« De la production de la sécurité » : différence entre les versions

Contenu supprimé Contenu ajouté
Allixpeeke (discussion | contributions)
Fixing page 287: (1) Added thin spaces (2) Fixed incorrect words (3) Added italics (4) Incorporated small-caps
Allixpeeke (discussion | contributions)
Fixing page 288: (1) Added thin spaces. (2) Added missing word, correcting incorrect words. (3) Separated separate paragraphs.
Ligne 259 :
Qu’on nous permette maintenant de formuler une simple hypothèse.
 
<!--Page 288-->Supposons une société naissante &#8239;: les hommes qui la composent se mettent à travailler et à échanger les fruits de leur travail. Un naturel instinct révèle à ces hommes que leur personne, la terre qu’ils occupent et cultivent, les fruits de leur travail, sont leurs ''propriétés'', et que nul, hors eux-mêmes, n’a le droit d’en disposer ou d’y toucher. Cet instinct n’est pas hypothétique, il existe. Mais l’homme étant une créature imparfaite il arrive que ce sentiment du droit de chacun sur sa personne ou sur ses biens ne se rencontre pas au même degré dans toutes les âmes, et que certains individus attentent par violence ou par ruse aux personnes ou aux propriétés d’autrui.
 
De là, la nécessité d’une industrie qui prévienne ou réprime ces agressions abusives de la force ou de la ruse.
 
Qu’unSupposons qu’un homme ou une association d’hommes vienne alors et dise &#8239;:
 
Je me charge, moyennant rétribution, de prévenir ou de réprimer les attentats contre les personnes et les propriétés.
 
Que ceux donc qui veulent mettre à l’abri de toute agression leurs personnes et leurs propriétés s’adressent à moi.
 
Avant d’entrer en marché avec ce ''producteur de sécurité'', que feront les consommateurs &#8239;?
 
En premier lieu, ils rechercheront s’il est assez puissant pour les protéger.
 
En second lieu, s’il offre des garanties morales telles qu’on ne puisse redouter de sa part aucune des agressions qu’il se charge de réprimer.
 
En troisième lieu, si aucun autre producteur de sécurité, présentant des garanties égales, n’est disposé à leur fournir cette denrée à des conditions meilleures.
 
Ces conditions seront de diverses sortes.
 
Pour être en état de garantir aux consommateurs pleine sécurité pour leurs personnes et leurs propriétés, et, en cas de dommage, de leur distribuer une prime proportionnée à la perte subie, il faudra, en effet &#8239;:
 
1° Que le producteur établisse certaines peines contre les offenseurs des personnes et les ravisseurs des propriétés, et que les consommateurs acceptent de se soumettre à ces peines, au cas où ils commettraient eux-mêmes des sévices contre les personnes et les propriétés &#8239;;
 
2° Qu’il impose aux consommateurs certaines gênes, ayant pour objet de lui faciliter la découverte des auteurs de délits &#8239;;
 
3° Qu’il perçoive régulièrement, pour couvrir ses frais de production ainsi que le bénéfice naturel de son industrie, une certaine prime, variable selon la situation des consommateurs, les occupations particulières auxquelles ils se livrent, l’étendue, la valeur et la nature de leurs propriétés.
 
Si ces conditions, nécessaires à l’exercice de cette industrie, conviennent aux consommateurs, le marché sera conclu &#8239;; sinon les consommateurs ou se passeront de sécurité, ou s’adresseront à un autre producteur.
 
Maintenant si l’on considère la nature particulière de l’industrie de la sécurité, on s’apercevra que les producteurs seront obligés de restreindre <!--Page 289-->leur clientèle à certaines circonscriptions territoriales. Ils ne feraient évidemment pas leurs frais s’ils s’avisaient d’entretenir une police dans des localités où ils ne compteraient que quelques clients. Leur clientèle se groupera naturellement autour du siége de leur industrie. Ils ne pourront néanmoins abuser de cette situation pour faire la loi aux consommateurs. En cas d’une augmentation abusive du prix de la sécurité, ceux-ci auront, en effet, la faculté de donner leur clientèle à un nouvel entrepreneur, ou à l’entrepreneur voisin.
 
De cette faculté laissée au consommateur d’acheter où bon lui semble la sécurité, naît une constante émulation entre tous les producteurs, chacun s’efforçant, par l’attrait du bon marché ou d’une justice plus prompte, plus complète, meilleure, d’augmenter sa clientèle ou de la maintenir<ref>Adam Smith, dont l'admirable esprit d'observation s'étendait à toutes choses, remarque que la justice a beaucoup gagné, en Angleterre, à la concurrence que se faisaient les différentes Cours :<br/>