« La Tentation (Laprade) » : différence entre les versions

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[[Catégorie:Poèmes]]
{{TitrePoeme|[[Poèmes évangéliques]]|Victor de Laprade|La Tentation}}
 
==__MATCH__:[[Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/109]]==
 
 
{{t3|La Tentation}}
 
 
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I
 
Esprits immaculés d'amourd’amour et de lumière,
Astres vêtus encor de la candeur première,
Séraphins dans l'extasel’extase à jamais absorbés,
Vous qui ne luttez pas et n'êtesn’êtes pas tombés,
Sphères où ne croît pas l’arbre de la science,
Votre bonheur, là-haut, n’est qu’une longue enfance !
Mais, aujourd'huiaujourd’hui, troublant votre sérénité,
D’ici-bas jusqu’à vous quel nuage est monté ?
Est-ce bien que la terre, objet d’inquiétudes,
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Et l’ombre d’un figuier soir et matin dépasse
Le mur qui du jardin enclôt l’étroit espace.
, se parlent, assis sur le banc des aïeux,
Une femme et son fils qu’elle implore des yeux.
Recevant dans son cœur ce que le cœur adresse,
Grave et beau, le jeune homme écoute avec tendresse :
 
« Rien ne me sera plus quand vous aurez quitté
L’abri de votre mère et notre obscurité.
Mon cœur saigne déjà du sari-sari— dont vous inonde
Le combat du désert, surtout celui du monde ;
Et la voix qui vous dit : Va, fais l’œuvre de Dieu !
Je la sens dans mon sein comme un glaive de feu.
 
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Enfant dans vos baisers, jeune homme en vos discours,
Vous m’avez été bon et consolant toujours.
Votre cœur me parla dès que vos yeux s'ouvrirents’ouvrirent ;
Par vous des jours mauvais les instants me sourirent,
Lorsqu'enfantLorsqu’enfant, dans la vie entrant par un exil,
L'angeL’ange vos emporta vers les roseaux du Nil.
Vous sentiez mes douleurs avant de les comprendre ;
Par un mot caressant vous saviez tout me rendre,
Les pays, les autels pleurés par l'étrangerl’étranger.
Des plus secrets ennuis prompt à vous affliger,
Je vous parlais, déjà sérieuse et tout comme
Si vous portiez conseil et si vous étiez homme.
Mon esprit bien souvent s'ens’en trouva affermi ;
Tout enfant, votre mère eut en vous un ami.
Et lorsqu'enlorsqu’en Israël, à la fin nous entrâmes,
En vous donnant la main, heureuse entre les femmes,
Je passais, vous étiez entre ceux du hameau
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Depuis trente ans, Seigneur, nous vous gardons ainsi.
Pour son œuvre aujourd’hui que l’esprit vous réclame,
Tout mon bonheur de mère échappe de mon âme ;
Car d’un monde ennemi je sens déjà les coups :
Au calice de fiel je m’abreuve avant vous.
Malheur aux flancs choisis pour porter un prophète !
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Leur vigne et leur froment qu’il faut cueillir peut-être ;
D’autres, se disputant sur leurs droits indécis,
Font parler les vieillards près de la porte assis ;
Deux longs flots de passants se croisent sous son arche :
Le gain ou le plaisir aiguillonne leur marche.
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Et donner à porter à des pieds moins tremblants
Ce Sauveur retardé depuis quatre mille ans ?
Oh ! terrible union d'uned’une double nature,
Du Verbe créateur avec la créature !
Oh ! brisement du sein qui contient l'infinil’infini !
A la chair d'und’un mortel pourquoi vous être uni ;
Ou pourquoi votre esprit, touchant notre matière,
Ne la peut-il, Seigneur, consumer tout entière ?
Comment de l'hommel’homme en vous est-il assez resté
Pour trembler et souffrir dans la divinité ?
Tout mortel à me voir me prendrait pour un frère,
Et s'ils’il m'appellem’appelle ainsi sa bouche est téméraire ;
Lorsqu'auLorsqu’au-devant de moi je sens son cœur venir,
Je voudrais l'embrasserl’embrasser, et je dois le bénir !
Mon front doit se voiler devant un regard tendre.
L'amourL’amour qui m'estm’est offert c'estc’est à Dieu de le rendre.
Je ne puis me donner selon mes doux penchants,
Car j'appartiensj’appartiens à tous et surtout aux méchants !
Et ceux qui m'ontm’ont aimé de l'amourl’amour la plus forte
N'ontN’ont fait qu'unirqu’unir leur croix à celle que je porte. »
 
 
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Il vient par le désert qu’il a rendu complice ;
Il roule sur le roc, ou sur les fleurs il glisse ;
Il s'allonges’allonge et grandit comme un nuage errant,
Autour de l'ennemil’ennemi tourne en le resserrant ;
Il décrit lentement ses spirales infâmes
Le vautour infernal qui s'abats’abat sur les âmes ;
Il arrive sans bruit et de chaque horizon,
Et forme autour du cœur une adroite prison.
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Que le Verbe éternel votre fils et vous-même,
Ce fils que vous aimez, Seigneur, et qui vous aime,
Ne délaisse jamais mon cœur qu'ilqu’il a fait sien :
Hors ce qu'ilqu’il peut en moi, mon âme ne peut rien ;
Oui, je le sens, mon Dieu, cette chair qui le porte
Reçut, étant si faible, une tâche trop forte.
Soufflez-moi, chaque jour, votre haleine de feu,
Car l'hommel’homme tremble en moi de faillir sous le Dieu.
Vous soutiendrez mon cœur, l'ayantl’ayant fait votre vase.
Votre main, qui posa l'universl’univers sur sa base,
Sur sa tige affermit la pauvre fleur des champs.
L'âmeL’âme, ici-bas livrée aux aquilons méchants,
Ne mûrit pas de grains pour la moisson divine,
Si dans votre amour seul elle n'an’a pris racine.
O Verbe, dont chacun porte un rayon dans soi,
Puisque vous m'habitezm’habitez, Seigneur, protégez-moi,
Et défendez mon cœur du démon qui l'effraiel’effraie
Comme vous défendez le froment de l'ivraiel’ivraie,
L'étoileL’étoile du nuage et de l'obscuritél’obscurité,
En abondant chez eux de sève et de clarté.
Je suis prêt au combat, mon père, et vous supplie ;
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Tu ne tenteras point ton Dieu. »
 
Le noir Esprit
L’emporta de nouveau sur un mont solitaire
Et, d’en haut, lui montra les choses de la terre,
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C’est à juger les cœurs qu’il met d’abord sa ruse :
Habile à préparer à chacun son écueil,
Dans l’homme il comprend tout...tout… hors l’absence d’orgueil.
 
 
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Le prix dépend pour tous de celui qui combat.
 
Oui, l'œuvrel’œuvre de salut ici-bas se consomme ;
Le sort même du ciel s'attaches’attache au Fils de l'hommel’homme ;
L'hommeL’homme seul a reçu, pour être ici tenté,
Le fardeau de la croix et de la liberté ;
L'hommeL’homme est le seul esprit qui souffre et qui mérite.
Des soleils habités la douleur est proscrite :
Notre globe, expiant pour les globes heureux,
Est tombé, se relève et triomphe pour eux.
Tout l'universl’univers se lave à nos larmes fécondes :
Le sang des fils d'Adamd’Adam coule pour tous les mondes,
Et Jésus, effaçant le sombre arrêt du dam,
Jésus saigne et combat pour tous les fils d'Adamd’Adam.
 
Mais, du démon vaincu répandant la nouvelle,
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Tout coin de l’univers que la pensée habite,
Où le désir de vie en un germe palpite,
Tout connut ce triomphe...triomphe… excepté les humains ;
Car le glaive, toujours, doit veiller dans leurs mains.
Du repos énervant que pour l’âme il redoute,
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Ce n’est pas trop, Seigneur, de voir dans l’avenir.
 
Il vit donc, sur le mont d'oùd’où Satan prit la fuite,
Cette Jérusalem nouvellement construite,
Aux murs de jaspe et d'ord’or, aux douze fondements
Faits de douze couleurs, de douze diamants ;
Où jamais n'estn’est entré rien de tout ce qui rampe,
l'espritl’esprit est le temple, où l'amourl’amour est la lampe,
Et qui porte en son ciel, toujours pur et vermeil,
La gloire du Seigneur pour lune et pour soleil.