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La belle et noble conduite du procureur-général Édouard Molé n’enlève rien à celle de Marillac et de Le Maistre. Ces sortes de gloires sont compatibles, et il n’y a pas de rivalité dangereuse quand il s’agit du pays. Puisque M. Bernard restituait à Molé sa part dans l’affaire des états, il eût pu citer ce fait peu connu, que les agens de Philippe II lui offrirent dix mille écus pour rompre l’arrêt, et que Molé leur répondit : « Vos estats ne sont que brigues, menées et monopoles, et au demeurant je ne m’y trouverai plus <ref>Matthieu., loc. cit., p. 145.</ref>. » Il est vrai que le mot n’est pas très flatteur pour les députés de la ligue. C’est ainsi que les projets de la maison d’Autriche se trouvèrent décidément ruinés <ref>L’arrêt du parlement est du 28 juin 1593, l’abjuration de Henri IV du 24 juillet. Ces deux évènemens ne firent cependant pas perdre tout courage aux agens de Philippe II. Dans une très curieuse lettre du ligueur Mauclerc, écrite à un de ses correspondans de Rome, ce docteur espagnolisé disait encore à la fin d’août : « Les Espagnols de nos quartiers sont bien résolus de faire tout ce qu’ils pourront… Si les forces qu’ils promettent sont prêtes dans trois mois, creabitur rex vel etiam invito Mayenne…. » (Mém. de la Ligue, V, 412.) Ainsi, à cette date, on comptait encore sur les états : rien ne se prolonge comme les illusions des partis</ref>.
La belle et noble conduite du procureur-général Édouard Molé n’enlève rien à celle de Marillac et de Le Maistre. Ces sortes de gloires sont compatibles, et il n’y a pas de rivalité dangereuse quand il s’agit du pays. Puisque M. Bernard restituait à Molé sa part dans l’affaire des états, il eût pu citer ce fait peu connu, que les agens de Philippe II lui offrirent dix mille écus pour rompre l’arrêt, et que Molé leur répondit : « Vos estats ne sont que brigues, menées et monopoles, et au demeurant je ne m’y trouverai plus <ref>Matthieu., loc. cit., p. 145.</ref>. » Il est vrai que le mot n’est pas très flatteur pour les députés de la ligue. C’est ainsi que les projets de la maison d’Autriche se trouvèrent décidément ruinés <ref>L’arrêt du parlement est du 28 juin 1593, l’abjuration de Henri IV du 24 juillet. Ces deux évènemens ne firent cependant pas perdre tout courage aux agens de Philippe II. Dans une très curieuse lettre du ligueur Mauclerc, écrite à un de ses correspondans de Rome, ce docteur espagnolisé disait encore à la fin d’août : « Les Espagnols de nos quartiers sont bien résolus de faire tout ce qu’ils pourront… Si les forces qu’ils promettent sont prêtes dans trois mois, creabitur rex vel etiam invito Mayenne…. » (Mém. de la Ligue, V, 412.) Ainsi, à cette date, on comptait encore sur les états : rien ne se prolonge comme les illusions des partis</ref>.