« Page:Du Bellay - Œuvres complètes, édition Séché, tome 3.djvu/47 » : différence entre les versions

Berthothos (discussion | contributions)
Aucun résumé des modifications
Contenu (par transclusion) :Contenu (par transclusion) :
Ligne 3 : Ligne 3 :
<poem>
<poem>
France, mère des arts, des armes et des loix,
France, mère des arts, des armes et des loix,
Tu m’as nourri long temps du laict de ta mammelle :
Tu m’as nourri long temps du laict de ta mammelle,
Ores, comme un aigneau qui sa nourrice appelle,
Ores, comme un aigneau qui sa nourrice appelle,
Je remplis de ton nom les antres et les bois.
Je remplis de ton nom les antres et les bois.


Si tu m’as pour enfant advoué quelquefois,
Si tu m’as pour enfant advoué quelquefois,
Que ne me respons-tu maintenant, ô cruelle ?
Que ne me respons-tu maintenant, ô cruelle ?
France, France, respons à ma triste querelle :
France, France, respons à ma triste querelle :
Mais nul, sinon Écho, ne respond à ma voix.
Mais nul, sinon Écho, ne respond à ma voix.


Entre les loups cruels j’erre parmi la plaine,
Entre les loups cruels j’erre parmi la plaine,
Je sens venir l’hyver, de qui la froide haleine
Je sens venir l’hyver, de qui la froide haleine
D’une tremblante horreur fait herisser ma peau.
D’une tremblante horreur fait herisser ma peau.


Las, tes autres aigneaux n’ont faute de pasture,
Las, tes autres aigneaux n’ont faute de pasture,
Ils ne craignent le loup, le vent ni la froidure :
Ils ne craignent le loup, le vent, ni la froidure :
Si ne suis-je pourtant le pire du troppeau.
Si ne suis-je pourtant le pire du troppeau.
</poem>
</poem>


Ligne 25 : Ligne 25 :
<poem>
<poem>
Ce n’est le fleuve Thusque au superbe rivage,
Ce n’est le fleuve Thusque au superbe rivage,
Ce n’est l’air des Latins, ni le mont Palatin,
Ce n’est l’air des Latins ni le mont Palatin,
Qui ores (mon Ronsard) me fait parler Latin,
Qui ores (mon Ronsard) me fait parler Latin,
Changeant à l’estranger mon naturel langage :
Changeant à l’estranger mon naturel langage :


C’est l’ennuy de me voir trois ans et davantage,
C’est l’ennuy de me voir trois ans, et d'avantage,
Ainsi qu’un Prométhé, cloué sur l’Aventin,
Ainsi qu’un Prométhé, cloué sur l’Aventin,
Où l’espoir miserable et mon cruel destin,
Où l’espoir miserable et mon cruel destin,
Non le joug amoureux, me detient en servage.
Non le joug amoureux, me detient en servage.


Et quoy (Ronsard), et quoy, si au bord estranger
Et quoy (Ronsard), et quoy, si au bord estranger,
Ovide osa sa langue en barbare changer
Ovide osa sa langue en barbare changer,
Afin d’estre entendu, qui me pourra reprendre
Afin d’estre entendu, qui me pourra reprendre


D’un change plus heureux ? nul, puisque le François,
D’un change plus heureux ? nul, puisque le François,
Quoy qu’au Grec et Romain égalé tu te sois,
Quoy qu’au Grec et Romain egalé tu te sois,
Au rivage Latin ne se peut faire entendre.
Au rivage Latin ne se peut faire entendre.
</poem>
</poem>


Ligne 47 : Ligne 47 :
<poem>
<poem>
Bien qu’aux arts d’Apollon le vulgaire n’aspire,
Bien qu’aux arts d’Apollon le vulgaire n’aspire,
Bien que de tels tresors l’avarice n’ait soin,
Bien que de tels tresors l’avarice n’ait soin,
Bien que de tels harnois le soldat n’ait besoin,
Bien que de tels harnois le soldat n’ait besoin,
Bien que l’ambition tels honneurs ne desire :
Bien que l’ambition tels honneurs ne desire :
</poem>
</poem>