« Un célèbre physicien français : Victor Regnault » : différence entre les versions

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* La Revue du Mois
 
* Discours prononcé par M. [[Paul Langevin]], à l’occasion de la célébration du Centenaire de [['''Victor Regnault]]''', au Collège de France, le 18 décembre 1910
 
Mesdames, Messieurs, Je dois vous rappeler d’abord comment Regnault fut conduit à s’occuper de physique, à s’engager dans la voie où il devait s’illustrer de la manière la plus remarquable en laissant une œuvre extraordinaire à la fois par son étendue, par la rapidité de son exécution et par sa résistance aux injures du temps. Il était engagé dans son travail sur la loi de Dulong et Petit, lorsqu’il fut nommé, coup sur coup, professeur de chimie à l’École polytechnique, puis membre de l’Académie des sciences dans la section de chimie en 1814 et l’année suivante professeur de physique au Collège de France, par décret du 21 avril 1841. Il avait été désigné à l’unanimité par l’assemblée des professeurs pour succéder à Savart, troisième titulaire après Lefèvre-Gineau et Ampère de la chaire de physique générale et expérimentale. Dans l’intervalle de ces nominations s’était produite la circonstance qui fut décisive dans la carrière de Regnault et vint donner à son œuvre tant d’ampleur et tant d’unité. La machine à vapeur, créée depuis le commencement du siècle, prenait pour l’industrie une importance de plus en plus grande ; la première compagnie de chemins de fer venait de se constituer en France. Il était nécessaire que la construction du nouvel engin pût être basée sur des données numériques précises et que l’on sût calculer à l’avance sur un projet de machine, combien de travail elle pourrait fournir et combien de chaleur il faudrait lui donner. En 1821, le gouvernement français avait déjà confié à Dulong et Arago la mission d’effectuer les mesures nécessaires, mais ceux-ci avaient à peine commencé les travaux préliminaires et repris l’étude de la compressibilité des gaz en vue de construire un manomètre, que des difficultés administratives vinrent tout arrêter. Vingt ans plus tard, le besoin devenant vraiment de toute urgence, le ministère des Travaux publics reprit le même projet et en confia l’exécution à Regnault, particulièrement désigné par ses travaux récents en calorimétrie. Devant cette tâche précise qui donnait un but à son activité, un lien définitif à ses pensées, Regnault se mit à l’œuvre avec l’ardeur de ses trente ans, avec une volonté constamment tendue pendant une période de trente autres années, avec un courage qui ne faiblit ni devant les fatigues ni devant les dangers, et ceux-ci étaient grands puisqu’après plusieurs accidents de moindre importance, une chute terrible, faite en 1856, d’une grande hauteur, à l’occasion d’une expérience, le laissa douze jours sans connaissance, produisant un choc cérébral tel qu’il lui fallut plusieurs années pour se remettre et qu’il ne put jamais recouvrer complètement la vigueur de son esprit et la rapidité de ses décisions. Une lettre de l’astronome Herschel, datée de 1862, montre combien, six ans après l’accident, les amis de Regnault s’inquiétaient encore à ce sujet. II s’était redressé cependant et marchait, plus péniblement, vers l’achèvement complet de son œuvre, lorsque les malheurs de la guerre, particulièrement cruels pour lui, vinrent l’abattre de manière définitive. Les quinze premières années de son passage au Collège, de 18-i6 à 1856, furent les plus fécondes, et aussi les plus heureuses de sa vie. Arrivé à trente ans à une situation scientifique qui est d’ordinaire le couronnement d’une longue carrière, délivré par elle de tout souci matériel et d’autant plus sensible à cette circonstance que ses premières années avaient été plus pénibles, il avait auprès de lui une femme délicate et artiste, des parentes, toutes soucieuses de créer l’atmosphère propice à son labeur incessant, puis bientôt quatre enfants pour qui leurs dons naturels