« Hymne à la nuit (Monavon) » : différence entre les versions
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{{TitrePoeme|Le Sylphe, Revue littéraire, volume 6|Gabriel Monavon|Hymne à la nuit}}
<center><small>Dis,
<center><small>G. M.</small></center>
<poem>Ce soir, sur les sommets des lointaines collines
Parmi les voiles
A
Dans un lit de splendeurs,
Les arbres des forêts, les roseaux et les plantes,
Saluant
Ont lentement courbé leurs têtes nonchalantes,
Comme des courtisans autour
Les brises ont mêlé les parfums de leurs urnes
Aux longs soupirs des bois ; les fleurs ont palpité,
Et
Une dernière fois les oiseaux ont
Puis, par degré, ces voix
Le calme universel sur la terre est tombé ;
Aux champs plus de rumeurs, et, dans le ciel immense,
Sur son trône
Déesse des songeurs, ô nuit tiède et sereine !
Pâle sœur du soleil, mères des longs repos,
Sur ton char emporté par les Heures
Tu sèmes en ton vol tes bienfaisants
Le laboureur lassé
Auprès de ses grands bœufs, artisans des sillons ;
Et le pauvre oublieux
En tous lieux tu répands la force avec la joie :
Des heureux les plaisirs, par toi, sont immortels,
Et les amants rêveurs sur leur couche de soie,
Comme à la volupté,
Pour moi seul, nuit cruelle, ô nuit impitoyable !
Tu
Et mon cœur reste en proie au tourment qui
Soit que meurent les soirs ou naissent les
Et cependant, je
Loin des hommes jaloux et des bruits importuns,
O nuit !
Et de tes vents sacrés
Ma vie est comme un vase empli de lie amère ;
Les tumultes humains en ont troublé les flots ;
Mais, la nuit, tout
Redescendue au fond, ne souille plus les eaux.
O nuit,
Où le penseur se courbe au dur labeur du jour,
Tu délivres enfin mon âme
Dis,
Vivre en toi,
Pendant
Combien de fois, o nuit ! sous un pan de ta robe,
Qui caressait mon front par le doute abattu,
A travers les lueurs que le jour nous dérobe,
Quand tu mènes au ciel le chœur de tes étoiles,
Dont les rayons
O reines des songeur ! dans les plis de tes voiles.
Le poète inspiré cueille ses plus beaux
Tous mes chants te sont dus, vierge aux cheveux
Mon âme est une lyre endormie et sans
Ses cordes
Ses accords
Mes aspirations, mes angoisses secrètes,
Mes désespoirs, mes vœux, mes larmes, mes tourments,
Je te les ai
En y mêlant tes pleurs et tes
O nuit, que maintenant je bénis et
Comme un cri de douleur cet hymne commencé
Pour le vulgaire, ô nuit ! réserve tes pavots :
Que le fécond penseur accomplit ses
Tandis
De ces mondes cachés
Se lever les splendeurs du soleil idéal ;
Là que le pur amour éblouit sa paupière,
Et
Pauvre amante inconnue, ô Béatrice ! ô Laure !
Francesca, Juliette ! ô beau songe incarné !
Dans
Mais ma lampe pâlit et
Déjà
Le marteau matinal résonne sur
O nuit sacrée, adieu !
Comme un essaim craintif, ô mes blanches pensées !
Colombes de mon cœur rentrez dans votre
Sous les flèches du jour vous tomberiez blessées,
Et nul ne vous plaindrait, car
Le jour,
A la Muse, à
Laboureur, cours aux champs, et soldat, ceins ton glaive ;
Qui que tu sois, agis !
Poète ! souffre aussi : que ta sueur ruisselle
Sur les sillons ouverts où les blés jauniront ;
Prends ta part de travail dans
Et
Pour songer, pour pleurer, attends la nuit immense :
Les hommes
Bois, orgueilleux et seul, tes larmes en silence,
1887</poem>
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