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{{tiret2|san|glantes}} de la Guerre, prédit aux nations corrompues les révolutions que le Destin leur prépare ; tel Jason, livré au choc tumultueux de ses pensées indécises, pousse de fréquents soupirs, impatient de revoir le jour, et de connaître enfin le danger qui l’attend.
{{tiret2|san|glantes}} de la Guerre, prédit aux nations corrompues les révolutions que le Destin leur prépare ; </small><small><font color="darkred">(5, 310)</font></small> tel Jason, livré au choc tumultueux de ses pensées indécises, pousse de fréquents soupirs, impatient de revoir le jour, et de connaître enfin le danger qui l’attend.


Regardant alors ses compagnons, qui restaient silencieux et les yeux baissés : « Ce que vous avez conçu, leur dit-il, avec une audace sans pareille, ce qui eût fait frémir l’antiquité, nous l’avons accompli ; nous sommes au terme de notre immense navigation. La mer et ses mille détours ne nous ont point égarés, et la Renommée ne nous a pas vainement annoncé qu'Éétès, fils du Soleil, régnait dans les contrées de l’Ourse. Aussi, dès que le jour viendra éclairer ces rivages, je partirai vers la ville ; j’irai sonder les dispositions du tyran. Notre demande n’est pas de celles qu’on ne puisse obtenir, et je pense qu’il l’accordera. Si cependant il la rejetait avec orgueil, n’en soyez que plus résolus. Il faut, par quelque moyen que ce soit, remporter la toison dans notre patrie. Dans les circonstances extrêmes, toute fausse honte est superflue et doit être bannie. »
Regardant alors ses compagnons, qui restaient silencieux et les yeux baissés : « Ce que vous avez conçu, leur dit-il, avec une audace sans pareille, ce qui eût fait frémir l’antiquité, nous l’avons accompli ; nous sommes au terme de notre immense navigation. La mer et ses mille détours ne nous ont point égarés, et la Renommée ne nous a pas vainement annoncé qu'Éétès, fils du Soleil, régnait dans les contrées de l’Ourse. Aussi, dès que le jour viendra éclairer ces rivages, je partirai </small><small><font color="darkred">(5, 320)</font></small> vers la ville ; j’irai sonder les dispositions du tyran. Notre demande n’est pas de celles qu’on ne puisse obtenir, et je pense qu’il l’accordera. Si cependant il la rejetait avec orgueil, n’en soyez que plus résolus. Il faut, par quelque moyen que ce soit, remporter la toison dans notre patrie. Dans les circonstances extrêmes, toute fausse honte est superflue et doit être bannie. »


Il dit, et se fait suivre à la ville par neuf guerriers tirés au sort. Ils se mettent en route au lever du soleil, et traversent les campagnes de Circé, pour aller trouver Éétès.
Il dit, et se fait suivre à la ville par neuf guerriers tirés au sort. Ils se mettent en route au lever du soleil, et traversent les campagnes de Circé, pour aller trouver Éétès.


Médée, que d’affreux songes avaient troublée pendant son sommeil, s’étant levée dès l’aube, allait invoquer les premiers rayons de Phébus, et effacer dans les eaux du fleuve le souvenir de ses horribles visions de la nuit. Vierge innocente encore, étrangère à toute inquiétude elle commençait à goûter dans sa couche le calme d’un paisible sommeil, lorsqu’il lui sembla sortir tout effrayée du bois sacré d’Hécate. Comme elle allait se jeter aux bras de son père, s’éleva tout à coup entre elle et lui une mer immense ; et la vierge éperdue se vit emportée sur l’abîme, malgré les efforts de son frère pour la suivre. Elle voyait aussi des enfants debout devant elle, frissonnant de l’horreur de la mort ; elle les égorgeait, trempait ses mains dans leur sang, et pleurait ensuite son forfait.
</small><small><font color="darkred">(5, 330)</font></small> Médée, que d’affreux songes avaient troublée pendant son sommeil, s’étant levée dès l’aube, allait invoquer les premiers rayons de Phébus, et effacer dans les eaux du fleuve le souvenir de ses horribles visions de la nuit. Vierge innocente encore, étrangère à toute inquiétude, elle commençait à goûter dans sa couche le calme d’un paisible sommeil, lorsqu’il lui sembla sortir tout effrayée du bois sacré d’Hécate. Comme elle allait se jeter aux bras de son père, s’éleva tout à coup entre elle et lui une mer immense ; et la vierge éperdue se vit emportée sur l’abîme, malgré les efforts de son frère pour la suivre. Elle voyait aussi des enfants debout </small><small><font color="darkred">(5, 340)</font></small> devant elle, frissonnant de l’horreur de la mort ; elle les égorgeait, trempait ses mains dans leur sang, et pleurait ensuite son forfait.


Épouvantée de ces présages, elle marchait donc vers les rives du Phase, environnée de jeunes Colchidiennes de son âge. Telle Proserpine, accompagnée de Pallas, de Diane et des Nymphes, qui lui cédaient toutes en beauté, en stature, menait les chœurs de ses danses sur les coteaux fleuris de l’Hymette ou dans les vallons d’Enna, avant que le séjour de l’enfer eut terni sa fraîcheur et pâli son visage ; telle était Médée, portant à chaque main une torche enflammée, le front ceint de bandelettes, et le cœur encore sans haine contre l’auteur de ses jours.
Épouvantée de ces présages, elle marchait donc vers les rives du Phase, environnée de jeunes Colchidiennes de son âge. Telle Proserpine, accompagnée de Pallas, de Diane et des Nymphes, qui lui cédaient toutes en beauté, en stature, menait les chœurs de ses danses sur les coteaux fleuris de l’Hymette ou dans les vallons d’Enna, avant que le séjour de l’enfer eut terni sa fraîcheur et pâli son visage ; telle était Médée, portant à chaque main une torche enflammée, le front ceint de bandelettes, </small><small><font color="darkred">(5, 350)</font></small> et le cœur encore sans haine contre l’auteur de ses jours.


Dès qu’elle voit de loin, à l’embouchure du fleuve, les Argonautes en remonter le cours et s’avancer lentement, elle s’arrête, et dit à sa nourrice avec une tristesse mêlée de crainte : « Quelle est cette troupe, ô ma mère ? Elle vient à moi sans doute ; je ne connais ni ces armes, ni ces habits. De grâce, voyez où fuir et chercher quelque asile. » La vieille Hénioché, {{tiret|gar|dienne}}
Dès qu’elle voit de loin, à l’embouchure du fleuve, les Argonautes en remonter le cours et s’avancer lentement, elle s’arrête, et dit à sa nourrice avec une tristesse mêlée de crainte : « Quelle est cette troupe, ô ma mère ? Elle vient à moi sans doute ; je ne connais ni ces armes, ni ces habits. De grâce, voyez où fuir et chercher quelque asile. » La vieille Hénioché, {{tiret|gar|dienne}}