« Sainte Parascève » : différence entre les versions

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{{Titre|Sainte Parascève|[[Auteur:Jean Martinov|J. Martinof, S. J.]]|Collection de précis historiques. Texte établi par Éd. Terwecoren. J. Vandereydt, Bruxelles, 1863. (pp. 289-296)|nocat=1}}
 
 
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C’était au commencement du {{s|xiii}}. Le sceptre impérial était passé des mains affaiblies des Grecs au pouvoir de ceux que les saintes Écritures ont appelés ''verge de fer''.
 
Devenus maîtres de Constantinople, les Latins dépouillèrent les églises ; les vases sacrés et les ornements furent enlevés ; les saintes reliques emportées en Occident, les trésors de l’empire pillés ; en un mot, tout ce qui composait la magnificence de cette cité-reine fut ravagé<ref>Ceux qui seraient choqués par ce passage, n‘ont qu’à lire ce que les historiens modernes des Croisades ont écrit sur le même sujet.</ref>. À la vue de ces sacriléges dévastations, une tristesse profonde s’empara des vaincus, et mille voix crièrent au ciel : — « Seigneur, levez-vous, ne sommeillez pas, n’oubliez pas notre détresse et notre tribulation. » — Le Ciel entendit les plaintes des malheureux. Il excita un prince que la piété et le courage ont rendu également célèbre.
 
Nous parlons du roi des Bulgares, Asène II, fils d’Asène I{{er}}, celui à qui appartient la gloire d’avoir rétabli l’empire bulgare. Sans se laisser arrêter par les reproches de ses adversaires, Asène II se donna pour défenseur de la foi, et il le prouva bientôt par ses œuvres. Saisissant une occasion favorable, il déclara la guerre à la race ''ennemie'' (c’est ainsi que les Bulgares appelaient la nation grecque), et se mit en campagne pour reprendre aux Grecs ce que ceux-ci avaient enlevé à ses ancêtres. Bientôt toute la Macédoine, avec la ville de Sères et le mont Athos ou la Montagne-Sainte, y compris la célèbre ville de Thessalonique, reconnut sa domination, ainsi que le pays de Triballes, la Dalmatie et l’Albanie, appelée aussi Arbanacie, jusqu’à Dyrrachium. Asène II établit partout des métropolitains, des évêques et des hégoumènes, comme l’attestent encore les chrysobulles gravées sur la façade de la ''Laure'', au pied du mont Athos et sur celle du ''Protaton''<ref>Église du couvent principal du mont Athos.</ref>. Ses conquêtes ne s’arrêtèrent pas là ; promenant son glaive dans tout le pays, il pénétra au cœur même de l’empire grec, assiégea la capitale et
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menaça la puissance des Francs, alors maîtres de Constantinople<ref>Euthyme va jusqu’à dire qu’Asène a pris la capitale et détruit l’empire des Francs, ce qui est inexact.</ref>.
 
Tandis que le roi bulgare poursuivait ainsi le cours de ses conquêtes, la renommée de sainte Parascève parvint à ses oreilles. Asène II, en qui le génie des conquêtes n’excluait point la piété chrétienne, l’apprit avec allégresse ; il sentit son cœur animé d’une nouvelle ardeur, et, semblable au cerf altéré qui aspire aux sources d’eau vive, il fut impatient de posséder les reliques vénérées de l’illustre sainte.
 
De toutes parts, en effet, cette vierge bienheureuse avait fait sentir la vertu de son intercession ; de toutes parts s’était répandu l’éclat de ses bienfaits et de ses miracles. Mettant donc à profit l’occasion que lui offraient ses victoires, le pieux roi envoya des messagers aux Francs qui occupaient Constantinople, non pour exiger de l’or ou de l’argent, des perles ou des pierres précieuses, mais pour demander le trésor que l’on conservait à Epivati. Pouvait-il, en effet, y trouver quelque chose de plus cher à son cœur que le corps de sainte Parascève, gloire immortelle de la nation bulgare? — « Lors même qu’ils me demanderaient la moitié de mon royaume, se disait-il en lui-même, je suis prêt à l’accorder ; or ou argent, n’importe quel bien, je suis prêt à tout donner, pourvu qu’ils nous rendent ce trésor incomparable. » — Les Francs acquiescèrent à la demande d’Asène, et, dans cette rencontre comme dans toutes les autres, ils mirent de l’empressement à satisfaire son désir. Ils lui cédèrent donc l’objet de ses vœux, en y joignant d’autres présents, marques de leur déférence, et en assurant qu’ils donneraient volontiers leur vie, si cela était nécessaire. Le prince Asène II, transporté de joie, envoya sur-le-champ le vénérable métropolitain de Preslavl, pour présider à la translation des saintes reliques. Marc (c’était le nom du prélat), arrivé à Epivati, rendit à sainte Parascève les honneurs qui lui étaient dus, puis il leva avec respect ses restes vénérés et prit la route de Ternovo, au milieu des chants de reconnaissance envers la sainte.
 
Au sortir des possessions des Francs, et lorsqu’il fut arrivé sur le territoire bulgare, les habitants des environs vinrent à sa rencontre avec des flambeaux allumés et de l’encens, et accompagnèrent la châsse jusqu’à Ternovo, capitale du royaume. Dès que Jean Asène en fut instruit, il sortit de la ville, avec la reine Hélène, sa mère, la reine Anne, son épouse, et tous les magnats de son royaume ; à leur suite marchait <!--page 296 -->
le patriarche Basile, accompagné d’un nombreux clergé et d’une multitude innombrable de fidèles. Le roi, avec sa suite, s’avança à pied, à quatre stades de la ville<ref>2,400 pas.</ref>, au-devant de sainte Parascève ; et lorsque les saintes reliques furent découvertes, il les baisa, le premier de tous, avec une effusion de piété qui toucha les cœurs. On plaça le corps de la sainte dans la basilique de la ville. Elle y reposait encore à l’époque où le patriarche Euthyme traçait ces lignes, et elle ne cessait d’accorder des guérisons de toute nature à quiconque accourait avec amour et confiance à sa tombe révérée. Plus tard, échappé comme par miracle au fanatisme musulman, le dépôt sacré fut cédé, d’abord au gospodar de la Moldo-Valachie, puis, bientôt après, à la reine de la Serbie, Angélina, qui le transporta à Belgrade, d’où il fut envoyé à Constantinople ; et enfin, en 1641, donné par le patriarche Parthenius au gospodar moldave, Basile Lupulo, et placé dans la cathédrale de Yassy, où on le conserva jusqu’à nos jours. Malgré ces déplacements multipliés, malgré le séjour si prolongé de la vierge d’Epivati au milieu des Moldo-Valaques, le nom de sainte Parascève n’a jamais cessé de vivre au sein de la nation bulgare, qui la vénère comme sa patronne et la compte au
nombre de ses gloires les plus pures.
 
 
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