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moyen d’y exercer une action prépondérante, — jamais la noblesse ne sut se prévaloir des avantages qui lui étaient concédés, ni profiter des occasions qui lui étaient offertes pour établir solidement son influence. Des tentatives plus récentes ont été faites en sa faveur ; l’empereur Nicolas {{rom-maj|ii|2}} s’est préoccupé des moyens de relever sa situation économique ; son père, dans les dernières années de son règne, avait institué des ''chefs de cantons'', fonctionnaires rétribués, à la fois administrateurs et juges, qui doivent être choisis parmi les propriétaires nobles et exercent sur les communes une sorte de tutelle — innovation dangereuse par parenthèse, puisqu’elle porte atteinte aux franchises communales. Mais la noblesse demeura ce qu’elle fut toujours, une isolée tirant sa force des faveurs du trône ou des lois de {{corr|l’Etat|l’État}} et non de son propre organisme, ne pouvant, par conséquent, servir d’appui ni au trône ni à {{corr|l’Etat|l’État}}. Si l’on fait exception pour le noyau très restreint des
moyen d’y exercer une action prépondérante, — jamais la noblesse ne sut se prévaloir des avantages qui lui étaient concédés, ni profiter des occasions qui lui étaient offertes pour établir solidement son influence. Des tentatives plus récentes ont été faites en sa faveur ; l’empereur Nicolas {{rom-maj|ii|2}} s’est préoccupé des moyens de relever sa situation économique ; son père, dans les dernières années de son règne, avait institué des ''chefs de cantons'', fonctionnaires rétribués, à la fois administrateurs et juges, qui doivent être choisis parmi les propriétaires nobles et exercent sur les communes une sorte de tutelle — innovation dangereuse par parenthèse, puisqu’elle porte atteinte aux franchises communales. Mais la noblesse demeura ce qu’elle fut toujours, une isolée tirant sa force des faveurs du trône ou des lois de {{corr|l’Etat|l’État}} et non de son propre organisme, ne pouvant, par conséquent, servir d’appui ni au trône ni à {{corr|l’Etat|l’État}}. Si l’on fait exception pour le noyau très restreint des descendants de Rurik et des Jagellons, la plupart des nobles russes sont de
sang étranger, Géorgiens, Grecs, Valaques, Lithuaniens, Polonais, Suédois, Allemands, ou bien ce sont des anoblis du ''tchine'', ce mandarinat moscovite qui, de Pierre le Grand à Alexendre {{rom-maj|iii|3}}, suffisait à conférer la noblesse héréditaire. {{corr|A|À}} cette imperfection d’origine est venue s’ajouter l’action des
descendants de Rurik et des Jagellons, la plupart des nobles russes sont de
coutumes testamentaires. La Russie est un pays de « partage égal ». Elle répugne au droit d’aînesse, et l’usage des majorats, malgré les encouragements donnés en haut lieu, n’a pu s’implanter sérieusement ; les biens se divisent, le titre appartient également à tous les fils. Sur ces grandes plaines uniformes d’ailleurs, la féodalité n’eut jamais prise et le « château » n’est ordinairement qu’une habitation toute moderne, reconstruite après maints incendies et pas toujours à la même place.
sang étranger. Géorgiens, Grecs, Valaques, Lithuaniens, Polonais, Suédois,
Allemands, ou bien ce sont des anoblis du tchine, ce mandarinat moscovite
qui, de Pierre le Grande Alexendre III, suffisait à conférer la noblesse
héréditaire. A cette imperfection d’origine est venue s’ajouter Faction des
coutumes testamentaires. La Russie est un pays de «partage égal». Elle
répugne au droit d’aînesse, et l’usage des majorats, malgré les encouragements
donnés en haut lieu, n’a pu s’implanter sérieusement ; les biens se
divisent, le titre appartient également à tous les fils. Sur ces grandes
plaines uniformes d’ailleurs, la féodalité n’eut jamais prise et le «château»
n’est ordinairement qu’une habitation toute moderne, reconstruite après
maints incendies et pas toujours à la même place.


Pour qu’une aristocratie formée de la sorte pût jouer un rôle important,
Pour qu’une aristocratie formée de la sorte pût jouer un rôle important,