« La Mort d’un chêne » : différence entre les versions
Contenu supprimé Contenu ajouté
m Bot : Remplacement de texte automatisé (-(class=prose|class="prose"|class=text) +class="text") |
mAucun résumé des modifications |
||
Ligne 1 :
<div class="text" >
{{TitrePoeme|[[Odes et poèmes]]|Victor de Laprade|La Mort d’un chêne}}
[[Catégorie:Poèmes]]
==__MATCH__:[[Page:Laprade - Psyché, 1857.djvu/233]]==
{{t3|La Mort d’un chêne|II}}
Ligne 7 ⟶ 15 :
I
Quand
Ô roi
Mon âme, au premier coup, retentit indignée,
Et dans la forêt sainte il se fit un grand deuil.
Un murmure éclata sous ses ombres paisibles ;
Je vis errer des bois les hôtes invisibles,
Pour te défendre, hélas ! contre
Tout un peuple effrayé partit de ton feuillage,
Ligne 22 ⟶ 30 :
Perçant de cris aigus tes gémissements sourds.
Le flot triste hésita dans
Le haut du mont trembla sous les pins chancelants,
Et
Ta chute laboura, comme un coup de tonnerre,
Un arpent tout entier sur le sol paternel ;
Et quand son sein meurtri reçut ton corps, la terre
Eut un rugissement terrible et solennel
Car Cybèle
Comme un premier enfant que sa mère a nourri ;
Du plus pur de sa sève elle abreuvait tes veines,
Et son front se levait pour te faire un abri.
Elle entoura tes pieds
Où toujours en avril elle faisait germer
Pervenche et violette à
Pour
Toi, sur elle épanchant cette ombre et tes murmures,
Oh ! tu lui payais bien ton tribut filial !
Et chaque automne à flots versait tes feuilles mûres,
Comme un manteau
La terre
Pour parler dans la brise, elle a créé les bois
Quand elle veut gémir
Des chênes et des pins elle emprunte la voix.
Cybèle
Chaque branche portait son nid ou son essaim
Abeille, oiseaux, reptile, insecte qui fourmille,
Tous avaient la pâture et
Ta chute a dispersé tout ce peuple sonore ;
Mille êtres avec toi tombent anéantis ;
À ta place, dans
Quelques pauvres oiseaux qui cherchent leurs petits.
Tes rameaux ont broyé des troncs déjà robustes ;
Autour de toi la mort a fauché largement.
Tu gis sur un monceau de chênes et
Et ton éternité pourtant me semblait sûre !
La terre te gardait des jours
La sève afflue encor par
Qui dessécha le tronc séparé de ses pieds.
Ligne 77 ⟶ 85 :
Le chêne ne boit plus ce breuvage sacré.
Dis adieu, pauvre chêne, au printemps qui
Hier, il
Tu ne sentiras plus ce bonheur de revivre :
Adieu, les nids
Adieu, les noirs essaims bourdonnant sur tes branches,
Le frisson de la feuille aux caresses du vent,
Adieu, les frais tapis de mousse et de pervenches
Où le bruit des baisers
Ô chêne ! je comprends ta puissante agonie !
Ligne 92 ⟶ 100 :
Je devine, ô géant ! ce que tu dois souffrir.
Ainsi
Son fer a dépecé les rameaux et le tronc ;
Cet être harmonieux sera fumée et cendre,
Et la terre et le vent se le partageront !
Mais
Où
Et
Une au fond, mais
Quel
Pour le divin repos
Dans un jeune univers, si tu dois y renaître,
Puisses-tu retrouver la force et la beauté !
Car
Poète vêtu
Je vis avec lenteur, triste et calme, et, comme elles,
Je porte haut ma tête, et chante au moindre vent.
Je crois le bien au fond de tout ce que
Comme un chêne immobile, en mon repos sonore,
En moi de la forêt le calme
De ses arbres sacrés, dans
Et mon cœur apaisé vit
Mais
Rien ne nous restera des asiles mystiques
Où
Prends ton vol, ô mon cœur ! la terre
Et les oiseaux du ciel, les rêves infinis,
Les blanches visions qui cherchent les lieux sombres,
Bientôt
La terre se dépouille et perd ses sanctuaires ;
Ligne 137 ⟶ 145 :
La hache a fait tomber les chênes et les dieux.
Plus
Plus de rites sacrés sous les grands dômes verts !
Nous léguons à nos fils la terre dévastée ;
Ligne 147 ⟶ 155 :
Ainsi tu gémissais, poète, ami des chênes,
Toi qui gardes encor le culte des vieux jours.
Tu vois
Va !
Lève-toi !
La lyre doit savoir prédire et consoler ;
Quand
De vie et
Crains-tu de voir tarir la sève universelle,
Parce
Ô poète ! âme ardente en qui
Organe de la vie, as-tu peur du néant ?
Va !
Le grand semeur a bien des graines à semer.
La nature
Car, ton cœur le sait bien, Dieu
Tandis que tu gémis sur cet arbre en ruines,
Mille germes là-bas, déposés en secret,
Sous le regard de Dieu, veillent dans ces collines,
Tout prêts à
Nos fils pourront aimer et rêver sous leurs dômes ;
Le poète adorer la nature et chanter :
Dans
Un idéal plus pur viendra les visiter.
Croissez sur nos débris, croissez, forêts nouvelles !
Sur vos jeunes bourgeons nous verserons nos pleurs ;
Faire un plus doux ombrage à des hôtes meilleurs.
Vous
Aux chants, aux jeux sacrés, vos séjours sont propices ;
Votre mousse aux loisirs offre des lits épais.
Ne penche plus ton front sur les choses qui meurent ;
Tourne au levant tes yeux, ton cœur à
Les arbres sont tombés, mais les germes demeurent ;
Tends sur ceux qui naîtront tes bras pour les bénir.
Poète aux longs regards, vois les races futures,
Vois ces bois merveilleux à
Dans ton sein prophétique écoute les murmures
Écoute ! au lieu
Sur des coteaux baignés par des clartés sereines,
Où des peuples joyeux semblent se reposer,
Sous les chênes émus, les hêtres et les frênes,
On dirait
|