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{{tiret2|élé|gance}} féminines. L’idéal de l’art grec est donc l’androgynisme<ref>Mais cela n’autorise pas à dire, comme le font quelques savants, que l’idée même de cet état est originairement grecque, qu’elle est une idée de Platon. (V. Siegfried, ''{{lang|de|Philo von Alexandrin}}'', p. 284.)</ref>, et qui en doute encore n’a qu’à bien regarder l’Apollon de Belvédère et la Vénus de Milo. Leur sublime fierté, leur charme ineffable sont uniquement dus au mélange discret des éléments anatomiques des deux sexes.
{{tiret2|élé|gance}} féminines. L’idéal de l’art grec est donc l’androgynisme<ref>Mais cela n’autorise pas à dire, comme le font quelques savants, que l’idée même de cet état est originairement grecque, qu’elle est une idée de Platon. (V. Siegfried, ''{{lang|de|Philo von Alexandrin}}'', p. 284.)</ref>, et qui en doute encore n’a qu’à bien regarder l’Apollon de Belvédère et la Vénus de Milo. Leur sublime fierté, leur charme ineffable sont uniquement dus au mélange discret des éléments anatomiques des deux sexes.


D’ailleurs on dirait qu’il y a comme une réminiscence du gynandromorphisme primordial et comme un désir de rentrer dans l’unité sexuelle qui le constitue, dans l’affirmation sur laquelle est fondée l’indissolubilité du mariage, dans l’affirmation que les mariés seront tous deux une seule chair : ''{{lang|la|et erunt duo in carne una}}''<ref>Matth., {{rom|xix|19}}, 4-6. Chez les Indiens brahmaniques, par suite de la doctrine politique de l’émanation graduée des hommes, la formule du mariage, loin d’exprimer l’unité intime de l’homme et de la femme (reconnue cependant par Manu, IX, 45 : Le mari ne fait qu’une même personne avec son épouse, ''{{lang|sk-la|bhartâ sâ smritânganâ}}''), proclame la séparation des mariés. En effet, l’époux doit dire à l’épousée : « Lui c’est moi, elle c’est toi, ''{{lang|sk-la|amo’ham asmi, sâ ivam}}''. » (V. Code domestique (''{{lang|sk-la|Grihyasûtra}}'') d’Açvalâyana, I, 7, § 6, éd. et tr. par Stenzler dans ''{{lang|de|Abhandl. fur die Kund. des Morg.}}'', III, IV.) Cf. ''Atharva-Véda'', XIV, 2, 71, où l’on lit la même formule et d’autres encore. C’est ainsi aussi dans quelques pays en Allemagne ; dans celui de Trêves, par exemple, le fiancé dit à l’épousée au moment où il va la conduire chez lui : ''{{lang|de|Wo ich Mann bin, da bist du Frau, und wo du Frau bist, da bin ich Mann}}'' (''{{lang|de|Zeitsch. fur Deutsch. Myth. und Sittenkunde}}'', I, 397.) Les Romains, enfin, ne disaient pas autre chose avec la célèbre formule : ''{{lang|la|Ubi tu Gaius, ibi ego Gaia}}''. Mots de bonne augure probablement ; Gaius et Gaia (de {{lang|grc|γαιω}} gaudeo) sont mis là pour les noms des mariés. (V. K. Dilthey, dans ''{{lang|la|Rheinisches museum}}'', XXVII, 1872, p. 404.)</ref>. Il est certain du moins que Jésus, en rejetant le
D’ailleurs on dirait qu’il y a comme une réminiscence du gynandromorphisme primordial et comme un désir de rentrer dans l’unité sexuelle qui le constitue, dans l’affirmation sur laquelle est fondée l’indissolubilité du mariage, dans l’affirmation que les mariés seront tous deux une seule chair : ''{{lang|la|et erunt duo in carne una}}''<ref>Matth., {{rom|xix|19}}, 4-6. Chez les Indiens brahmaniques, par suite de la doctrine politique de l’émanation graduée des hommes, la formule du mariage, loin d’exprimer l’unité intime de l’homme et de la femme (reconnue cependant par Manu, IX, 45 : Le mari ne fait qu’une même personne avec son épouse, ''{{lang|sk-la|bhartâ sâ smritânganâ}}''), proclame la séparation des mariés. En effet, l’époux doit dire à l’épousée : « Lui c’est moi, elle c’est toi, ''{{lang|sk-la|amo’ham asmi, sâ ivam}}''. » (V. Code domestique (''{{lang|sk-la|Grihyasûtra}}'') d’Açvalâyana, I, 7, § 6, éd. et tr. par Stenzler dans ''{{lang|de|Abhandl. für die Kund. des Morg.}}'', III, IV.) Cf. ''Atharva-Véda'', XIV, 2, 71, où l’on lit la même formule et d’autres encore. C’est ainsi aussi dans quelques pays en Allemagne ; dans celui de Trêves, par exemple, le fiancé dit à l’épousée au moment où il va la conduire chez lui : ''{{lang|de|Wo ich Mann bin, da bist du Frau, und wo du Frau bist, da bin ich Mann}}'' (''{{lang|de|Zeitsch. fur Deutsch. Myth. und Sittenkunde}}'', I, 397.) Les Romains, enfin, ne disaient pas autre chose avec la célèbre formule : ''{{lang|la|Ubi tu Gaius, ibi ego Gaia}}''. Mots de bonne augure probablement ; Gaius et Gaia (de {{lang|grc|{{corr|γαιω|γαίω}}}} {{lang|la|gaudeo}}) sont mis là pour les noms des mariés. (V. K. Dilthey, dans ''{{lang|la|Rheinisches museum}}'', XXVII, 1872, p. 404.)</ref>. Il est certain du moins que Jésus, en rejetant le