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ici, comme exprimant une idée propre à égarer le jugement, à perpétuer dans ce pays les distinctions du régime colonial, qui rangerait ''les Haïtiens'' en deux camps opposés, ayant ''des intérêts différens'' résultant de la différence même de leurs ''castes''. Car, partout où il y a ''des castes'', chacune a les siens dans l’ordre civil et politique.
ici, comme exprimant une idée propre à égarer le jugement, à perpétuer dans ce pays les distinctions du régime colonial, qui rangerait ''les Haïtiens'' en deux camps opposés, ayant ''des intérêts différens'' résultant de la différence même de leurs ''castes''. Car, partout où il y a ''des castes'', chacune a les siens dans l’ordre civil et politique.


Le régime colonial ne ''classe''-t-pas les hommes de couleur ''jaune'' parmi ceux de la ''race noire'' ? C’est là le motif de cette disposition de la constitution impériale. Qu’importe qu’il y ait réellement en Haïti des citoyens qui ont la couleur tout-à-fait ''noire'', parce qu’ils sont descendans des Africains qui forment la race noire, et d’autres qui ont la couleur plus ou moins rapprochée ''de la noire ou de la blanche'', parce qu’ils descendent des deux races, ''africaine et européenne'' ? Les uns et les autres ne peuvent pas former des ''castes'' à part, puisqu’ils sont tous des ''Haïtiens'' ayant les mêmes intérêts sous tous les rapports. On dit bien un ''noir'', un ''mulâtre'', comme on dit un ''Anglais'', un ''Ecossais'', un ''Irlandais'', ayant tous les mêmes intérêts à titre de ''sujets britanniques'', — comme on dit un ''Breton'', un ''Normand'', un ''Provençal'', etc., ayant tous aussi les mêmes intérêts, à titre de citoyens français<ref name=p237> On peut dire la ''classe'' noire ou jaune, pour indiquer les hommes de l’une ou l’autre couleur, mais non ''caste'' ; de même qu’on dit la ''classe'' civile ou militaire, la ''classe'' des commerçans, des artisans, des cultivateurs, etc., pour différencier les professions ; mais il ne s’ensuit pas que ce sont là autant de ''castes''. Dans le régime colonial, ''les affranchis'' et ''les esclaves'' formaient de véritables ''castes'', les premiers ayant certains ''droits civils'', les derniers n’en ayant aucun : de là ''des intérêts distincts'' pour les uns et les autres. Mais à partir de 1793, ''les intérêts'' ont toujours ''été les mêmes'' pour tous les hommes de la race noire.
Le régime colonial ne ''classe''-t-il pas les hommes de couleur ''jaune'' parmi ceux de la ''race noire'' ? C’est là le motif de cette disposition de la constitution impériale. Qu’importe qu’il y ait réellement en Haïti des citoyens qui ont la couleur tout-à-fait ''noire'', parce qu’ils sont descendans des Africains qui forment la race noire, et d’autres qui ont la couleur plus ou moins rapprochée ''de la noire ou de la blanche'', parce qu’ils descendent des deux races, ''africaine et européenne'' ? Les uns et les autres ne peuvent pas former des ''castes'' à part, puisqu’ils sont tous des ''Haïtiens'' ayant les mêmes intérêts sous tous les rapports. On dit bien un ''noir'', un ''mulâtre'', comme on dit un ''Anglais'', un ''Ecossais'', un ''Irlandais'', ayant tous les mêmes intérêts à titre de ''sujets britanniques'', — comme on dit un ''Breton'', un ''Normand'', un ''Provençal'', etc., ayant tous aussi les mêmes intérêts, à titre de citoyens français<ref name=p237> On peut dire la ''classe'' noire ou jaune, pour indiquer les hommes de l’une ou l’autre couleur, mais non ''caste'' ; de même qu’on dit la ''classe'' civile ou militaire, la ''classe'' des commerçans, des artisans, des cultivateurs, etc., pour différencier les professions ; mais il ne s’ensuit pas que ce sont là autant de ''castes''. Dans le régime colonial, ''les affranchis'' et ''les esclaves'' formaient de véritables ''castes'', les premiers ayant certains ''droits civils'', les derniers n’en ayant aucun : de là ''des intérêts distincts'' pour les uns et les autres. Mais à partir de 1793, ''les intérêts'' ont toujours ''été les mêmes'' pour tous les hommes de la race noire.
<p>En 1832, la société abolitioniste de Londres envoya M. R. Hill à Haïti,</ref>.<ref follow=p236> les désigner tous comme noirs ; mais l’expression de ''castes'' ne fut jamais employée dans aucun acte.</ref>
<p>En 1832, la société abolitioniste de Londres envoya M. R. Hill à Haïti,</ref>.<ref follow=p236> les désigner tous comme ''noirs'' ; mais l’expression de ''castes'' ne fut jamais employée dans aucun acte.</ref>