« Tom Jones ou Histoire d’un enfant trouvé/Tome 2 » : différence entre les versions

Contenu supprimé Contenu ajouté
Phe-bot (discussion | contributions)
m Yann: match
Ligne 1 533 :
Le lieutenant dont nous venons de parler, était un homme d’environ soixante ans. Entré fort jeune au service, il s’était trouvé en qualité d’enseigne au combat de Taniers ; il y avait reçu deux blessures, et signalé son courage par des actions si brillantes, que le duc de Marlborough l’avait nommé lieutenant sur le champ de bataille.
 
Il languissait dans le même grade depuis cette époque, c’est-à-dire depuis environ quarante ans. Durant ce long intervalle de temps, il avait vu une infinité d’officiers avancer à ses dépens ; et il éprouvait maintenant la mortification d’être commandé par des enfants, dont les pères étaient en nourrice à son début dans la carrière.
 
Sa mauvaise fortune
=== no match ===
une infinité d’officiers avancer à ses dépens ; et il éprouvait maintenant la mortification d’être commandé par des enfants, dont les pères étaient en nourrice à son début dans la carrière.
ne venait pas seulement du manque de protections. Il avait eu le malheur de déplaire à son colonel qui était resté nombre d’années à la tête du régiment. Ce n’est pas qu’il se fût attiré sa malveillance par des torts personnels, ou par quelque négligence dans le service. L’inconséquence de sa femme en était l’unique cause. Elle avait une grande beauté, elle aimait beaucoup son mari ; et malgré toute sa tendresse pour lui, elle n’avait pu se résoudre à acheter son avancement, au prix de certaines conditions que le colonel exigeait d’elle.
 
Sa mauvaise fortune ne venait pas seulement du manque de protections. Il avait eu le malheur de déplaire à son colonel qui était resté nombre d’années à la tête du régiment. Ce n’est pas qu’il se fût attiré sa malveillance par des torts personnels, ou par quelque négligence dans le service. L’inconséquence de sa femme en était l’unique cause. Elle avait une grande beauté, elle aimait beaucoup son mari ; et malgré toute sa tendresse pour lui, elle n’avait pu se résoudre à acheter son avancement, au prix de certaines conditions que le colonel exigeait d’elle.
 
Le pauvre homme était d’autant plus à plaindre, qu’en ressentant les effets de la haine de son chef, il ne soupçonnait même pas qu’il eût en lui un ennemi : et comment l’aurait-il deviné, puisqu’il était sûr de ne l’avoir jamais offensé ? Sa femme, par prudence, évitait de l’éclairer. Elle connaissait la délicatesse du lieutenant sur le point d’honneur, et se contentait de conserver sa vertu intacte, sans chercher à en tirer vanité.
Ligne 1 563 :
M. Adderly, ainsi se nommait l’autre enseigne, s’était amusé jusque-là à battre du pied la mesure d’un air qu’il fredonnait, sans paraître écouter la conversation. Il y prit part en ce moment. « Oh ! monsieur, dit-il, on ne parle pas de religion à la guerre.
 
– Bravo, Jacques ! s’écria Northerton, s’il ne
==__MATCH__:[[Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 2.djvu/182]]==
s’agissait que de la religion, je laisserais les prêtres vider eux-mêmes leur querelle.
 
– Je ne sais, messieurs, dit Jones, quelle est votre opinion. Quant à moi, je pense qu’on ne peut servir une plus noble cause que celle de sa religion. Dans le peu d’histoire que j’ai lu, j’ai observé que le zèle religieux a toujours été le plus puissant aiguillon du courage. Je me pique de ne le céder à personne en amour pour mon roi et pour mon pays ; et cependant l’intérêt de la religion protestante n’est pas le moindre motif qui m’excite à prendre les armes. ».