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24 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE
24 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE


pièces. La première était la boutique, mais pour
pièces. La première était la boutique, mais pour Baptiste elle avait tant d'importance que c'était la boutique qu'il appelait la maison. C'est sous ce nom qu'il a fallu en parler. La seconde pièce était la chambre.
Baptiste elle avait tant d'importance que c'était la
boutique qu'il appelait la maison. C'est sous ce nom
qu'il a fallu en parler. La seconde pièce était la
chambre.


La chambre ne comptait guère : elle était la pièce dans laquelle on ne travaille pas. Elle contenait les lits, la table et les chaises. Elle contenait encore un buffet, une armoire, une horloge, et, sur la cheminée, de chaque côté de la glace, étaient posés deux vases dans lesquels la femme eût pu mettre des fleurs si l'idée lui en était venue. Elle contenait tout ce que l'on avait acquis par le travail que l'on avait fait dans la boutique.
La chambre ne comptait guère : elle était la
pièce dans laquelle on ne travaille pas. Elle
contenait les lits, la table et les chaises. Elle
contenait encore un buffet, une armoire, une
horloge, et, sur la cheminée, de chaque côté de la
glace, étaient posés deux vases dans lesquels la
femme eût pu mettre des fleurs si l'idée lui en
était venue. Elle contenait tout ce que l'on avait
acquis par le travail que l'on avait fait dans la
boutique.


Dans les chambres les hommes ne sont pas chez
Dans les chambres les hommes ne sont pas chez eux.
eux.


Elle était l'endroit où les femmes sont chez elles. Les femmes s'y livrent à leurs occupations. Elles frottent les meubles, on dirait qu'elles les polissent ; et, les femmes ne trouvant rien d'assez beau pour elles, on dirait qu'elles s'exercent chaque jour à les perfectionner. Les femmes aussi connaissent et pratiquent un métier de l'ordre et de l'alignement. Baptiste, parfois, en riant, appelait la chambre : le salon. Il n'osait plus y mettre les pieds, craignant, par la seule présence de son corps d'ouvrier, de rompre une mystérieuse harmonie pour laquelle il ne se sentait pas fait.
Elle était l'endroit où les femmes sont chez
elles. Les femmes s'y livrent à leurs occupa-
tions. Elles frottent les meubles, on dirait qu'elles
les polissent ; et, les femmes ne trouvant rien
d'assez beau pour elles, on dirait qu'elles s'exercent
chaque jour à les perfectionner. Les femmes aussi
connaissent et pratiquent un métier de l'ordre et
de l'alignement. Baptiste, parfois, en riant, appelait
la chambre : le salon. Il n'osait plus y mettre les
pieds, craignant, par la seule présence de son
corps d'ouvrier, de rompre une mystérieuse har-
monie pour laquelle il ne se sentait pas fait.

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