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sous le sens ou sous le raisonnement : l’authorité y est inutile ; la raison seule a lieu d’en connoistre<ref>« {{lang|la|Non enim Philosophus est, qui multa sensibus commendata meminit, sed qui tacitis cogitationibus ruminata percipit et intelligit}}. » Cette proposition de Jansénius (''Lib. Proœm.'', ch.&nbsp;{{sc|iv}}), est d’autant plus remarquable qu’elle pourrait servir d’épigraphe au ''Discours de la Méthode'', paru, comme on le sait une année seulement avant la mort de Jansénius. La concordance des deux ouvrages, pour ce qui concerne la condamnation de la Scholastique, est de nature à expliquer la stabilité de l’équilibre spirituel où vécut Pascal de 1646 à 1649, poursuivant avec ardeur le succès de ses recherches scientifiques et attaché avec ferveur à la restauration de la foi suivant Port-Royal.</ref>. Elles ont leurs droits separés : l’une avoit tantost tout l’advantage ; ici l’autre regne à son tour. Mais comme les subjets de cette sorte sont proportionnés à la portée de l’esprit, il trouve une liberté toute entiere de s’y estendre : sa fecondité inepuisable produit continuellement, et ses inventions peuvent estre tout ensemble sans fin et sans interruption<ref>« Lacune ».</ref>…
132 ŒUVRES


C’est ainsy que la geometrie, l’arithmetique, la musique, la physique, la medecine, l’architecture, et toutes les sciences qui sont soumises à l’experience et au raisonnement, doivent estre augmentées pour devenir parfaictes. Les anciens les ont trouvées seulement esbauchées par ceux qui les ont precedés ; et nous les laisserons à ceux qui viendront apres nous en un estat plus accompli que nous ne les avons receues. Comme leur perfection depend du temps et de la peine, il est evident qu’encore que nostre peine et nostre temps nous eussent moins acquis que leurs travaux, separez des nostres, tous deux neantmoins
SOUS le sens ou sous le raisonnement : l'authorité y
est inutile ; la raison seule a lieu d'en connoistre^
Elles ont leurs droits séparés : l'une avoit tantost
tout l'advantage ; ici l'autre règne à son tour. Mais
comme les subjets de cette sorte sont proportionnés
à la portée de l'esprit, il trouve une liberté toute en-
tière de s'y estendre : sa fécondité inépuisable pro-
duit continuellement, et ses inventions peuvent estre
tout ensemble sans fin et sans interruption ^ . .

C'est ainsy que la géométrie, l'arithmétique, la
musique, la physique, la médecine, l'architecture,
et toutes les sciences qui sont soumises à l'expé-
rience et au raisonnement, doivent estre augmentées
pour devenir parfaictes. Les anciens les ont trouvées
seulement esbauchées par ceux qui les ont précédés ;
et nous les laisserons à ceux qui viendront après
nous en un estât plus accompli que nous ne les avons
receues. Comme leur perfection dépend du temps et
de la peine, il est évident qu'encore que nostre peine
et nostre temps nous eussent moins acquis que leurs
travaux, séparez des nostres, tous deux neantmoins

1. « Non enim Philosophus est, qui multa sensibus commendata
meminit, sed qui tacitis cogitationibus ruminata percipit et intel-
ligit. » Cette proposition de Jansénius (Lib. Proœm., ch. ivj, est
d'autant plus remarquable qu'elle pourrait servir d'épigraphe au Dis-
cours de la Méthode, paru, comme on le sait une année seulement
avant la mort de Jansénius. La concordance des deux ouvrages, pour
ce qui concerne la condamnation de la Scholastique, est de nature à
expliquer la stabilité de l'équilibre spirituel où vécut Pascal de i646
à 1649, poursuivant avec ardeur le succès de ses recherches scienti-
fiques et attaché avec ferveur à la restauration de la foi suivant
Port-Royal.

2. « Lacune ».

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