« L’Uscoque (1854) » : différence entre les versions

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==[[Page:Sand - Œuvres illustrées de George Sand, vol 7, 1854.djvu/154]]==
 
changé cette histoire, dont au reste je
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toujours temps d’en venir là. Il vendit donc tous ses biens, paya ses
dettes, et, avec ses derniers deniers, qui ne l’auraient pas fait vivre
deux mois, il équip
deux mois, il équipa et arma une galère, et partit à la rencontre des
==[[Page:Sand - Œuvres illustrées de George Sand, vol 7, 1854.djvu/155]]==
a et arma une galère, et partit à la rencontre des
infidèles. Il leur fit payer cher les folies de sa jeunesse. Tous ceux qui
se trouvèrent sur sa route furent attaqués, pillés, massacrés. En peu de
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sujets de plainte contre vous pour vous faire l’affront de me retirer à la
veille de l’hyménée. Quant au premier de ces bruits, vous avez trop de
bonté, et vous prenez trop de soin, madame. Je suis fort peu sensible, à
==[[Page:Sand - Œuvres illustrées de George Sand, vol 7, 1854.djvu/156]]==
Je suis fort peu sensible, à
l’heure qu’il est, à l’effet que peut produire mon malheur dans l’opinion
publique ; il est assez grand par lui-même pour que je ne l’aggrave pas par
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doucement, et cette aimable fille, ne pouvant résister à la prière tacite
du vénérable général, s’approcha tout à fait de Giovanna. Celle-ci
s’élança vers son ancienne amie et l’embrassa avec une irrésistible
==[[Page:Sand - Œuvres illustrées de George Sand, vol 7, 1854.djvu/157]]==
ancienne amie et l’embrassa avec une irrésistible
effusion. En même temps elle tendit la main à Ezzelin, qui la baisa d’un
air respectueux et calme en lui disant tout bas : « Madame ; êtes-vous
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subite, si aveugle, qu’il n’a pas pris le temps d’apercevoir le mouvement
que j’ai fait pour rentrer ma dague dans le fourreau en voyant qu’il
n’avait pas la sienne ! Cet homme n’a pas le coeur d’un noble, et je serais
==[[Page:Sand - Œuvres illustrées de George Sand, vol 7, 1854.djvu/158]]==
noble, et je serais
bien étonné si quelque lâcheté secrète ou quelque crime inconnu n’avait
pas déjà flétri en lui le principe de l’honneur et le sentiment du
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l’esclave avait fait préparer, et se rendirent aux îles Curzolari.
 
Pendant deux jours, le comte resta plongé dans une tristesse profonde. Laplo
==[[Page:Sand - Œuvres illustrées de George Sand, vol 7, 1854.djvu/159]]==
ngé dans une tristesse profonde. La
perte de sa galère était un notable échec à sa fortune particulière, et le
sacrifice inutile qu’il avait fait de cent bons soldats pouvait porter une
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issue apparente qu’eut le château. Tout cela était massif, noir, morne et
sinistre : on eût dit de loin le nid d’un oiseau de proie gigantesque.
==[[Page:Sand - Œuvres illustrées de George Sand, vol 7, 1854.djvu/160]]==
 
Ezzelin ignorait que Soranzo eût échappé au désastre de Patras ; il avait
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accueillait ses civilités, et prit cet embarras pour de la froideur et du
dédain. Il le conduisit dans une vaste salle d’architecture sarrasine,
dont il lui fit les honneurs ; et peu à peu il reprit ses manièreshonn
==[[Page:Sand - Œuvres illustrées de George Sand, vol 7, 1854.djvu/161]]==
eurs ; et peu à peu il reprit ses manières
accoutumées, qui étaient les plus obséquieuses du monde. Ce commandant,
nommé Léontio, était un Esclavon, officier de fortune, blanchi au service
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pirates et tué leur chef de sa propre main. Mais, hélas ! ils viennent nous
braver jusque sous nos remparts, et le turban rouge de ''l’Uscoque'' se
promène insolemment à la portée de nos regards. Sans aucun doute, c’est ce
==[[Page:Sand - Œuvres illustrées de George Sand, vol 7, 1854.djvu/162]]==
Sans aucun doute, c’est ce
pirate infâme qui a attaqué aujourd’hui Votre Excellence.
 
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demanda si une telle résidence n’était pas bien propre à exalter jusqu’au
délire un esprit impressionnable comme devait l’être celui de Soranzo.
L’inaction, la maladie et le chagrin lui parurent, dans un pareil séjour,u
==[[Page:Sand - Œuvres illustrées de George Sand, vol 7, 1854.djvu/163]]==
n pareil séjour,
des tortures pires que la mort, et une sorte de pitié vint adoucir
l’indignation qui jusque-là avait rempli son âme.
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une table, et se disposait à suivre l’envoyée, lorsque Léontio,
s’approchant de lui et lui parlant à voix basse, le conjura de ne point
répo
répondre à cet appel de la signora, sous peine d’attirer sur lui et sur
==[[Page:Sand - Œuvres illustrées de George Sand, vol 7, 1854.djvu/164]]==
ndre à cet appel de la signora, sous peine d’attirer sur lui et sur
elle-même la colère de Soranzo.
 
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livré cette nuit-là, ni sur l’Adriatique, ni sur aucune autre mer. Mais
ces âmes simples eurent comme une révélation et une perception anticipée
de c
de ce qui arriva le lendemain à la clarté du soleil, à deux cents lieues
==[[Page:Sand - Œuvres illustrées de George Sand, vol 7, 1854.djvu/165]]==
e qui arriva le lendemain à la clarté du soleil, à deux cents lieues
de leur patrie. C’est le même instinct qui m’a fait savoir la nuit
dernière que je vous verrais aujourd’hui ; et ce qui vous paraîtra fort
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« Hâtons-nous, me disiez-vous ; quand on s’aime, pourquoi tarder à être
heureux ? Parce que nous sommes jeunes tous deux, ce n’est pas une raison
pour attendre
pour attendre. Attendre, c’est braver Dieu, car l’avenir est son trésor ;
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. Attendre, c’est braver Dieu, car l’avenir est son trésor ;
et ne pas profiter du présent, c’est vouloir d’avance s’emparer de
l’avenir. Les malheureux doivent dire : Demain ! et les heureux :
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créer, faute d’un aliment plus digne d’elle. Cet aliment seul digne de
l’âme d’Orio, c’était l’amour d’une femme comme moi. Toutes les autres
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l’avaient trompé ou lui avaient semblé indignes d’occuper toute son
énergie. Il aurait été forcé de la dépenser en vains plaisirs. Mais
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par semaine, et le reste du temps j’ignore où il est et de quoi il
s’occupe. Quelquefois il me fait dire qu’il profite du temps calme pour
faire une longue promenade sur mer, et j’apprends ensuite qu’il n’est
==[[Page:Sand - Œuvres illustrées de George Sand, vol 7, 1854.djvu/168]]==
et j’apprends ensuite qu’il n’est
point sorti du château. D’autres fois il prétend qu’il s’enferme le soir
pour travailler, et je le vois, au lever du jour, dans sa barque, cingler
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heureuse avec Orio ; car la moindre plainte de sa part le ferait
infailliblement tomber dans la disgrâce de l’amiral. Elle soutint
d’ailleurs
d’ailleurs qu’Orio n’avait envers elle aucun mauvais procédé, et que, si
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qu’Orio n’avait envers elle aucun mauvais procédé, et que, si
l’amour qu’elle lui portait était devenu son propre supplice, Orio ne
pouvait être accusé du mal qu’elle se faisait à elle-même.
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« Êtes-vous bien sûre, dit le comte, que ma présence dans votre
appartement n’indisposera point votre mari contre vous ?
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— Hélas ! il ne me fait pas l’honneur d’être jaloux de moi, répondit-elle.
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Ezzelin regardait aussi Orio. Celui-ci était d’une pâleur extraordinaire,
et son sourcil contracté annonçait je ne sais quel orage intérieur. Tout
==[[Page:Sand - Œuvres illustrées de George Sand, vol 7, 1854.djvu/171]]==
annonçait je ne sais quel orage intérieur. Tout
d’un coup il éclata de rire, et ce rire âpre et mordant éveilla des échos
lugubres dans les profondeurs de la salle.
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et commença d’exprimer son admiration par des exclamations qu’un regard
froid et sévère de Soranzo réprima brusquement. Quant à Ezzelin, ses
regards se portaient alternativement sur ces trois personnages, et
==[[Page:Sand - Œuvres illustrées de George Sand, vol 7, 1854.djvu/172]]==
et
cherchaient à saisir ce qu’il restait pour lui d’inexpliqué dans leurs
relations. Rien dans Soranzo ne pouvait justifier l’interprétation
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l’Uscoque.
 
— Vous êtes tout à fait plaisant, vous, dit Orio d’un air de raillerie
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Orio d’un air de raillerie
méprisante. Vous admirez les hauts faits de l’Uscoque ? Vous en feriez
volontiers votre ami et votre frère d’armes, je gage ? Noble sympathie
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de la fièvre fait claquer ses dents ; les objets se transforment devant ses
yeux égarés, et à chaque instant il lui semble que les angles de son
 
==[[Page:Sand - Œuvres illustrées de George Sand, vol 7, 1854.djvu/174]]==
appartement vont se jeter sur lui et serrer ses tempes comme dans un
étau.
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« Tout sera fait comme lu l’as commandé, dit-elle ; mais le vent ne cesse
pas de souffler de l’ouest, et Hussein ne répond de rien si le vent ne
chan
change ; car, si la galère le gagne de vitesse, ses caïques ne pourront lui
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ge ; car, si la galère le gagne de vitesse, ses caïques ne pourront lui
donner la chasse sans s’exposer, en pleine mer, à des rencontres
funestes.
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troisième heure du jour, j’ai vu le comte Ezzelin entrer dans ma chambre,
tout ensanglanté, et les vêtements en désordre ; je l’ai vu distinctement,
messer, et il m’a dit des paroles que je ne répéterai point, mais dont le
==[[Page:Sand - Œuvres illustrées de George Sand, vol 7, 1854.djvu/176]]==
je ne répéterai point, mais dont le
son vibre encore dans mon oreille. Puis il s’est effacé comme
s’effacent les spectres. Mais je gagerais qu’à l’heure où il m’a apparu il
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calme durant le jour. Sa tranquillité n’est qu’extérieure, son âme est en
proie à mille tortures. Elle a deviné l’horrible vérité : elle n’espère
plus rien ; elle cherche, au contraire, à augmenter par l’évidence laau
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gmenter par l’évidence la
certitude de sa honte et de son malheur.
 
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l’horreur de la nuit. Le garde, qui voit venir à lui cette femme échevelée
avec tant d’assurance et les yeux animés d’une résolution désespérée, la
prend à son tour pour un spectre, et tombe la face contre terre. Cet homme
==[[Page:Sand - Œuvres illustrées de George Sand, vol 7, 1854.djvu/178]]==
homme
avait égorgé, quelques jours auparavant, sur une galiote marchande, une
belle jeune femme avec ses deux enfants dans ses bras. Il croit la voir
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généreux, elle écoutait avec insouciance les rugissements lointains du
chacal et de la panthère. Enlevée par des bandits et vendue au pacha avant
d’avoir connu les joies d’un amour libre et partagé, elle a fleuri, commef
==[[Page:Sand - Œuvres illustrées de George Sand, vol 7, 1854.djvu/179]]==
leuri, comme
une plante exotique, à l’ombre du harem, privée d’air, de mouvement et de
soleil, regrettant sa misère au sein de l’opulence et détestant le despote
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ne veut pas que son épouse respectée et chérie reste exposée aux chances
d’une telle aventure. Il a tout fait préparer pour son départ. Il
l’escortera lui-même avec la galéace jusqu’à la hauteur de Teakhi ; puis ilgaléac
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e jusqu’à la hauteur de Teakhi ; puis il
reviendra laver la tache que le soupçon a faite à son honneur, ou
s’ensevelir sous les décombres de la forteresse.
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« Qu’est-ce ? dit Léontio en se retournant et en le regardant avec effroi ;
seigneur gouverneur, ou je n’ai jamais vu mourir personne, ou cet homme
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je n’ai jamais vu mourir personne, ou cet homme
vient de rendre l’âme.
 
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regarde. Soit qu’elle ait pressenti son dessein, soit que le meurtre de
Giovanna ait empreint d’indignation et de reproche son front livide et son
regard sombre, ce regard exerce sur Orio une fascination magique ; son âmefasci
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nation magique ; son âme
conserve le désir du mal, mais elle n’en a plus la force. Orio a compris
en cet instant que Naam est un être plus fort que lui, et que sa destinée
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« On ne te regarde plus, lui dit-elle à l’oreille : menteur, lève-toi ! »
 
* * * * *
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* * *
 
L’abbé reprenant la parole tandis que Beppa offrait à Zuzuf un sorbet :
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les accusations qu’un seul cheveu avait tenues suspendues sur sa tête,
enfin malgré la haine qu’il inspirait, il n’avait pas un seul accusateur
parmi tous les mécontents qu’il avait laissés dans l’île. Nul ne le
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qu’il avait laissés dans l’île. Nul ne le
soupçonnait d’avoir pris part ou donné protection volontaire à la
piraterie, et à toutes les bizarreries de sa conduite depuis l’affaire de
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s’écria-t-il ; noble Morosini, vous n’y songez pas. N’est-ce pas cette
funeste ambition d’un jour qui a détruit le bonheur de toute ma vie ? Nul
ne peut servir deux maîtres ; mon âme était faite pour l’amour et non pour
==[[Page:Sand - Œuvres illustrées de George Sand, vol 7, 1854.djvu/185]]==
non pour
l’orgueil. Qu’ai-je fait en écoutant la voix menteuse de l’héroïsme ? J’ai
détruit le repos et la confiance de Giovanna ; je l’ai arrachée à la
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ascendant ! Il avait essayé de lui faire comprendre le sentiment de la
jalousie chez les femmes européennes, et à lui inspirer une haine posthume
pour Giovanna ; mais là il avait échoué. L’âme de Naam, rude et puissante
==[[Page:Sand - Œuvres illustrées de George Sand, vol 7, 1854.djvu/186]]==
de Naam, rude et puissante
jusqu’à la férocité, était trop grande pour l’envie ou la vengeance ; le
destin était son Dieu. Elle était implacable, aveugle, calme comme lui.
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— Dieu me pardonne ! c’est Argiria Ezzelini, si grandie, si changée depuis
un an que son deuil la tient enfermée loin des regards, que personne netien
==[[Page:Sand - Œuvres illustrées de George Sand, vol 7, 1854.djvu/187]]==
t enfermée loin des regards, que personne ne
reconnaît plus dans cette belle femme l’enfant du palais Memmo.
 
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proscriptions légales, les maîtres de la maison priaient leurs hôtes de
s’y livrer modérément. Orio était pâle, froid, immobile. On eût dit un
mathématicien cherchant la solution d’un problème. Il possédait ce calme
==[[Page:Sand - Œuvres illustrées de George Sand, vol 7, 1854.djvu/188]]==
problème. Il possédait ce calme
impassible et cette dédaigneuse indifférence qui caractérisent les grands
joueurs. Il ne savait seulement pas que la salle s’était remplie de
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voir ces beaux sequins tomber dans des mains ignobles. »
 
En parlant ainsi, Zuliani commanda à ses gens d’aller l’attendre avec sa
==[[Page:Sand - Œuvres illustrées de George Sand, vol 7, 1854.djvu/189]]==
d’aller l’attendre avec sa
gondole au palais de Soranzo, et, se mettant à courir sur ses traces, il
l’atteignit au petit pont des ''Barcaroles''. Il le trouva debout contre le
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d’or.
 
— Ah ! que tu es fade et sentencieux ce matin ! dit Zuliani en bâillant.ma
==[[Page:Sand - Œuvres illustrées de George Sand, vol 7, 1854.djvu/190]]==
tin ! dit Zuliani en bâillant.
Allons ! veux-tu compter ? Non ? En ce cas, je compte seul, et tu te tiendras
pour content quand même je découvrirais que tu as jeté tout ton gain sous
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toujours devant les yeux la réalité, et qu’il pût affronter à toute heure,
par la pensée, les conséquences de ses crimes. Mais sa santé ne put
résister à ce régime ; sa raison s’ébranla, et les fantômes vinrent
==[[Page:Sand - Œuvres illustrées de George Sand, vol 7, 1854.djvu/191]]==
régime ; sa raison s’ébranla, et les fantômes vinrent
l’assiéger durant la veille, plus effrayants et plus redoutables que
pendant le sommeil.
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bibliothèque, et votre luxe trouvera là un débouché ; vous ne savez pas les
délices que peut vous procurer une reliure, et les folies que vous pouvez
faire pour une édition de choix. Dans les églises, vous entendrez desé
==[[Page:Sand - Œuvres illustrées de George Sand, vol 7, 1854.djvu/192]]==
glises, vous entendrez des
cantiques qui vous délasseront les oreilles des chansons licencieuses.
Vous y verrez des spectacles non moins profanes et des hommes non moins
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(car il voyait déjà plus avant que la foule dans l’âme sèche et cupide de
Soranzo), soyez amoureux. Vous commencerez par ne pas l’être, et par faire
comme si vous l’étiez ; puis vous vous figurerez que vous l’êtes, et enfin
==[[Page:Sand - Œuvres illustrées de George Sand, vol 7, 1854.djvu/193]]==
enfin
vous le serez. Croyez-moi, les choses se passent ainsi en vertu de lois
physiologiques que je vous expliquerai quand vous voudrez. »
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sang d’Orio était bien appauvri, et son âme absolument vide d’idées et de
sentiments. Le troisième jour, il lui conseilla de songer à son plus
 
==[[Page:Sand - Œuvres illustrées de George Sand, vol 7, 1854.djvu/194]]==
important moyen de salut, à l’amour. Orio, se souvenant de la monstrueuse
imprudence qu’il avait commise, se hasarda à dire qu’il avait aimé déjà,
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tantes, qu’un noble et riche parti se présentât ; et sachant bien que
l’incomparable beauté de sa nièce allumerait plus d’une passion, elle la
blâmait de vouloir s’enterrer dans la solitude et de tenir toujours ''le
==[[Page:Sand - Œuvres illustrées de George Sand, vol 7, 1854.djvu/195]]==
toujours ''le
soleil de ses regards'' caché derrière la tendine sombre de son balcon.
 
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explication ; mais je ne me relèverai point que la signora Memmo ne m’ait
accordé la permission de me présenter devant elle dans son salon, à
l’heure qu’elle me désignera, demain ou le jour suivant, afin qu’à deux
==[[Page:Sand - Œuvres illustrées de George Sand, vol 7, 1854.djvu/196]]==
ou le jour suivant, afin qu’à deux
genoux, comme aujourd’hui, je demande grâce pour les larmes que j’ai fait
couler ; mais qu’ensuite, la main sur la poitrine et debout, ainsi qu’il
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regard ni une pensée pour lui. Ce qui lui plaisait à cette heure dans
Soranzo était justement ce qui le faisait descendre dans l’enthousiasme
des autres femmes. Sa beauté diminuait en même temps que son caractère
==[[Page:Sand - Œuvres illustrées de George Sand, vol 7, 1854.djvu/197]]==
. Sa beauté diminuait en même temps que son caractère
s’assombrissait davantage ; et c’était justement cette triste empreinte que
le temps et la douleur mettaient sur lui qui la charmait sans qu’elle s’en
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« Argiria ! répéta Soranzo d’une voix émue ! Argiria ! mon amour ! »
 
À ces mots, elle se leva brusquement et s’éloigna de lui avec effroi, maiss’é
==[[Page:Sand - Œuvres illustrées de George Sand, vol 7, 1854.djvu/198]]==
loigna de lui avec effroi, mais
sans changer un instant la direction de ses regards.
 
Ligne 5 211 ⟶ 5 297 :
langue.
 
— Il faut s’entendre pourtant. Tu veux qu’il meure, et que j’assume surqu’i
==[[Page:Sand - Œuvres illustrées de George Sand, vol 7, 1854.djvu/199]]==
l meure, et que j’assume sur
moi toute la responsabilité, tout le danger ?
 
Ligne 5 357 ⟶ 5 445 :
 
« C’est toi ! Où donc étais-tu ? dit Orio en la regardant à peine. Donne-moi
ma robe, je veux m’habiller, sortir ! » s
==[[Page:Sand - Œuvres illustrées de George Sand, vol 7, 1854.djvu/200]]==
ortir ! »
 
Mais Orio se leva brusquement et resta immobile de surprise et d’épouvante
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— J’ai pris mon luth et je suis allée en jouer sous la fenêtre de sa soeur ;
j’ai joué obstinément jusqu’à ce que le frère ait été éveillé et m’ait
==[[Page:Sand - Œuvres illustrées de George Sand, vol 7, 1854.djvu/201]]==
le frère ait été éveillé et m’ait
regardée par la fenêtre. Je me suis éloignée alors de quelques pas ; mais
j’ai continué de jouer comme pour le braver. Il m’avait reconnue à mon
Ligne 5 447 ⟶ 5 539 :
 
— Je suis venue lentement, je me suis arrêtée plusieurs fois, j’ai regardé
autour de moi ; personne ne m’a vue, personne ne m’a suivie. Je n’ai pas
==[[Page:Sand - Œuvres illustrées de George Sand, vol 7, 1854.djvu/202]]==
vue, personne ne m’a suivie. Je n’ai pas
même éveillé les échos des pavés. J’ai fait mille détours. J’ai mis plus
d’une heure à venir du palais Memmo jusqu’ici. Es-tu tranquille ? es-tu
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riche fut livrée au silence, aux ténèbres et à la solitude.
 
Orio avait-il bien sa tête lorsqu’il avait ainsi chargé Naam le premier etain
==[[Page:Sand - Œuvres illustrées de George Sand, vol 7, 1854.djvu/203]]==
si chargé Naam le premier et
improvisé cette fable ? Non, sans doute : Orio était un homme fini, il faut
bien le dire. Il avait encore l’audace et le besoin de mentir ; mais sa
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costume turc, mais encore la taille et l’allure du jeune musulman qui
depuis un an est attaché au service de messer Orio Soranzo. Ce jeune homme
se retirait sans se presser, et de temps en temps s’arrêtait pour regarder
==[[Page:Sand - Œuvres illustrées de George Sand, vol 7, 1854.djvu/204]]==
temps s’arrêtait pour regarder
s’il n’était pas suivi. Le docteur avait soin alors de s’arrêter aussi. Il
le vit s’enfoncer dans une petite rue. Alors le docteur se mit à courir
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et à votre patriotisme plus qu’à ma propre conscience, j’avais résolu de
me diriger d’après votre décision. Orio Soranzo ne l’a pas voulu ; il m’a
contraint à le tra
contraint à le traîner sur la sellette où s’asseyent les infâmes ; il m’a
==[[Page:Sand - Œuvres illustrées de George Sand, vol 7, 1854.djvu/205]]==
îner sur la sellette où s’asseyent les infâmes ; il m’a
forcé à changer le rôle prudent et généreux que j’avais embrassé, en un
rôle terrible, celui de dénonciateur auprès d’un tribunal dont les arrêts
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vérité ; car, je dois le dire, des soupçons plus affreux, s’il est possible,
que les certitudes déjà acquises sur les crimes d’Orio Soranzo,
remplissaient mon esprit depuis le jour où j’avais appris l’incendie de
==[[Page:Sand - Œuvres illustrées de George Sand, vol 7, 1854.djvu/206]]==
le jour où j’avais appris l’incendie de
San-Silvio et le malheur que cet événement avait entraîné. Je gravissais
donc au hasard ces masses de pierres noircies, lorsque je vis venir, sur
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« Vers le soir, je fus appelé par l’intendant des prisons à porter mes
soins à la fille arabe Naam, la complice d’Orio. Le geôlier, étant rentrél
==[[Page:Sand - Œuvres illustrées de George Sand, vol 7, 1854.djvu/207]]==
a complice d’Orio. Le geôlier, étant rentré
dans son cachot quelques heures après lui avoir porté son repas, l’avait
trouvée plongée dans un sommeil léthargique, et l’on craignait qu’elle
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sa beauté, de la couche d’un sultan ; elle était digne, par sa fidélité, de
ton amour, et, par sa douceur, de l’amitié et du respect que j’avais pour
 
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elle. Tu m’avais dit : « Je la sauverai de l’incendie. J’irai d’abord à elle,
je la prendrai dans mes bras, je la porterai sur mon navire. » Et je te
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mystère outrageant pour moi. Je t’observais, et je ne te disais
rien.
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» Ton ennemi est revenu. Je l’avais vu une seule fois ; je ne pouvais ni
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— C’est moi qui l’ai brisée, dit Naam, ainsi que le cachet de la lettre
qu’il contient.
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— C’était donc vous qui étiez chargée de le remettre au lieutenant
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docteur Barbolamo, qui l’accompagne partout, est un si habile médecin et
un ami si dévoué !
==[[Page:Sand - Œuvres illustrées de George Sand, vol 7, 1854.djvu/211]]==
 
— Elle était donc vraiment folle ? dit un troisième.