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Hogg <ref> La saveur rustique des poésies de Hogg, le talent descriptif dont il a fait preuve dans ses contes, la force et la facilité de sa verve méritent en effet qu’il ne soit pas confondu avec la foule des médiocrités dont le Parnasse anglais est encombré depuis la mort de lord Byron. Bien supérieur à Montgomery et à Grahame, moins monotone qu’eux, bon écrivain en prose, il ne lui manque, pour s’élever à une supériorité incontestée, que cette réflexion critique, cette philosophie, cette instruction première, que son éducation ne lui a pas données. Le plus grand malheur de Hogg est d’être venu après Burns et de l’avoir imité.</ref> est, comme il se représente lui-même, ''un berger''. La première fois que je le vis, c’était à Queenberry ; il avait son ''plaid'' roulé autour de lui, ses chiens à ses côtés, et son cœur était plein de rêves poétiques. Il demeure à Yarow, dans une ferme que lui a cédée le généreux duc de Buccleugh. Là, les pâturages lui donnent des agneaux, la rivière du poisson, les montagnes du gibier ; il mène une vie de calme et d’indépendance, à l’abri de toute inquiétude et de toute rumeur importune. Comme poète, il s’est élevé très-haut. Inférieur à Burns, pour l’énergie d’expressions et les mouvemens passionnés de l’ame, il ne le cède à personne pour le libre et naturel essor d’une imagination hardie et sans culture <ref> On a vu se déployer, dans les heureuses et brillantes esquisses de M. Cunningham, une partie des richesses littéraires que l’Angleterre a vu éclore au commencement de ce siècle. Le cadre séparé dans lequel l’auteur a placé chacune de ses biographies, s’est opposé à ce qu’il établit dans son tableau un ensemble harmonieux. Il n’a pas pu montrer encore la prose influant sur la poésie, et la poésie sur la prose ; Burke, par son ''Traité du sublime'', et Godwin par ses admirables créations, éveillant le génie farouche de Byron ; de leur côté, Coleridge et Wordsworth opposant leur foi pure et féconde, leurs vers inspirés et pieux, aux créations douloureuses de l’auteur de ''Caleb Williams'' ; Southey se réfugiant dans les contrées lointaines, et Walter Scott dans le passé. Mais sans doute l’auteur s’est réservé cette tâche pour la suite de son œuvre.</ref>.
Hogg <ref> La saveur rustique des poésies de Hogg, le talent descriptif dont il a fait preuve dans ses contes, la force et la facilité de sa verve méritent en effet qu’il ne soit pas confondu avec la foule des médiocrités dont le Parnasse anglais est encombré depuis la mort de lord Byron. Bien supérieur à Montgomery et à Grahame, moins monotone qu’eux, bon écrivain en prose, il ne lui manque, pour s’élever à une supériorité incontestée, que cette réflexion critique, cette philosophie, cette instruction première, que son éducation ne lui a pas données. Le plus grand malheur de Hogg est d’être venu après Burns et de l’avoir imité.</ref> est, comme il se représente lui-même, ''un berger''. La première fois que je le vis, c’était à Queenberry ; il avait son ''plaid'' roulé autour de lui, ses chiens à ses côtés, et son cœur était plein de rêves poétiques. Il demeure à Yarow, dans une ferme que lui a cédée le généreux duc de Buccleugh. Là, les pâturages lui donnent des agneaux, la rivière du poisson, les montagnes du gibier ; il mène une vie de calme et d’indépendance, à l’abri de toute inquiétude et de toute rumeur importune. Comme poète, il s’est élevé très-haut. Inférieur à Burns, pour l’énergie d’expressions et les mouvemens passionnés de l’ame, il ne le cède à personne pour le libre et naturel essor d’une imagination hardie et sans culture <ref> On a vu se déployer, dans les heureuses et brillantes esquisses de M. Cunningham, une partie des richesses littéraires que l’Angleterre a vu éclore au commencement de ce siècle. Le cadre séparé dans lequel l’auteur a placé chacune de ses biographies, s’est opposé à ce qu’il établit dans son tableau un ensemble harmonieux. Il n’a pas pu montrer encore la prose influant sur la poésie, et la poésie sur la prose ; Burke, par son ''Traité du sublime'', et Godwin par ses admirables créations, éveillant le génie farouche de Byron ; de leur côté, Coleridge et Wordsworth opposant leur foi pure et féconde, leurs vers inspirés et pieux, aux créations douloureuses de l’auteur de ''Caleb Williams'' ; Southey se réfugiant dans les contrées lointaines, et Walter Scott dans le passé. Mais sans doute l’auteur s’est réservé cette tâche pour la suite de son œuvre.</ref>.


ALLAN CUNNINGHAM.