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dans ces cryptes lugubres ; mais, même avant Constantin, les chrétiens étaient trop nombreux pour n’avoir pas d’autres lieux de réunion. Les catacombes étaient donc avant tout des cimetières, et dans ces cimetières il pouvait y avoir des chapelles employées aux offices des morts. Telle est l’apparence des catacombes, et, suivant les autorités les meilleures, l’apparence est la réalité.
dans ces cryptes lugubres ; mais, même avant Constantin, les chrétiens étaient trop nombreux pour n’avoir pas d’autres lieux de réunion. Les catacombes étaient donc avant tout des cimetières, et dans ces cimetières il pouvait y avoir des chapelles employées aux offices des morts. Telle est l’apparence des catacombes, et, suivant les autorités les meilleures, l’apparence est la réalité.


« Quand j’étais enfant, dit saint Jérôme, et que je m’instruisais aux études libérales, j’avais coutume, avec d’autres du même âge et de même occupation, de visiter aux jours du Seigneur les sépulcres des apôtres et des martyrs, et de pénétrer souvent jusque dans les cryptes <ref>Ce nom de cryptes et celai de ''cimenteria'', ou mieux ''coemeteria'', qui signifiait d’abord un tombeau, puis une sépulture commune ou ''areœ sepulturarum'', sont les noms anciennement employés. À Rome même, celui de cimetière est plus usité que celui de catacombes.</ref>. » C’est le nom que portaient ces lieux célèbres, non celui de catacombes, employé pour la première fois en ce sens vers l’an 600 par Grégoire le Grand.
« Quand j’étais enfant, dit saint Jérôme, et que je m’instruisais aux études libérales, j’avais coutume, avec d’autres du même âge et de même occupation, de visiter aux jours du Seigneur les sépulcres des apôtres et des martyrs, et de pénétrer souvent jusque dans les cryptes <ref>Ce nom de cryptes et celui de ''cimenteria'', ou mieux ''coemeteria'', qui signifiait d’abord un tombeau, puis une sépulture commune ou ''areœ sepulturarum'', sont les noms anciennement employés. À Rome même, celui de cimetière est plus usité que celui de catacombes.</ref>. » C’est le nom que portaient ces lieux célèbres, non celui de catacombes, employé pour la première fois en ce sens vers l’an 600 par Grégoire le Grand.


La destination n’en avait pas alors changé. L’église continua d’y déposer les morts longtemps après Constantin et la fin des persécutions ; mais cet usage était de beaucoup antérieur. Les fidèles avaient dû de bonne heure être ensevelis dans un lieu réservé, loin des tombeaux de leurs ennemis. La terre des gentils ne pouvait recevoir leur poussière. Des chrétiens devaient reposer en terre sainte. Quoique l’usage de brûler les morts ne fût pas universel, il était assez commun pour être regardé comme la coutume païenne. Les Juifs ne l’avaient jamais connu. C’était dans la pierre qu’ils creusaient les tombeaux. « Joseph, ayant pris le corps, l’enveloppa dans un linceul blanc, le mit dans son sépulcre, qui n’avait pas encore servi et qu’il avait fait tailler dans le roc, et, après avoir roulé une grande pierre à l’entrée du sépulcre, il se retira, » (Matth., XXVIII, 59, 60.) Cette description précise du plus saint des tombeaux donne une exacte idée du mode d’ensevelissement usité à Jérusalem et pour les morts qu’on voulait le plus honorer. Il est assez simple que les premiers néophytes l’aient adopté, et que la sépulture du Christ soit devenu la sépulture chrétienne. Quand les apôtres venus de l’Orient ne le leur auraient pas prescrit, les premiers Romains convertis devaient se régler naturellement sur les exemples du Calvaire. Or l’ensevelissement dans les cavités latérales des parois des catacombes était l’imitation la plus exacte de l’inhumation hébraïque, de l’inhumation du Sauveur. Aussi a-t-il été continué, même lorsque les chrétiens n’avaient plus nulle raison de se cacher pour aucun devoir. Ainsi s’explique l’usage plus tard adopté de creuser des niches dans le mur des églises ou de leurs cryptes pour y placer les
La destination n’en avait pas alors changé. L’église continua d’y déposer les morts longtemps après Constantin et la fin des persécutions ; mais cet usage était de beaucoup antérieur. Les fidèles avaient dû de bonne heure être ensevelis dans un lieu réservé, loin des tombeaux de leurs ennemis. La terre des gentils ne pouvait recevoir leur poussière. Des chrétiens devaient reposer en terre sainte. Quoique l’usage de brûler les morts ne fût pas universel, il était assez commun pour être regardé comme la coutume païenne. Les Juifs ne l’avaient jamais connu. C’était dans la pierre qu’ils creusaient les tombeaux. « Joseph, ayant pris le corps, l’enveloppa dans un linceul blanc, le mit dans son sépulcre, qui n’avait pas encore servi et qu’il avait fait tailler dans le roc, et, après avoir roulé une grande pierre à l’entrée du sépulcre, il se retira, » (Matth., XXVIII, 59, 60.) Cette description précise du plus saint des tombeaux donne une exacte idée du mode d’ensevelissement usité à Jérusalem et pour les morts qu’on voulait le plus honorer. Il est assez simple que les premiers néophytes l’aient adopté, et que la sépulture du Christ soit devenu la sépulture chrétienne. Quand les apôtres venus de l’Orient ne le leur auraient pas prescrit, les premiers Romains convertis devaient se régler naturellement sur les exemples du Calvaire. Or l’ensevelissement dans les cavités latérales des parois des catacombes était l’imitation la plus exacte de l’inhumation hébraïque, de l’inhumation du Sauveur. Aussi a-t-il été continué, même lorsque les chrétiens n’avaient plus nulle raison de se cacher pour aucun devoir. Ainsi s’explique l’usage plus tard adopté de creuser des niches dans le mur des églises ou de leurs cryptes pour y placer les