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même certain qu’il se prosterne réellement de tout son long. Mais il y a là, évidemment, une coutume qui a été importée dans l’Inde par les Sémites ou par les Perses<ref>« Quand deux Perses se rencontrent, si la condition de l’un est fort au-dessous de celle de l’autre, l’inférieur se prosterne {{grec}}, devant le supérieur. » (Hérod. I, 133 ; Cf. Strab., p. 734.)</ref> convertis aux mœurs assyriennes, ou enfin par les Arabes et les conquérants musulmans. Les dieux même ne sont pas salués, dans l’Inde antique, par la prosternation proprement dite, car nulle part, que je sache, on ne rencontre dans le Véda ou dans les écrits védiques le mot qui exprime cet acte, mais bien le mot ''namas'', qui veut dire ''inclination''<ref>Voy., p. ex., l’hymne à Agui, ''Anthologia Sansc.'', p. 101 ; ''Agnin namasâ dhuve''. J’invoque Agui arec inclination, c’est-à-dire dans une posture respectueuse ; ''suprayanâ namahbhih'' (''Rig-Véda'', vol. Il, p. 432).</ref>, de ''nam'', incliner ; de là ''nataçirah'' ''la tête inclinée'', locution qu’on trouve jointe à ''pravakâyam'' ''le corps incliné''<ref>Voy. ''Dévimahatmyam'', p. 26, éd. Poley ; — ''{{corr|Râmayana|Râmâyana}}, I. 38, çl. 21.</ref>. Les buddhistes indiens non plus ne se prosternaient pas devant leur seigneur. On lit, dans le Saddharma pundarika, que les religieux saluent le Buddha en posant à terre le genou droit et en regardant Bhagavat en face, le corps incliné<ref>''Le Lotus de la bonne Loi'', trad. Burnouf, p. 62, sq.</ref>. La mise à genou, ''mita jnou'', expression qui, soit dit par parenthèse, est presque française, la mise à genou se trouve aussi dans le culte védique (voy. ''R.-Véda'' III, 5, 6, st. 3 ; vol. II, p. 978, éd. {{corr|Mûller|Müller}}), mais cet acte ne constitue pas plus la prosternation proprement dite que le geste des buddhistes<ref>V. cependant le ''Grihyasûtra'' d’Açvalâyana, I, 21, § 4, où il est dit que l’élève, introduit auprès du maître, doit plier le genou et embrasser (les pieds du précepteur), ''jânvâcyopasangrihya''. Mais cela même ne contredit pas notre assertion.</ref>.
même certain qu’il se prosterne réellement de tout son long. Mais il y a là, évidemment, une coutume qui a été importée dans l’Inde par les Sémites ou par les Perses<ref>« Quand deux Perses se rencontrent, si la condition de l’un est fort au-dessous de celle de l’autre, l’inférieur se prosterne {{lang|grc|προσκυνέει}}, devant le supérieur. » (Hérod. I, 133 ; Cf. Strab., p. 734.)</ref> convertis aux mœurs assyriennes, ou enfin par les Arabes et les conquérants musulmans. Les dieux même ne sont pas salués, dans l’Inde antique, par la prosternation proprement dite, car nulle part, que je sache, on ne rencontre dans le Véda ou dans les écrits védiques le mot qui exprime cet acte, mais bien le mot ''namas'', qui veut dire ''inclination''<ref>Voy., p. ex., l’hymne à Agui, ''Anthologia Sansc.'', p. 101 ; ''Agnin namasâ dhuve''. J’invoque Agui arec inclination, c’est-à-dire dans une posture respectueuse ; ''suprayanâ namahbhih'' (''Rig-Véda'', vol. Il, p. 432).</ref>, de ''nam'', incliner ; de là ''nataçirah'' ''la tête inclinée'', locution qu’on trouve jointe à ''pravakâyam'' ''le corps incliné''<ref>Voy. ''Dévimahatmyam'', p. 26, éd. Poley ; — ''{{corr|Râmayana|Râmâyana}}, I. 38, çl. 21.</ref>. Les buddhistes indiens non plus ne se prosternaient pas devant leur seigneur. On lit, dans le Saddharma pundarika, que les religieux saluent le Buddha en posant à terre le genou droit et en regardant Bhagavat en face, le corps incliné<ref>''Le Lotus de la bonne Loi'', trad. Burnouf, p. 62, sq.</ref>. La mise à genou, ''mita jnou'', expression qui, soit dit par parenthèse, est presque française, la mise à genou se trouve aussi dans le culte védique (voy. ''R.-Véda'' III, 5, 6, st. 3 ; vol. II, p. 978, éd. {{corr|Mûller|Müller}}), mais cet acte ne constitue pas plus la prosternation proprement dite que le geste des buddhistes<ref>V. cependant le ''Grihyasûtra'' d’Açvalâyana, I, 21, § 4, où il est dit que l’élève, introduit auprès du maître, doit plier le genou et embrasser (les pieds du précepteur), ''jânvâcyopasangrihya''. Mais cela même ne contredit pas notre assertion.</ref>.