« Éric Le Mendiant/1 » : différence entre les versions

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C’était une noble enfant que Marguerite, et le vieux Tanne-guy n’ignorait pas quel pur trésor Dieu lui avait envoyé !…
 
Dans un de ces moments, où emportée loin de son père, par l’élan de sa course, la blonde enfant ne songeait plus qu’à pourchasser les papillons et les vertes demoiselles, elle atteignit un endroit solitaire où la route se dégage tout à coup des petites haies vives qui jusque-là masquent l’horizon et permet au re-gardregard de planer au loin sur les vastes grèves de l’Océan.
 
Soit que Marguerite se sentît touchée de la beauté du spectacle qui s’offrait si inopinément à ses yeux, soit qu’une au-treautre cause eût fait naître en elle un sentiment mêlé de crainte et de joie, elle s’arrêta aussitôt et croisa ses deux bras demi-nus sur sa poitrine ! Puis, comme si la gaieté qui l’avait accompa-gnéeaccompagnée jusqu’alors, l’eût tout à coup abandonnée, comme si même une certaine terreur se fût emparée d’elle, elle regarda instincti-vementinstinctivement à ses côtés ne sachant si elle devait avancer ou reculer !…
 
Enfin, elle parut prendre son parti en brave, tourna vive-mentvivement sur elle-même, et après un nouveau mouvement d’hésitation, elle reprit sa course, et s’en alla rejoindre son père qu’elle ne tarda pas d’ailleurs à apercevoir.
 
La cause des craintes et des hésitations de Marguerite, est trop naturelle et a trop d’importance dans cette histoire, pour que nous en fassions plus longtemps un secret au lecteur.
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Disons donc de suite, qu’au moment où la jeune fille attei-gnaitatteignait l’extrémité du sentier où nous l’avons vue s’arrêter, un jeune homme, vêtu d’un costume élégant du matin, venait à elle, monté sur un magnifique cheval de race.
 
C’était presque un enfant encore… Il avait des yeux vifs et noirs, de longs cheveux bruns qui tombaient en boucles le long de ses tempes, et la petite moustache noire qui décrivait une courbe gracieuse sur sa lèvre, faisait ressortir la belle pâleur de sa peau…
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Le jeune cavalier n’avait point remarqué Marguerite, ou s’il l’avait remarquée, il ne l’avait assurément pas reconnue, car il continua sa route, sans chercher à accélérer le pas tranquille de sa monture.
 
Son regard errait vaguement à droite et à gauche et sa pen-séepensée suivait son regard.
 
Il rêvait !…
 
Il rêvait… à ces mille choses douces ou graves, charmantes ou terribles, qui se présentent fatalement à tout homme qui en-treentre dans la vie !…
 
Il se disait qu’il avait vingt-deux ans déjà, que la vie s’ouvrait devant lui, et qu’il ne savait quelle route choisir, parmi toutes ces routes qui s’offraient à lui.
 
Il se demandait quel sentiment inconnu, étrange, évoquait en son cœur enthousiaste le spectacle de l’Océan, ou cette su-blimesublime et triste harmonie des grandes solitudes.
 
C’était un enfant encore, et devant le problème insondable et irrésolu de la vie humaine, il se sentait hésiter, et il avait peur !…
 
Quand le vieux Tanneguy et le jeune cavalier se rencontrè-rentrencontrèrent, le visage du premier parut s’épanouir, et il lui fit un signe de tête plein de bienveillance et de sympathie. – Bonjour, mon-sieur Octave, lui
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dit-il en le saluant de la main, j’espère que vous voilà matinal aujourd’hui.
 
Le jeune cavalier avait arrêté son cheval, et après s’être in-cliné devant le père de Marguerite, il avait envoyé à cette der-nière un sourire particulier qui témoignait de relations anté-rieuresantérieures.
 
Puis, il se retourna vers Tanneguy.
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Marguerite devint rouge comme une cerise.
 
Mais le jeune homme était pour le moins aussi embarrassé que la jeune fille, et après quelques paroles banales échangées encore avec Tanneguy, il les salua tous deux par un geste gra-cieuxgracieux, leur promit d’aller bientôt les voir à leur ferme de Lan-meur, et enfonça lestement ses éperons dans les flancs de son cheval.
 
La noble bête prit aussitôt le trot, et monture et cavalier disparurent un instant après aux regards de Tanneguy et de sa fille.
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Quand ces derniers l’eurent perdu de vue, ils reprirent si-lencieusementsilencieusement leur chemin, et se dirigèrent du côté de Saint-Jean-du-Doigt, dont on voyait déjà poindre à l’horizon les pre-mièrespremières maisons…
 
À l’extrémité du village, sur une petite langue de terre, qui avançait presque aux bords de la grève, et derrière un bouquet d’arbres touffus, dont les tons verts et vifs, se détachaient net-tementnettement sur le fond sablonneux de la côte, s’élevaient les blan-chesblanches murailles d’une sorte de cottage solitaire.
 
Dès qu’ils aperçurent cette charmante habitation, un rayon de joie brilla un moment dans les regards de Tanneguy et dans ceux de sa fille, et, instinctivement, ils pressèrent le pas et hâtè-renthâtèrent leur marche…
 
Cette habitation, c’était le presbytère de Saint-Jean-du-Doigt !…