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à un degré extraordinaire l’expression poétique de toutes les beautés naturelles de la femme. Qu’elle chante les langueurs du désir dans la jeune fille, la désolation morne d’un Ariane abandonnée ou les chauds enthousiasmes de la charité maternelle, son chant garde toujours l’accent délicieux de la femme ; pas d’emprunt, pas d’ornement factice, rien que ''l’éternel féminin'', comme dit le poëte allemand. C’est donc dans sa sincérité même que {{Mme}} Valmore a trouvé sa récompense, c’est-à-dire une gloire que nous croyons aussi solide que celle des artistes parfaits. Cette torche qu’elle agite à nos yeux pour éclairer les mystérieux bocages du sentiment, ou qu’elle pose, pour le raviver, sur notre plus intime souvenir, amoureux ou filial, cette torche, elle l’a allumée au plus profond de son propre cœur. Victor Hugo a exprimé magnifiquement, comme tout ce qu’il exprime, les beautés et les enchantements de la vie de famille ; mais seulement dans les poésies de l’ardente Marceline vous trouverez cette chaleur de couvée maternelle, dont quelques-uns, parmi les fils de la femme, moins ingrats que les autres, ont gardé le délicieux souvenir. Si je ne craignais pas qu’une comparaison trop animale fût prise pour un manque de respect envers cette adorable femme, je dirais que je trouve en elle la grâce, l’inquiétude, la souplesse et la violence de la femelle, chatte ou lionne, amoureuse de ses petits.
à un degré extraordinaire l’expression poétique de
toutes les beautés naturelles de la femme. Qu’elle
chante les langueurs du désir dans la jeune fille, la
désolation morne d’un Ariane abandonnée ou les
chauds enthousiasmes de la charité maternelle, son
chant garde toujours l’accent délicieux de la femme ;
pas d’emprunt, pas d’ornement factice, rien que ''l’éternel''
''féminin,'' comme dit le poëte allemand. C’est donc
dans sa sincérité même que {{Mme}} Valmore a trouvé sa
récompense, c’est-à-dire une gloire que nous croyons
aussi solide que celle des artistes parfaits. Cette torche
qu’elle agite à nos yeux pour éclairer les mystérieux
bocages du sentiment, ou qu’elle pose, pour le raviver,
sur notre plus intime souvenir, amoureux ou filial,
cette torche, elle l’a allumée au plus profond de son
propre cœur. Victor Hugo a exprimé magnifiquement,
comme tout ce qu’il exprime, les beautés et les enchantements
de la vie de famille ; mais seulement dans
les poésies de l’ardente Marceline vous trouverez cette
chaleur de couvée maternelle, dont quelques-uns,
parmi les fils de la femme, moins ingrats que les
autres, ont gardé le délicieux souvenir. Si je ne craignais
pas qu’une comparaison trop animale fût prise
pour un manque de respect envers cette adorable
femme, je dirais que je trouve en elle la grâce, l’inquiétude,
la souplesse et la violence de la femelle,
chatte ou lionne, amoureuse de ses petits.


On a dit que {{Mme}} Valmore, dont les premières poésies
On a dit que {{Mme}} Valmore, dont les premières poésies datent déjà de fort loin (1818), avait été de notre
datent déjà de fort loin (1818), avait été de notre