« Le Pouvoir religieux au Thibet » : différence entre les versions
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{{journal|Mercure de France, v. 52, 1905|[[Auteur:Alexandra David-Néel|Alexandra Myrial]]|Le Pouvoir religieux au Thibet<br /><small>ses origines</small>}}
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sortilèges assez puissants pour foudroyer les étrangers
téméraires, aux portes, jusqu’ici inviolées, de la ville
sainte. Il fuit devant les
plusieurs millions de fidèles n’est plus qu’un pauvre souverain sans défense devant les armes perfectionnées des
soldats
la foi ardente de tout un peuple, ne s’est pas produit. Il
y a là un fait dont la portée peut être immense et préparer un véritable bouleversement moral parmi la majeure partie des populations de l’Asie centrale.
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steppe tartare, des pèlerins partent et cheminent vers le Koukou-noor, vers les monts Kouen-loun. Au nord, au
sud des fronts s’inclinent, de pieuses caravanes gravissent
à six mille mètres au-dessus des houles de l’océan les vertigineux sentiers donnant accès au pays de leurs rêves
Ce n’est pas au Dalaï-Lama seul qu’est due la singulière fascination émanant du « Pays des Neiges <ref> Nom donné au Thibet dans la littérature bouddhique. Thibet
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devaient, en effet, voir d’un mauvais œil l’intrusion d’une
doctrine étrangère venant tarir la source de leur puissance
et de leurs
Le « Pays des Neiges » était trop attaché à la magie
grossière dont ils accomplissaient les rites pour qu’il lui
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Une action assez singulière le fit bannir des États de
son père adoptif. Il foudroya plusieurs, de ses
pratique ne lui était pas encore familière ?
porté à le croire. Quoi qu’il en soit, il échappa à grand
peine au supplice et seulement parce qu’il fut démontré
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Ici, sa personnalité nous apparaît vraiment intéressante. Du cadre des récits fabuleux émerge, tout à coup, un de
ces politico-religieux aux convictions peu étroites, peu
secte et qui, fin connaisseur des hommes, passablement
sceptique et très adroit, évite de heurter trop violemment leurs habitudes anciennes, s’accommode de leurs
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œuf d’oie et de différents goûts très agréables. Son jus
est jaune et coule comme le beurre fondu. Il guérit toutes
les
des fruits de l’arbre. Leur roi est un ''déva'' (dieu), il appartient à la dynastie de Jayajn. Comme ce peuple était
attaché aux huit Mâyâsurtas (livres religieux) et à la
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religion. »
De là, le missionnaire se rend dans le pays de Prabatadvîpa : « Le peuple y mangeait de la viande et préférait le gibier à toute autre
enfers) y était tout
Loi du Manjuçri noir, Padmasambhava leur « tourna
la roue » de
« Puis il alla dans le pays de
pays possède des forêts fournissant des fleurs en abondance ; on y récolte aussi une énorme quantité de lotus.
La population s’en sert comme aliment. Elle révère Padmapâni (Avalokiteçvara)
la roue »
Il est inutile de prolonger cette citation. Elle suffit à
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trône d’or, un trône de jade. Le nom de ce cheval est
roi des chevaux » (Valâha). Une troupe nombreuse
de Dâkinis entourait le
tous qui avez embrassé la doctrine, dit-il, persévérez
dans la justice. Je vais vers le
du
Je vous garderai à jamais !
« Il sauta alors sur le cheval qui s’élança à travers les
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à haute voix. Alors Padmasambhava se retourna et ajouta : « Restez fidèles à la doctrine comme si vous étiez en
face de la mort et des maladies. Si vous aspirez à la
paix éternelle, vouez-vous à la
point permis de me
On me cherchera sans fin !
« Il parla ainsi, puis il s’éleva. Le roi et sa suite étaient
tels que des poissons sur le
un corbeau. Lorsqu’ils regardèrent encore, ils le virent
comme une rousserole ; la troisième fois, il ressemblait à une mouche ; ensuite il devint trouble et vague,
grand comme un œuf de pou et, lorsqu’ils regardèrent
de nouveau, ils ne le virent plus !
Bien que l’Église lamaïque actuelle soit directement
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Atisha et ses disciples luttèrent fortement contre cette
tendance et parvinrent, jusqu’à un certain point, à ramener la population aux doctrines
peu de temps. Au XVIe siècle, non seulement les laïques
mais la grande majorité des membres du clergé n’étaient
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contrôler et, tous ceux qui ont fait le pèlerinage affirment énergiquement avoir vu de leurs yeux et touché de
leurs mains les empreintes mystérieuses. Le fanatisme,
pourra-t-on penser, crée bien des
que des Occidentaux, des incroyants, pis encore, des
adversaires, par profession, des superstitions thibétaines,
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continuerait à se réincarner, en chacun de ces successeurs, pour donner à l’Église des guides divins.
Cette innovation paraît avoir été accueillie favorablement par les fidèles.
composant le fond des doctrines bouddhiques, la prétention émise par les supérieurs du couvent de Potala ne
heurtait point les idées admises. Seules, peut-être, l’extraordinaire clairvoyance que s’attribuaient les religieux
en discernant Chenrési
leur abbé et leur singulière affirmation que ce même
Chenrési animerait perpétuellement le prieur des lamas
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se montrerait à tous. Chacun pourrait se prosterner devant lui dans la grande lumière du plein jour, toucher
du front le bout de ses souliers de feutre rouge et le voir
accepter ses dons pieux !
peuple thibétain ne pouvait qu’être ravie de la combinaison.
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éclipsa celui des souverains du pays. En possession de la puissance morale, les Dalaï Lamas n’avaient qu’un
pas à franchir pour s’emparer de la puissance matérielle.
N’étaient-ils pas des
qu’ils pussent y résister. Dès lors, nombre de difficultés, sans cesse renaissantes, s’élevèrent entre les deux
autorités thibétaines. Le Pouvoir laïque, représenté par
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de leur royale demeure, aux colonnades et aux coupoles
d’or, un lieu troublé et sans grande sécurité pour leur
auguste
Rinpoche) atteignent, parait-il, rarement l’âge
Le Dalaï-Lama actuel fait ce pendant exception. Renversant
les rôles, il passe pour avoir empoisonné le régent qui
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étape, chaque tournant de route, chaque sommet, laissés
derrière elle en y plantant une banderole de prière couverte d’inscriptions magiques, en gravant sur un rocher
un symbole mystique, un charme, une évocation !
plus arides solitudes thibétaines, les cols les plus élevés,
les sentiers où seules les brebis ont le pied assez sûr pour
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sur son passage, elle a traversé les régions enchantées
où la bise répète des paroles magiques, où, sur les pierres
des chemins, des charmes sont
s’acheminait ainsi vers les demeures des idoles vivantes,
d’innombrables sortilèges ont dû, certainement, être
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les froides solitudes thibétaines, plus d’un soldat d’Albion
restera à jamais étendu, victime expiatoire aux divinités
courroucées dont il viola l’empire.
défaite du Bouddha vivant restera en bien des âmes. La
haine de l’étranger profanateur ne remplira pas à elle
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dieu, dont la colère impuissante n’a pas su foudroyer, au
pied de son autel, les insolents téméraires qui l’ont
bravé !
ALEXANDRA
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