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===VIII.- Réhabilitation===
<center>VIII.- Réhabilitation</center>


On vient de lire, dans l’épitaphe de Morus, cette phrase si expressive : « ''Il fut fâcheux'' aux voleurs, aux homicides et aux ''hérétiques''. » Dans quel sens faut-il entendre le mot ''fâcheux'' ? Est-ce la froide confession d’un catholique austère qui croit n’avoir été qu’un ''fâcheux'' pour les gens qu’il a fait mourir ? ou bien n’est-ce que l’expression exacte et littérale de la conduite de Morus envers les hérétiques ? Allons-nous voir un magistrat exagérant par ses passions d’homme privé les lois qu’il est chargé d’exécuter, ou un homme refusant à ces lois toute la rigueur qu’elles demandent au magistrat ? C’est là le point le plus délicat de l’histoire de sir Thomas Morus. J’ai fait pressentir suffisamment mon opinion sur ce point par le titre même de ce chapitre. Qu’on me permette d’exposer naïvement par quelles réflexions j’ai été conduit à désirer cette réhabilitation, et par quelle série de preuves je crois pouvoir l’établir. On me pardonnera peut-être ce petit mouvement d’orgueil, orgueil de cœur plutôt que de tête, car j’ai été bien moins heureux de pouvoir contredire avec succès une opinion qui a force de chose jugée que de laver cette noble vie de Morus du crime d’avoir versé le sang.
On vient de lire, dans l’épitaphe de Morus, cette phrase si expressive : « ''Il fut fâcheux'' aux voleurs, aux homicides et aux ''hérétiques''. » Dans quel sens faut-il entendre le mot ''fâcheux'' ? Est-ce la froide confession d’un catholique austère qui croit n’avoir été qu’un ''fâcheux'' pour les gens qu’il a fait mourir ? ou bien n’est-ce que l’expression exacte et littérale de la conduite de Morus envers les hérétiques ? Allons-nous voir un magistrat exagérant par ses passions d’homme privé les lois qu’il est chargé d’exécuter, ou un homme refusant à ces lois toute la rigueur qu’elles demandent au magistrat ? C’est là le point le plus délicat de l’histoire de sir Thomas Morus. J’ai fait pressentir suffisamment mon opinion sur ce point par le titre même de ce chapitre. Qu’on me permette d’exposer naïvement par quelles réflexions j’ai été conduit à désirer cette réhabilitation, et par quelle série de preuves je crois pouvoir l’établir. On me pardonnera peut-être ce petit mouvement d’orgueil, orgueil de cœur plutôt que de tête, car j’ai été bien moins heureux de pouvoir contredire avec succès une opinion qui a force de chose jugée que de laver cette noble vie de Morus du crime d’avoir versé le sang.