« Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 38.djvu/87 » : différence entre les versions

Phe-bot (discussion | contributions)
Phe: split
 
 
État de la page (Qualité des pages)État de la page (Qualité des pages)
-
Page non corrigée
+
Page corrigée
Contenu (par transclusion) :Contenu (par transclusion) :
Ligne 1 : Ligne 1 :
franco-espagnole. L’antagonisme était donc absolu entre les thèses en présence. L’effort transactionnel poursuivi à Algésiras n’avait servi à rien. Les deux partenaires ne pouvaient s’entendre. Et les négociations à huis clos ne faisaient que préciser le conflit qui les opposait l’un à l’autre.
L’antagonisme était donc absolu entre les thèses en présence. L’effort transactionnel poursuivi à Algésiras n’avait servi à rien. Les deux partenaires ne pouvaient s’entendre. Et les négociations à huis clos ne faisaient que préciser le conflit qui les opposait l’un à l’autre.


La même conclusion décourageante ressortait de l’activité diplomatique dépensée hors d’Algésiras, dans les différentes capitales. Dès le 10 février, le comte d’Osten-Sacken, ambassadeur de Russie à Berlin, était allé, d’ordre du comte Lamsdorf, recommander au prince de Bülow la police franco-espagnole. Par trois fois, et chaque fois plus résolument, le chancelier refusa de rien entendre. A Rome, une crise ministérielle avait substitué au ministère Fortis le ministère Sonnino, au marquis de San Giuliano, ministre des Affaires étrangères, le comte Guicciardini. Le comte de Monts, ambassadeur d’Allemagne, en profita aussitôt pour sommer l’Italie d’oublier les engagemens méditerranéens qui la liaient à nous et d’appuyer les propositions allemandes. A Madrid, enfin, la pression allemande s’exerçait plus impérieusement encore. Tantôt M. de Stumm, chargé d’affaires d’Allemagne, annonçait l’échec de la conférence ; tantôt, à cette menace d’un caractère général, il en ajoutait de plus directes. Il laissait entendre que les dispositions du gouvernement impérial à l’égard de l’Espagne n’étaient plus les mêmes qu’en janvier : car il avait pu apprécier combien étroitement la politique espagnole était unie à la politique française. Il se plaignait formellement au président du Conseil de l’attitude de la délégation espagnole à Algésiras. Il l’informait du mécontentement personnel de son souverain et ajoutait que, si cela continuait, l’Empereur ne viendrait sans doute pas rendre à Madrid au roi Alphonse la visite qu’il avait reçue de lui l’année précédente. Sous l’éperon de cet avertissement discourtois, le jeune roi se révolta de toute la générosité de son âge et de son caractère : il fit immédiatement prier Guillaume II de fixer la date de sa visite. L’empereur d’Allemagne, sur un ton du reste amical, lui répondit qu’il n’était pas à même de lui fournir une indication ferme : c’était un refus poli de venir pour le moment à Madrid. L’Espagne, pour être restée fidèle à la France, était mise en quarantaine.
La même conclusion décourageante ressortait de l’activité diplomatique dépensée hors d’Algésiras, dans les différentes capitales. Dès le 10 février, le comte d’Osten-Sacken, ambassadeur de Russie à Berlin, était allé, d’ordre du comte Lamsdorf, recommander au prince de Bülow la police franco-espagnole. Par trois fois, et chaque fois plus résolument, le chancelier refusa de rien entendre. A Rome, une crise ministérielle avait substitué au ministère Fortis le ministère Sonnino, au marquis de San Giuliano, ministre des Affaires étrangères, le comte Guicciardini. Le comte de Monts, ambassadeur d’Allemagne, en profita aussitôt pour sommer l’Italie d’oublier les engagemens méditerranéens qui la liaient à nous et d’appuyer les propositions allemandes. A Madrid, enfin, la pression allemande s’exerçait plus impérieusement encore. Tantôt M. de Stumm, chargé d’affaires d’Allemagne, annonçait l’échec de la conférence ; tantôt, à cette menace d’un caractère général, il en ajoutait de plus directes. Il laissait entendre que les dispositions du gouvernement impérial à l’égard de l’Espagne n’étaient plus les mêmes qu’en janvier : car il avait pu apprécier combien étroitement la politique espagnole était unie à la politique française. Il se plaignait formellement au président du Conseil de l’attitude de la délégation espagnole à Algésiras. Il l’informait du mécontentement personnel de son souverain et ajoutait que, si cela continuait, l’Empereur ne viendrait sans doute pas rendre à Madrid au roi Alphonse la visite qu’il avait reçue de lui l’année précédente. Sous l’éperon de cet avertissement discourtois, le jeune roi se révolta de toute la générosité de son âge et de son caractère : il fit immédiatement prier Guillaume II de fixer la date de sa visite. L’empereur d’Allemagne, sur un ton du reste amical, lui répondit qu’il n’était pas à même de lui fournir une indication ferme : c’était un refus poli de venir pour le moment à Madrid. L’Espagne, pour être restée fidèle à la France, était mise en quarantaine.