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réclame notre secours. Jason vous ordonne donc de prendre vos armes et d’accourir. Le vaisseau est en sûreté dans ce golfe éloigné, et le fleuve est défendu par la ville. »
réclame notre secours. Jason vous ordonne donc de prendre vos armes et d’accourir. Le vaisseau est en sûreté dans ce golfe éloigné, et le fleuve est défendu par la ville. »


Ils s’élancent aussitôt d’un bond qui ferait reculer les guerriers du Riphée, ceux de l’Ibérie, tout l’Orient et ses nombreux archers. Ils se rangent en bataille, visitent leurs armes, éprouvent leurs bras ; et, sans songer davantage à repasser les flots, à revoir leur patrie, ils volent où la gloire les appelle. Le vent agite leurs panaches ; le chemin est marqué par l’éclat de leurs armures. Ainsi le ciel resplendit de lumière, quand la Nuit, sortant de l’Océan, monte, escortée du chœur des astres radieux.
Ils s’élancent aussitôt d’un bond qui ferait reculer les guerriers du Riphée, </small><small><font color="darkred">(5, 560)</font></small> ceux de l’Ibérie, tout l’Orient et ses nombreux archers. Ils se rangent en bataille, visitent leurs armes, éprouvent leurs bras ; et, sans songer davantage à repasser les flots, à revoir leur patrie, ils volent où la gloire les appelle. Le vent agite leurs panaches ; le chemin est marqué par l’éclat de leurs armures. Ainsi le ciel resplendit de lumière, quand la Nuit, sortant de l’Océan, monte, escortée du chœur des astres radieux.


Le fils du Soleil, qui dévore son dépit en silence, s’étonne de son hospitalité si facile, et ne sait s’il n’aimerait pas mieux voir l’ennemi dans ses murs que de tels alliés. Cependant il montre à table un visage gai, et offre souvent la coupe à Jason. Celui-ci lui fait connaître d’abord les fils de Jupiter, ceux d’Éacus, les illustres enfants de Calydon ; il lui raconte aussi la fatale disparition d’Hercule, la mort de quelques-uns d’entre eux, et tout ce qu’il a souffert et sur terre et sur mer. Il interroge à son tour Éétès sur les causes d’une guerre si furieuse et sur les rois ses amis. « Quel est, dit-il, là-bas, ce guerrier que ceint un baudrier relevé de sculptures, et près duquel est un écuyer, l’arc bandé, comme s’il allait combattre et renverser les tables ? » « C’est Carmélus, répond Éétès ; il a pour habitude de ne jamais quitter ses armes, de n’oublier jamais son carquois. Admirez aussi Latagus et Choaspe, fils d’un fleuve, lequel boit à longs traits le sang d’un coursier, sans que l’animal en soit ou plus lent ou moins impétueux. » « Et cet autre, reprend Jason, dont le manteau est rehaussé de broderies, et dont la chevelure bouclée exhale une suave odeur ? » « C’est, continue le roi, l’opulent Aron : toute son armée, cavaliers et fantassins, se fait gloire de porter, comme lui, les cheveux bouclés et parfumés de safran. Mais ne l’en méprisez pas, et n’allez pas le juger sur cette coiffure efféminée. Cet autre qu’enveloppe une dépouille de tigre, est Campésus. Mais voyez Odrussa, penché avec amour sur sa coupe bien remplie, sa poitrine hérissée de longs poils, et sa barbe immense qui trempe dans le vin. » Jason s’étonnait des railleries d’Iaxarte, de la violence de son langage, de ses menaces, de son irrévérence envers les dieux, de son peu de souci de la guerre présente. Éétès lui dit : « Ce langage n’est pas l’effet d’un vain orgueil, et les actions d’Iaxarte répondent à ses discours. Ennemi du repos, il fatigue de ses armes et le jour et la nuit ; et dès que les vents qui soufflent des monts Riphées ont glacé les fleuves, le Gète tremble avec sa famille, le Mède l’attend, sentinelle vigilante, et l’Ibère le guette au passage de ses défilés. Mais si je vous citais les peuples qui marchent sous les enseignes de chacun d’eux, le jour, avant la fin de mon récit, aurait dispersé les ombres humides. Demain, vous verrez de vos yeux leurs armées, et le bizarre mélange de leurs costumes. Les uns avec la
Le fils du Soleil, qui dévore son dépit en silence, s’étonne de son hospitalité si facile, et ne sait s’il n’aimerait pas mieux voir </small><small><font color="darkred">(5, 570)</font></small> l’ennemi dans ses murs que de tels alliés. Cependant il montre à table un visage gai, et offre souvent la coupe à Jason. Celui-ci lui fait connaître d’abord les fils de Jupiter, ceux d’Éacus, les illustres enfants de Calydon ; il lui raconte aussi la fatale disparition d’Hercule, la mort de quelques-uns d’entre eux, et tout ce qu’il a souffert et sur terre et sur mer. Il interroge à son tour Éétès sur les causes d’une guerre si furieuse et sur les rois ses amis. « Quel est, dit-il, là-bas, ce guerrier que ceint un baudrier relevé de sculptures, </small><small><font color="darkred">(5, 580)</font></small> et près duquel est un écuyer, l’arc bandé, comme s’il allait combattre et renverser les tables ? » « C’est Carméius, répond Éétès ; il a pour habitude de ne jamais quitter ses armes, de n’oublier jamais son carquois. Admirez aussi Latagus et Choaspe, fils d’un fleuve, lequel boit à longs traits le sang d’un coursier, sans que l’animal en soit ou plus lent ou moins impétueux. » « Et cet autre, reprend Jason, dont le manteau est rehaussé de broderies, et dont la chevelure bouclée exhale une suave odeur ? » </small><small><font color="darkred">(5, 590)</font></small> « C’est, continue le roi, l’opulent Aron : toute son armée, cavaliers et fantassins, se fait gloire de porter, comme lui, les cheveux bouclés et parfumés de safran. Mais ne l’en méprisez pas, et n’allez pas le juger sur cette coiffure efféminée. Cet autre qu’enveloppe une dépouille de tigre, est Campésus. Mais voyez Odrussa, penché avec amour sur sa coupe bien remplie, sa poitrine hérissée de longs poils, et sa barbe immense qui trempe dans le vin. » Jason s’étonnait des railleries d’Iaxarte, de la violence de son langage, de ses menaces, de son irrévérence envers les dieux, de son peu de souci de la guerre présente. </small><small><font color="darkred">(5, 600)</font></small> Éétès lui dit : « Ce langage n’est pas l’effet d’un vain orgueil, et les actions d’Iaxarte répondent à ses discours. Ennemi du repos, il fatigue de ses armes et le jour et la nuit ; et dès que les vents qui soufflent des monts Riphées ont glacé les fleuves, le Gète tremble avec sa famille, le Mède l’attend, sentinelle vigilante, et l’Ibère le guette au passage de ses défilés. Mais si je vous citais les peuples qui marchent sous les enseignes de chacun d’eux, le jour, avant la fin de mon récit, aurait dispersé les ombres humides. Demain, vous verrez de vos yeux leurs armées, et le bizarre mélange de leurs costumes. Les uns avec la