justifiée par un passage de [[:w:Paul de Tarse|saint Paul]] ({{rom2|I|1}} ''Tim.'' {{rom2|III|3}}, 16) ; mais les Bibles modernes nous trompent. Le mot {{lang|grc|''ο''}} (lequel) fut changé à Constantinople, au commencement du sixième siècle, en {{lang|grc|''θεος''}} (Dieu). La véritable version évidente d’après les textes latin et syriaque, existe encore dans les raisonnemens des Pères grecs et des Pères latins ; et sir [[:w:Isaac Newton|Isaac Newton]] a très-bien relevé cette fraude, ainsi que celle des trois témoins de [[:w:Jean (apôtre)|saint Jean]]. (''Voy.'' ses deux Lettres, traduites par M. [[:w:Jean Rousset de Missy|de Missy]], dans le ''Journal Britannique'', tom. {{rom2|XV|15}}, p. 148-190, 351-390.) J’ai examiné les raisons alléguées de part et d’autre, et je souscris à l’autorité du premier des philosophes, qui était très-versé dans les discussions critiques et théologiques.</ref> ; qu’un être qui remplit l’univers eût été emprisonné dans le sein de Marie ; que les jours, les mois et les années de l’existence


parfait des esprits crées, n’est ni contradictoire ni absurde. Durant l’époque de la liberté religieuse, à laquelle mit des bornes le [[:w:premier concile de Nicée|concile de Nicée]], chaque individu mesurait la divinité de [[:w:Jésus-Christ|Jésus-Christ]] d’après la règle indéfinie de l’Écriture, de la raison ou de la tradition ; mais lorsqu’on eut établi sa divinité sur les ruines de l’[[:w:arianisme|arianisme]], la foi des catholiques se trouva suspendue sur les bords d’un précipice d’où elle ne pouvait s’éloigner, où il était dangereux de se tenir, et près duquel un faux pas devait effrayer. Le sublime caractère de leur théologie aggravait encore les divers inconvéniens de leur symbole. Ils hésitaient à prononcer que Dieu lui-même, la seconde personne d’une [[:w:Trinité (christianisme)|Trinité]] égale et consubstantielle, se fût manifesté dans la chair (1) ; qu’un être qui remplit l’univers eût été emprisonné dans le sein de Marie ; que les jours, les mois et les années de l’existence
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(1) Cette expression énergique peut être justifiée par un passage de [[:w:Paul de Tarse|saint Paul]] ({{rom2|I|1}} ''Tim.'' {{rom2|III|3}}, 16) ; mais les Bibles modernes nous trompent. Le mot {{lang|grc|''ο''}} (lequel) fut changé à Constantinople, au commencement du sixième siècle, en {{lang|grc|''θεος''}} (Dieu). La véritable version évidente d’après les textes latin et syriaque, existe encore dans les raisonnemens des Pères grecs et des Pères latins ; et sir [[:w:Isaac Newton|Isaac Newton]] a très-bien relevé cette fraude, ainsi que celle des trois témoins de [[:w:Jean (apôtre)|saint Jean]]. (''Voy.'' ses deux Lettres, traduites par M. [[:w:Jean Rousset de Missy|de Missy]], dans le ''Journal Britannique'', tom. {{rom2|XV|15}}, p. 148-190, 351-390.) J’ai examiné les raisons alléguées de part et d’autre, et je souscris à l’autorité du premier des philosophes, qui était très-versé dans les discussions critiques et théologiques.
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