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TANNHAEUSER.

sollicitude inlassable et si noble !... Maurice Renaud n’a, vraiment, jamais été plus artiste que dans ce rôle.

Delmas était de la maison depuis 1886, année de son double triomphe au Conservatoire de Paris. Après avoir affirmé, dans les Huguenots et Freischütz, Faust et Don Juan (Leporello), la souplesse vibrante de sa belle voix, son timbre si généreux, la fière prestance et déjà l’autorité de son jeu. il s’élait montré excellent dans Lohengrin et de premier ordre dans la Valkyrie, et Thaïs. Le landgrave de Tannhaeuser, qui demande surtout de la noblesse et du tact, ne pouvait être plus dignement rendu que par lui.

Mme Rose Caron avait, elle aussi, débuté au théàtre de la Monnaie en 1881 et lui était reste fidèle, lorsque l’Opéra à qui elle avait apporté Sigurd en 1880 croyait pouvoir se passer d’elle. Sur l’une et l’autre scène, elle avait été la plus noble héroïne comme la plus gracieuse fille des hommes : en dehors du répertoire (la Juice, les Huguenots, Faust...) elle avait été Norma et Fidelia, elle avait fait acclamer Sigurd, Salammbô. Othello, elle avait enfin, dans les Maîtres chanteurs, puis dans Lohengrin et la Valkyrie, apporté au service des admirables figures évoquées par Wagner les plus rares qualités de grandeur et de sincérité. De l’idéale, la sainte Élisabeth de Tannhaeuser, elle donna une impression vraiment inoubliable. La simplicité, la chasteté de son amour, de sa douleur, de son extase religieuse, était nuancée avec une vérité saisissante. Charmante de grâce affectueuse quand elle aceueillait les assistants au concours, elle rayonnait en quelque sorte de douleur quand l’aveu de Tannhaeuser la frappait au cœur ; et lorsqu’elle reparaissait au der-