« L’Héritier de village » : différence entre les versions

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'' La scène est dans un village. ''
 
 
==[[Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 4.djvu/75]]==
 
 
==Scène première==
 
==[[Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 4.djvu/75]]==
BLAISE, CLAUDINE, ARLEQUIN
 
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Oh bian ! il ne lantarnera plus. ''(Il pleure.)'' Le pauvre homme a pris sa secousse.
 
{{Personnage|CLAUDINE|c}}
==[[Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 4.djvu/76]]==
 
{{Personnage|CLAUDINE|c}}
Hélas ! il est donc trépassé ce coup-ci ?
 
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Eh, eh, eh ! baille-moi cinq sols de monnaie, je n’ons que de grosses pièces.
 
{{Personnage|CLAUDINE|c}}, ''
==[[Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 4.djvu/77]]==
 
{{Personnage|CLAUDINE|c}}, ''le contrefaisant. ''
 
Eh eh eh ; dis donc, Nicaise, avec tes cinq sols de monnaie ! qu’est-ce que t’en veux faire ?
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Oui, Madame, ça est çartain.
 
{{Personnage|CLAUDINE|c}}, ''
==[[Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 4.djvu/79]]==
 
joyeuse.''
{{Personnage|CLAUDINE|c}}, ''joyeuse.''
 
Ça est çartain ? mais ne rêves-tu pas ? n’as-tu pas le çarviau renvarsé ?
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Savoir queu badinage on me fera.
 
{{Personnage|BLAISE|c}}
==[[Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 4.djvu/85]]==
 
{{Personnage|BLAISE|c}}
Tians, par exemple, prends que je ne sois pas ton homme, et que t’es la femme d’un autre ; je te connais, je vians à toi, et je batifole dans le discours ; je te dis que t’es agriable, que je veux être ton amoureux, que je te conseille de m’aimer, que c’est le plaisir, que c’est la mode : Madame par-ci, Madame par-là ; ou êtes trop belle ; qu’est-ce qu’ou en voulez faire ? prenez avis, vos yeux me tracassent, je vous le dis ; qu’en sera-t-il ? qu’en fera-t-on ? Et pis des petits mots charmants, des pointes d’esprit, de la malice dans l’œil, des singeries de visage, des transportements ; et pis : Madame, il n’y a, morgué, pas moyen de durer ! boutez ordre à ça. Et pis je m’avance, et pis je plante mes yeux sur ta face, je te prends une main, queuquefois deux, je te sarre, je m’agenouille ; que repars-tu à ça ?
 
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Pargué ! ce ne sera pas moi, je ne sis pas si sot ni si ridicule.
 
{{Personnage|CLAUDINE|c}}
==[[Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 4.djvu/88]]==
 
{{Personnage|CLAUDINE|c}}, ''
Mais quand je ne serons que tous deux, est-ce que tu me haïras ?
 
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T’as raison, femme ; je pense itou que c’est de la belle manière, ça se pratique ; mais ce chapitre-là ne me reviant pas.
 
{{Personnage|CLAUDINE|c}}
==[[Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 4.djvu/89]]==
 
{{Personnage|CLAUDINE|c}}, ''
Mon homme, si je n’ons pas un amoureux, ça nous fera tort, mon ami.
 
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Vous n’en pouvez pas douter.
 
{{Personnage|LE CHEVALIER|c}}
==[[Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 4.djvu/91]]==
 
{{Personnage|LE CHEVALIER|c}}
Eh donc je conclus qu’elle est folle.
 
Ligne 575 ⟶ 577 :
Mais, Blaise, faites donc réflexion que je vous parle.
 
{{Personnage|BLAISE|c}}
==[[Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 4.djvu/93]]==
 
{{Personnage|CLAUDINEBLAISE|c}}
Prenez un brin de patience, Madame, comportez-vous doucement.
 
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Dans quelle voiture ?
 
{{Personnage|
==[[Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 4.djvu/95]]==
 
BLAISE|c}}
{{Personnage|CLAUDINEBLAISE|c}}
 
Dans la voiture de l’autre monde.
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Sandis ! le galant homme dit vrai, cousine ; je connais ce Rapin et sa signature ; voilà cent mille francs, c’est comme s’il en tenait le coffre ; je les honore beaucoup, et cela change la thèse.
 
{{Personnage|MADAME
==[[Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 4.djvu/96]]==
 
DAMIS|c}}
{{Personnage|MADAME DAMIS|c}}
 
Cent mille francs !
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Colin fait ''bis''.
 
{{Personnage|LE CHEVALIER|c}}
==[[Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 4.djvu/97]]==
 
{{Personnage|LE CHEVALIER|c}}
On ne peut de répétitions plus spirituelles, vous m’enchantez, je n’en ai point assez dit : cent mille francs, capdebious ! vous vous moquez, vous êtes trop modestes, et si vous me fâchez, je vous compare aux astres tous tant que vous êtes.
 
Ligne 856 ⟶ 858 :
Oui, oui, Madame est prou gentille, mais je ne voyons rian de ça, moi, car ce n’est que ma femme ; poursuivez.
 
{{Personnage|LE CHE
==[[Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 4.djvu/102]]==
 
VALIER|c}}
{{Personnage|LE FISCALCHEVALIER|c}}
 
Je vous disais donc que Madame a regardé Monsieur Colin, qu’elle le parcourait en le regardant, et semblait dire : que n’êtes-vous à moi, le petit homme ; que vous seriez bien mon fait ! Là-dessus je me suis mis à regarder Mademoiselle Colette ; la demoiselle en même temps a tourné les yeux dessus moi ; tourner les yeux dessus quelqu’un, rien n’est plus simple, ce semble ; cependant du tournement d’yeux dont je parle, de la beauté dont ils étaient, de ses charmes et de sa douceur, de l’émotion que j’ai sentie, ne m’en demandez point de nouvelles, voyez-vous, l’expression me manque, je n’y comprends rien. Est-ce votre fille, est-ce l’Amour qui m’a regardé ? je n’en sais rien ; ce sera ce que l’on voudra ; je parle d’un prodige, je l’ai vu, j’en ai fait l’épreuve, et n’en réchapperai point. Voilà toute la connaissance que j’en ai.
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Queu plaisir ! Oh bian je nous accordons à tout, pourveu que Madame n’aille pas dire que ce mariage n’est pas de niviau avec elle.
 
{{Personnage|
==[[Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 4.djvu/104]]==
 
BLAISE|c}}
{{Personnage|BLAISE|c}}
 
Oh, morguenne ! tout va de plain-pied ici, il n’y a ni à monter ni à descendre, voyez-vous.
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Bonjour, maître Blaise.
 
{{Personnage|BLAISE|c}}
==[[Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 4.djvu/106]]==
 
{{Personnage|BLAISE|c}}
Serviteur, noute fiscal. Mais appelez-moi Monsieur Blaise ; ça m’appartiant.
 
Ligne 1 043 ⟶ 1 045 :
Chiquet à chiquet, dans quelques dizaines d’années.
 
{{Personnage|LE FISCAL|c}}
==[[Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 4.djvu/109]]==
 
{{Personnage|LE CHEFISCAL|c}}
Bon bon, dans cent ans ; laissons cela. Mais vous avez l’âme belle, et j’ai une grâce à vous demander, laquelle est de vouloir bien me prêter cinquante francs.
 
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Monsieur, que vous plaît-il de moi ?
 
{{Personnage|BLAISE|c}}
==[[Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 4.djvu/110]]==
 
{{Personnage|BLAISE|c}}
Il me plaît que vous bailliez une petite leçon de bonne manière à nos enfants : dressez-les un petit brin selon leur qualité, à celle fin qu’ils puissent tantôt batifoler à la grandeur, suivant les balivarnes du biau monde ; vous ferez bian ça ?
 
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Eh pardi ! il n’y a qu’à dire, je serai pus hardie ; car je me retians à cette heure-ci. Tenez, ce n’était que mon frère qui m’en contait, dame ! ça n’affriole pas. Mais, Monsieur le Chevalier, c’est une autre histoire ; sa mine me plaît ; vous varrez, vous varrez comme ça me démène le cœur. Voulez-vous que je lui dise que je l’aime ? ça me fera biaucoup de plaisir.
 
{{Personnage|ARLEQUIN|c}}
==[[Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 4.djvu/115]]==
 
{{Personnage|BLAISEARLEQUIN|c}}
Prrrr… comme elle y va ! tout le sang de la famille court la poste ; patience, mon écolière ; je vous disais donc quelque chose…, où en étions-nous ?
 
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L’aimable enfant ! elle entend ce que je lui dis ; et moi, je n’y comprends rien. ''(Tout haut.)'' Le Chevalier continuera ; d’abord il ne sera que poli ; petit à petit il deviendra tendre.
 
{{Personnage|COLETTE|c}}
==[[Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 4.djvu/116]]==
 
{{Personnage|BLAISECOLETTE|c}}
Et moi qui le varrai venir, je m’avancerai à l’avenant.
 
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Vous ne la connaissez donc pas ?
 
{{Personnage|COLETTE|c}}, ''faisant la révérence. ''
==[[Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 4.djvu/119]]==
 
{{Personnage|COLETTE|c}}, ''faisant la révérence. ''
Non, Monsieur ; je n’avons pas cet honneur-là.
 
Ligne 1 551 ⟶ 1 553 :
Il parle un assez mauvais langage, mais il est amusant.
 
{{Personnage|COLIN|c}}
==[[Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 4.djvu/124]]==
 
{{Personnage|COLIN|c}}
Il est vrai que je ne savons pas l’ostographe ; mais morgué ! je sommes tout à fait drôle ; quand je ris, c’est de bon cœur ; quand je chante, c’est pis qu’un marle, et de chansons j’en savons plein un boissiau ; c’est toujours moi qui mène le branle, et pis je saute comme un cabri ; et boute et t’en auras, toujours le pied en l’air ; n’y a que moi qui tiant, hors Mathuraine, da, qui est aussi une sauteuse, haute comme une parche. La connaissez-vous ? c’est une bonne criature, et moi aussi ; tenez, je prends le temps comme il viant, et l’argent pour ce qu’il vaut. Parlons de vous. Je sis riche, ous êtes belle, je vous aime bian, tout ça rime ensemble ; comment me trouvez-vous ?
 
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Je crois que vous m’aimerez ; mais écoutez, Colin ; il faudra vous conformer un peu à ce que je vous dirai ; j’ai de l’éducation, moi, et je vous mettrai au fait de bien des choses.
 
{{Personnage|COLIN|c}}
==[[Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 4.djvu/125]]==
 
{{Personnage|COLIN|c}}
Bian entendu ; mais avec la parmission de votre éducation, dites-moi, suis-je pas aimable ?