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Deux faits s’imposent qui dominent les autres : l’agonie de l’Autriche et la captivité de l’Angleterre.
Deux faits s’imposent qui dominent les autres : l’agonie de l’Autriche et la captivité de l’Angleterre.


L’Autriche se meurt ; le danger de sa disparition vient de l’impossibilité où seront ses héritiers de répudier sa redoutable succession. Elle a cinq héritiers : l’Italie pour le Trentin, l’Empire allemand pour les provinces germaniques, la Bohême, la Hongrie et la Pologne. L’annexion des provinces germaniques aura l’avantage de mieux équilibrer l’Empire allemand et de lui faciliter les débouchés économiques sur l’Adriatique ; mais elle déplacera son centre de gravité politique, nécessitera une refonte de ses rouages gouvernementaux et obligera le roi de Prusse à séparer, au lieu de les confondre, ses deux souverainetés ; en un mot, elle arrachera l’Allemagne à la suprématie prussienne, Cela peut-il se faire sans résistance ? — La libération de la Pologne autrichienne aura pour résultat immédiat de poser à nouveau la question polonaise dans des conditions telles qu’il sera presque impossible de l’étouffer. {{corr|A|À}} la Russie de la résoudre ; elle le pourra en rendant à la Pologne son autonomie ; mais cela équivaudra à renoncer pour elle-même à l’autocratisme. Ce serait à vrai dire un grand bienfait, car l’autocratisme est une impasse politique. Seulement, cela aussi peut-il se faire sans résistance ? Voilà donc les deux plus grands {{corr|Etats|États}} de l’Europe remués jusqu’en leurs fondements par cette succession d’Autriche qui, d’autre part, exposera les Hongrois et les Tchèques à un nombre infini de difficultés gouvernementales ; le tout sans préjudice de troubles presque inévitables dans les Balkans. Où vit-on jamais un pareil ensemble d’éventualités menaçantes ?
L’Autriche se meurt ; le danger de sa disparition vient de l’impossibilité
où seront ses héritiers de répudier sa redoutable succession. Elle a cinq
héritiers : l’Italie pour le Trentin, l’Empire allemand pour les provinces
germaniques, la Bohême, la Hongrie et la Pologne. L’annexion des provinces
germaniques aura l’avantage de mieux équilibrer l’Empire allemand
et de lui faciliter les débouchés économiques sur l’Adriatique ; mais elle
déplacera son centre de gravité politique, nécessitera une refonte de ses
rouages gouvernemenfaux et obligera le roi de Prusse à Péparer, au lieu
de les confondre, ses deux souverainetés ; en un mot, elle arrachera l’Allemagne
à la suprématie prussienne, (^ela peut-il se faire sans résistance ? —
La libération de la Pologne autrichienne aura pour résultat immédiat de
poser à nouveau la question polonaise dans des conditions telles qu’il sera
pres({ue impossible de l’étouffer. A la Russie de la résoudre ; elle le pourra
en rendant à la Pologne son autonomie ; mais cela équivaudra à renoncer
pour elle-même à l’autocratisme. Ce serait à vrai dire un grand bienfait,
car l’autocratisme est une impasse politique. Seulement, cela aussi peut-il
se faire sans résistance ? Voilà donc les deux plus grands Etats de l’Europe
remués Jusqu’en leurs fondements par cette succession d’Autriche qui,
d’autre part, exposera les Hongrois et les Tchèques à un nombre infini de
difficultés gouvernementales ; le tout sans préjudice de troubles presque
inévitables dans les Balkans. Où vit-on jamais un pareil ensemble d’éventualités
menaçantes.^


Ce n’est pas tout. L’Angleterre est prisonnière de ses enfants, prisonnière
Ce n’est pas tout. L’Angleterre est prisonnière de ses enfants, prisonnière