« Sainte Parascève » : différence entre les versions

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lui rendant insupportable le commerce du monde, elle abandonna tout et se retira dans un désert pour s’y livrer entièrement à la pratique de la contemplation. Sa vie toute spirituelle et angélique rappelait celle du grand contemplateur Hélie et de saint Jean-Baptiste, précurseur du Sauveur. Les yeux constamment tournés vers Celui qui fortifie les faibles et protége les humbles de cœur, elle souffrait, sans se plaindre, les rigueurs de la chaleur et du froid, ne se nourrissait que de quelques herbes insipides qui croissaient à grand’peine dans sa solitude ; elle n’étanchait sa soif qu’avec de l’eau, et encore ces modestes réfections les prenait-elle assez tard dans la soirée et dans une quantité si peu considérable qu’elles suffisaient à peine à la rassasier complétement.
 
Qui dira l’abondance de ses larmes ? qui comptera le nombre de ses soupirs ? Celui-là seul aux regards de qui rien ne saurait échapper, la voyait étendre sur la terre nue les membres meurtris par les plus rigoureuses mortificationsmortifications. À d’autres, dans la solitude, les soins du labourage ; à d’autres, l’éducation des coursiers ; à d’autres, les parures élégantes, les lits somptueux, les demeures magnifiquesmagnifiques, les esclaves vigilantes ; pour elle, ce qui lui importait le plus, c’était la pureté de cœur et le compte qu’elle avait à rendre un jour à son divin Époux et à son juge souverain. ''C’est toi que je cherche, ô mon bien-aimé'', disait-elle sans cesse avec l’Épouse des Cantiques : ''Indiquez-moi où est l’objet de mes affections''. De quel ornement parera-t-elle sa lampe pour le recevoir ? De quelle huile la remplira-t-elle ? D’où lui viendra la douce voix de l’Époux ? Où s’unira-t-elle au groupe des vierges sages ? Comment jouira-t-elle de la présence, de la beauté resplendissante, de la gloire, de la société béatifiante de l’Époux divin ? Tel fut l’objet habituel de son ambition, telle fut l’aspiration constante de son cœur, et voilà ce qui mettait sur ses yeux comme un voile pour ne pas voir les choses de la terre. ''Quand viendrai-je, s’écriait-elle, quand apparaîtrai-je en présence de mon Dieu ?''
 
Ces pieuses ardeurs, ces incessantes sollicitudes déplurent souverainement à l’ennemi de notre salut. Aussi ne cessait-il de l’effrayer par des fantômes mensongers ; et, pour mieux l’envelopper dans les filets de l’illusion, il prenait mille formes différentes. Mais la sainte s’était ménagé un refuge assuré contre les ruses du démon : la prière, à laquelle elle mêlait d’abondantes larmes. Munie de cette arme invincible, la courageuse vierge bravait, malgré la fragilité de son sexe, les menaces du Goliath infernal, défaisant comme des toiles d’araignée les artificesartifices
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de l’esprit malin. De la sorte, au moment où, dans sa malice, ce serpent se glorifiaitglorifiait avec le plus d’insolence, notre vierge, aussi prudente qu’intrépide, l’abattait d’une main victorieuse et le foulait aux pieds comme un ver de terre. En domptant ainsi sa nature et en ornant son âme de toutes les grâces de l’Esprit-Saint, elle accomplit cette parole du prophète : ''Le roi sera épris de ta beauté''. Autant était étroite la voie qu’elle suivit, autant furent grands les progrès qu’elle fit dans la science des saints, et les longues années de la solitude partagées entre la prière et la pénitence lui permirent de fournir une carrière pleine de mérites.