« Les Vies des hommes illustres/Vie d’Alcibiade » : différence entre les versions

Contenu supprimé Contenu ajouté
o
Aucun résumé des modifications
Ligne 245 :
 
XLVIII. Alcibiade vivait alors dans un bourg de Phrygie avec Timandre sa concubine. Il songea une nuit que, vêtu des habits de cette courtisane, il était couché sur son sein ; qu’elle lui peignait et lui fardait le visage comme à une femme. D’autres disent qu’il vit en songe Magée qui lui coupait la tête, et faisait brûler son corps ; mais tous conviennent qu’il eut ce songe peu de temps avant sa mort. Ceux qu’on avait envoyés pour le tuer n’osèrent pas entrer ; ils environnèrent la maison et y mirent le feu. Alcibiade ne s’en fut pas plus tôt aperçu, que, ramassant tout ce qu’il put de hardes et de tapisseries, il les jeta dans le feu ; et, s’entourant le bras gauche de son manteau, il s’élança l’épée à la main à travers les flammes, et en sortit sans aucun mal, parce que le feu n’avait pas encore consumé les hardes qu’il y avait jetées. À sa vue tous les Barbares s’écartèrent ; aucun d’eux n’osa ni l’attendre, ni en venir aux mains avec lui ; ils l’accablèrent de loin sous une grêle de flèches et de traits, et le laissèrent mort sur la place. Quand les Barbares se furent retirés, Timandre enleva son corps, et, l’ayant enveloppé de ses plus belles robes, elle lui fit des funérailles aussi magnifiques que son état le lui permettait. On dit que Timandre eut pour fille Laïs, cette courtisane célèbre qu’on appelait la Corinthienne, mais qui avait été amenée captive d’Hyccara, petite ville de Sicile. Quelques historiens, en convenant de ce que je viens de rapporter sur la mort d’Acibiade, prétendent que, ni Pharnabaze, ni Lysandre, ni les Lacédémoniens, n’y eurent part, et qu’Alcibiade lui-même en fut seul la cause. Il avait séduit une jeune femme d’une maison noble du pays, avec laquelle il vivait ; les frères de cette femme, n’ayant pu supporter cette injure, mirent pendant la nuit le feu à la maison dans laquelle il était, et le tuèrent lorsqu’il se fut élancé, comme je l’ai déjà dit, à travers les flammes.
[[Catégorie:Littérature grecque d’époqued'époque romaineromaine‏‎]]