« Théologie portative, ou Dictionnaire abrégé de la religion chrétienne » : différence entre les versions

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==__MATCH__:[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/125]]==
<DT>Imitation
 
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<DT>Immense
 
<DD>Dieu est immense, il est partout, il remplit tout. Il est donc dans moi quand je fais une sottise ? Eh ! Point
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/126]]==
du tout, grand nigaud ! Il est partout, sans néanmoins être dans vous ; ah ! J’entends, c’est un mystère.
 
 
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<DT>Immunités
 
<DD>Privilèges très prudemment accordés par les princes ou plutôt par la divinité même à ses valets de pied ; en vertu des immunités ils peuvent être
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/127]]==
très insolents ici bas, et sont exemts de contribuer comme les autres aux besoins de la société. Dieu n’est jamais de plus méchante humeur que quand on touche aux immunités de ses gens ; il s’en venge communément soit de vive force soit en traître.
 
 
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<DT>Implicite
 
<DD>C’est le caractère que doit avoir la foi quand elle est bien conditionnée ;
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/128]]==
cette foi est la même chose que la foi du charbonnier ; elle consiste à ne jamais douter de ce que dit M le curé, quand on est catholique ; de ce que dit le professeur Vernet quand on est genevois ; de ce que dit le muphti, quand on est un bourgeois de Constantinople.
 
 
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<DT>Imprimerie
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/129]]==
 
<DD>Invention diabolique et digne de l’antéchrist ; elle devrait être proscrite de tout pays chrétien. Les fidéles n’ont pas besoin de livres, un chapelet leur suffit. Pour bien faire on ne devrait imprimer que le bréviaire et le pédagogue chrétien.
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des âmes qui se trouvaient damnées<BR>
sans savoir comment.<BR>
 
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/130]]==
pour réparer le mal de la pomme<BR>
voici donc ce qu’à son fils il dit : <BR>
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nul n’entend mieux à nouer une affaire,<BR>
c’est là son métier.<BR>
 
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/131]]==
il fait son compliment dès qu’il entre,<BR>
et comme un ange il a de l’esprit ; <BR>
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<DT>Incrédules
 
<DD>Ce sont des coquins qui ne sont point crédules ; ils ont l’impertinence de supposer que Dieu pourrait bien n’avoir pas dit tout ce qu’on lui fait dire, et que ses prêtres pourraient bien vouloir en donner à garder. On voit évidemment que des gens de cette trempe sont inutiles au clergé et par
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/132]]==
conséquent à la société, qui ne peut se passer du clergé. D’ailleurs st Augustin, qui y avait bien rêvé, nous assure que l’incrédulité est le péché des péchés.
 
 
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<DT>Ineffable
 
<DD>Toutes les qualités divines sont ineffables, c’est-à-dire au dessus de toute expression, au dessus de l’intelligence humaine. Mais comme les prêtres en raisonnent sans cesse, les bons chrétiens doivent pieusement supposer qu’ils savent très bien ce qu’ils disent, lorsqu’ils parlent de choses ineffables auxquelles le vulgaire ne comprend rien.
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/133]]==
le vulgaire ne comprend rien.
 
 
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<DT>Infini
 
<DD>C’est ce qui n’est point fini ou ce dont on ne connaît point le terme. Dieu est infini, c’est-à-dire que les théologiens ne savent point au juste jusqu’où ses qualités s’étendent. Le clergé partage avec Dieu l’infinité ; comme lui il est infiniment sage, infiniment puissant, infiniment respecté par les chrétiens qui sont d’une infinie simplicité.
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/134]]==
d’une infinie simplicité.
 
 
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<DT>Inquisition
 
<DD>Tribunal sacré, c’est à dire, composé de prêtres et de moines,
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/135]]==
indépendans de la puissance civile, qui ont, comme de raison, reçu le droit de juger sans appel dans leur propre cause et de faire brûler ceux qui plaident contre eux. À l’aide de ce saint tribunal les princes qui l’autorisent ont l’avantage d’avoir des sujets bien orthodoxes, bien dévots, bien gueux et toujours bien disposés à prendre parti pour le clergé contre la puissance temporelle. C’est bien dommage que jusqu’ici l’on n’ait point encore senti en France l’utilité d’un si saint tribunal.
 
 
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<DT>Interdit
 
<DD>Châtiment épouvantable que
<DD>Châtiment épouvantable que les chefs de l’église infligent quelquefois aux sujets des princes qu’ils veulent mettre à la raison. Il consiste à priver les peuples du culte, des cérémonies et des grâces spirituelles sans lesquelles les bleds ne lèveraient point et les vignes seraient infailliblement gelées. Les papes employaient autrefois ce remède avec succès contre l’indocilité des souverains, ils en sont plus chiches depuis que la foi s’est morfondue sur la terre.
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/136]]==
<DD>Châtiment épouvantable que les chefs de l’église infligent quelquefois aux sujets des princes qu’ils veulent mettre à la raison. Il consiste à priver les peuples du culte, des cérémonies et des grâces spirituelles sans lesquelles les bleds ne lèveraient point et les vignes seraient infailliblement gelées. Les papes employaient autrefois ce remède avec succès contre l’indocilité des souverains, ils en sont plus chiches depuis que la foi s’est morfondue sur la terre.
 
 
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<DT>Jésus-Christ
 
<DD>Nom que prit autrefois la divinité, lorsqu’elle vint incognito faire un tour en Judée, où, faute de décliner son vrai nom, elle fut pendue comme un espion. Sans cet heureux quiproquo le genre humain était perdu ;
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/137]]==
il n’aurait eu ni théologie ni clergé, et la France n’eût jamais entendu parler de la bulle unigenitus.
 
 
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<DT>Joug
 
<DD>Le joug du seigneur est doux, son fardeau
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/138]]==
est léger. Pour les porter plus lestement il s’agit seulement d’avoir des épaules bien fortes, une échine bien souple, et de donner sa bourse à porter aux voituriers qui nous attelent.
 
 
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<DT>Jugement dernier
 
<DD>Quand le père éternel en aura assez des sottises qu’il fait faire, qu’il laisse faire, ou qu’il permet de faire à ses créatures, qu’il a fait si sottes, il les rassemblera toutes dans la petite vallée de Josaphat, pour leur faire rendre compte de leurs sottises, comme s’il n’en eût point connaissance ; après quoi l’on assure qu’il fermera boutique pour toujours, et l’univers n’aura plus ni théologiens ni théologie, pour le punir de n’enn’
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/139]]==
en avoir pas mieux su profiter. Le jugement dernier sera précédé d’un jugement particulier, dans lequel chaque homme après sa mort rendra compte à Dieu, qui sait tout, des actions qu’il pourrait ignorer.
 
 
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<DT>Justes
 
<DD>Ce sont ceux des chrétiens qui ont l’avantage exclusif de plaire à la divinité.
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/140]]==
La terre leur appartient de droit, ils peuvent s’en emparer quand ils sont les plus forts.
 
 
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<DT>Laïques
 
<DD>Animaux profanes ou immondes qui n’ont pas l’honneur de manger au ratelier sacré : ce sont les bêtes de somme ou les montures du clergé, avec cette différence que c’est communément le cavalier qui nourrit sa monture,
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/141]]==
au lieu que dans l’église de Dieu l’usage veut que la monture nourrisse le cavalier. Voyez Ânes, Sots, etc.
 
 
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<DT>Lévites
 
<DD>Ce sont les enfans de Lévi à qui, pour les récompenser de leur pieuse férocité, le doux Moïse confia les fonctions du sacré ministère. La tribu de Lévi avait égorgé par son ordre ses chers concitoyens, que le grand prêtre Aaron avoit fait prévariquer.
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/142]]==
D’où l’on voit que nos prêtres, qui ont succédé aux droits et au zêle des lévites, ont raison de faire égorger les coquins que des prêtres ont induits en erreur.
 
 
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<DT>Liberté politique
 
<DD>Elle n’est pas trop du goût de l’église. Le despotisme est plus avantageux aux ministres du seigneur ; quand le prince est sellé, toute la nation est bridée ou forcée de plier sous le joug du seigneur, qui comme on sait, est toujours on ne peut pas plus léger.
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/143]]==
on ne peut pas plus léger.
 
 
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<DT>Ligue
 
<DD>Association sainte formée dans le XVIe siècle par l’église de Dieu, dont l’effet salutaire fut de massacrer un roi de France,
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/144]]==
de déchirer le royaume et de faire entendre la messe à un prince hérétique qui s’en trouva très bien.
 
 
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<DT>Loup-garou
 
<DD>Il devrait
<DD>Il devrait être de foi d’y croire ; il est toujours utile d’accoutumer les hommes à avoir peur ; l’église ne peut qu’y gagner. Le diable est le loup garou des enfants de quarante ans.
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/145]]==
<DD>Il devrait être de foi d’y croire ; il est toujours utile d’accoutumer les hommes à avoir peur ; l’église ne peut qu’y gagner. Le diable est le loup garou des enfants de quarante ans.
 
 
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<DT>Luxure
 
<DD>Péché capital sur lequel le bon Dieu n’entend jamais raison. Par une grâce spéciale les prêtres et les moines en sont exempts ; la grâce, à point nommé, leur vient nouer l’aiguillette. Un moine paillard est un être
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/146]]==
de raison. L’on sait d’ailleurs que pour les prêtres la fornication est un cas réservé.
 
 
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<DT>Mahométisme
 
<DD>Religion sanguinaire dont l’odieux fondateur voulut que sa loi fût établie par le fer et par le feu ; on sent la différence de cette religion de sang et de celle du Christ qui ne prêcha que la douceur, et dont en conséquence le clergé établit ses saints dogmes par le fer et par le feu.
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/147]]==
dogmes par le fer et par le feu.
 
 
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<DT>Manichéisme
 
<DD>Hérésie justement condamnée et
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/148]]==
détestée par les chrétiens. Les manichéens admettent dans l’univers deux principes égaux en puissance, ce qui est abominable ; les chrétiens admettent un dieu tout-puissant dont le diable à chaque instant peut renverser les projets, ce qui est très orthodoxe.
 
 
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<DT>Massacres
 
<DD>Boucheries sacrées, que pour le bien des nations la sainte théologie a fondées sur la terre, pour l’édification des élus et pour le maintient de la foi.
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/149]]==
Les bons catholiques se rappellent avec joie les massacres des albigeois, les massacres d’Irlande, et surtout le saint massacre de la saint-Barthélémi, dont le saint abbé de Caveyrac vient de faire l’apologie.
 
 
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<DT>Méchant
 
<DD>Dieu est infiniment bon, mais il est très essentiel de le faire, sans en rien dire, plus méchant que le diable ; il
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/150]]==
en revient toujours quelque chose à ceux qui savent le secret de l’appaiser ; avec un dieu trop bon le clergé ferait très mal ses affaires.
 
 
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<DT>Melchisedech
 
<DD>Prêtre qui n’avait ni père ni mère ; il était la figure ou le modèle de nos prêtres chrétiens qui se détachent par piété de tous les liens du sang pour s’attacher à l’église. Un prêtre ne doit tenir ni à sa patrie ni à sa famille quand il s’agit de la bannière sacrée. <EM>
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/151]]==
Per calcatum perge patrem, per calcatam perge matrem, et ad crucis signum evola.</EM>
 
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<DT>Merveilleux
 
<DD>C’est la base de toute religion ; c’est tout ce que l’on ne peut comprendre ; c’est tout ce qui fait ouvrir de grands yeux et de grandes oreilles aux bons hommes et aux bonnes femmes ; les malins qui manquent de foi ne voient
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/152]]==
rien de merveilleux en ce monde que la docilité du genre humain et l’intrépidité des prêtres, qui sont de grandes merveilles annoncées par Jérémie, qui prétend que les prêtres ne rougissent jamais ; <EM>facies sacerdotum non erubuerunt.</EM> Voyez lament. Ch iv.
 
 
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<DT>Métaphysique
 
<DD>Science très importante et très sublime, à l’aide de laquelle chacun peut se mettre à portée de connaître à fond de belles choses dont ses sens ne lui fournissent
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/153]]==
aucune idée. Tous les chrétiens sont de profonds métaphysiciens ; il n’est point de ravaudeuse qui ne sache imperturbablement ce que c’est qu’un pur esprit, une âme immatérielle, un ange, et ce qu’on doit penser de la grâce efficace par elle-même.
 
 
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<DT>Miséricorde
 
<DD>Attribut distinctif du dieu des chrétiens, mais non pas de ses prêtres, qui brûlent sans miséricorde en ce
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/154]]==
monde et dans l’autre ceux qui n’ont pas l’avantage de leur plaire. Cependant les évêques montrent de la miséricorde dans leurs mandements ; c’est de la miséricorde divine qu’ils tiennent les évêchés que les rois ont accordés à leurs sollicitations pressantes.
 
 
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<DT>Molinistes
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/155]]==
 
<DD>Ce sont des gens qui ont sur la grâce un système opposé à celui des jansénistes. La cour, qui s’entend parfaitement en théologie, a toujours un peu penché pour le systême de Molina, qu’elle a mûrement examiné ; quant au clergé, il est communément de l’avis de celui qui tient la feuille des bénéfices : celui-ci n’est contredit que par quelques poiloux qui n’ont point de part à espérer dans le gâteau sacré.
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<DT>Morale chrétienne
 
<DD>Elle est bien plus excellente que la morale humaine ou philosophique, qui lui est très opposée. Elle consiste à être bien dévot, à bien prier, à bien croire, à être bien zêlé, bien triste, bien malfaisant, bien oisif ; tandis que la morale profane prescrit d’être juste, actif, indulgent et bienfaisant. D’où l’on peut conclure que sans la religion chrétienne il ne pourrait y avoir de morale sur la terre.
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/156]]==
y avoir de morale sur la terre.
 
 
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<DT>Mortifications
 
<DD>Ce sont mille petites inventions curieuses que les bons chrétiens ont imaginées pour se faire périr à petit feu, ou pour se rendre la vie insupportable. Il est clair que le dieu de la bonté ne nous a donné la vie et la santé que pour que nous eussions la gloire de les détruire peu à peu ; il n’est point permis de se tuer tout d’un coup,
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/157]]==
cela pourrait empêcher le plaisir que le bon dieu prend à nos souffrances de durer assez longtemps.
 
 
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<DT>Moutarde
 
<DD>Denrée très précieuse et très rare dans la religion. On sait que gros de foi comme un grain de moutarde suffit pour transporter des montagnes. Le pape en a pour sa part une si grande provision qu’il lui faut
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/158]]==
un homme tout exprès pour la porter ; c’est lui que l’on désigne sous le nom de premier moutardier du pape.
 
 
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<DT>Mystères
 
<DD>Ce sont des choses qu’on ne comprend pas, mais qu’on doit croire sans les comprendre, ce qui devient très facile quand on a de la foi. Dieu dans sa miséricorde, ennuyé de l’ignorance des hommes, est venu les éclairer lui-même ; il est descendu de son trône tout exprès pour leur apprendre qu’ils devaient ne rien entendre à ce qu’il venait leur apprendre. Toutes les fois que dans la religion vous trouverez quelque chose d’embarrassant
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/159]]==
pour les prêtres, qu’ils ne peuvent expliquer, de bien contraire au bon sens, dites que c’est un mystère ; c’est le secret de l’église.
 
 
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<DT>Néant
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/160]]==
 
<DD>De l’aveu de tout le monde le néant est ce dont nous ne pouvons rien affirmer, ou ce qui n’a aucune des qualités dont nous pouvons juger. Dans ce cas, m le curé, qu’est-ce qu’un être spirituel ? Qu’est-ce qu’une substance immatérielle ou privée d’étendue, de couleur, de figure ? Qu’est-ce qu’un ange ? Qu’est-ce qu’un diable ? Qu’est-ce que… halte-là, Monsieur Gros-Jean ! Ce sont-là des mystères auxquels ni vous ni moi ne devons rien comprendre.
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<DT>Nuées
 
<DD>On y voit tout ce qu’on veut, et surtout des armées quand les prêtres sont mécontens. Les nuées sont comme les saintes écritures où les théologiens font
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/161]]==
voir tout ce qui leur plaît, à ceux qui ont la foi ou la berlue.
 
 
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<DT>Oeuvres pies
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/162]]==
 
<DD>C’est ainsi que l’on nomme en général toutes les gratifications, les legs, les présents, les fondations etc. Faits en faveur de l’église, c’est-à-dire qui ont pour objet de réjouir les ministres du seigneur aux dépends des familles et des parents.
Ligne 2 671 ⟶ 2 742 :
<DT>Offrandes
 
<DD>Le dieu de l’univers n’a besoin de rien ; un pur esprit doit faire assez maigre chère et se contenter d’offrandes spirituelles ; cependant comme ses prêtres ne sont point de purs esprits, Dieu exige qu’on leur donne des offrandes bien grasses ; ce n’est que pour qu’on ait l’occasion de leur offrir quelque chose que la divinité répand ses bienfaits sur la terre ;
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/163]]==
Dieu s’est formellement expliqué là-dessus dans le deutéronome où il dit : <EM>sacrificia domini et oblationes ejus comedent.</EM>
 
 
Ligne 2 683 ⟶ 2 756 :
<DT>Oisiveté
 
<DD>C’est la mère de tous les vices. S’il n’y avait point de prêtres dans le monde les peuples ne travailleraient point assez et deviendraient des vauriens ; les moines et les prêtres ne se vouent à l’oisiveté que pour diminuer le nombre des vices des laïques qui par là sont forcés
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/164]]==
de travailler pour eux-mêmes et pour la nombreuse armée des paresseux du seigneur.
 
 
Ligne 2 707 ⟶ 2 782 :
<DT>Oraisons funèbres
 
<DD>Ce sont des discours en l’honneur des grands, qui sont toujours, comme on sait, des hommes merveilleux
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/165]]==
quand ils sont morts ; les faiseurs d’oraisons funèbres ne peuvent jamais mentir, vu qu’ils sont assis dans la chaire de vérité.
 
 
Ligne 2 719 ⟶ 2 796 :
<DT>Ordre de l’univers
 
<DD>C’est l’arrangement merveilleux qu’ont le bonheur de voir dans la nature ceux qui la regardent avec les besicles de la foi ; elles ont la vertu d’empêcher ceux qui les portent d’apercevoir aucun désordre dans le monde. Ils n’y voient ni maladies, ni crimes, ni guerres, ni tremblements de terre, ni théologiens intolérants. Tout est dans l’ordre quand nos sacrificateurs ont bien dîné : quiconque trouble leur digestion est un perturbateur de l’ordre public ; Dieu, pour s’en venger, est en conscience obligé de troubler
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/166]]==
l’ordre de la nature et les souverains l’ordre de la société.
 
 
Ligne 2 743 ⟶ 2 822 :
<DT>Originel (péché)
 
<DD>C’est une frasque commise il y a six ou sept mille ans, qui a causé bien
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/167]]==
du charivari dans le ciel et sur la terre. Tout homme avant de naître a malgré lui pris part à ce péché ; c’est en conséquence de ce péché que les hommes meurent et commettent des péchés. Le fils de Dieu est venu mourir lui-même pour expier ce péché, mais malgré ses efforts et tous ceux de son père la tache originelle subsistera toujours.
 
 
Ligne 2 755 ⟶ 2 836 :
<DT>Oubli des injures
 
<DD>Conduite très louable dans les laïques et qui leur est prescrite dans l’évangile ; les prêtres en sont néanmoins dispensés ; ils ne peuvent jamais pardonner, vu que ce n’est point eux mais c’est Dieu qu’on offense ; le dieu des miséricordes ne leur pardonnerait jamais d’avoir pardonné à ceux qui l’ont offensé ; surtout dans la personne du clergé, c’est là l’endroit sensible de la divinité ; c’est le péché contre le saint-esprit
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/168]]==
qui ne sera remis ni dans ce monde ni dans l’autre. Cependant le clergé, sans blesser la divinité, peut pardonner à ceux qu’il a fait exterminer, à moins qu’ils n’eussent laissé des enfants, des parents, des amis que l’on pût encore maltraiter, d’après la jurisprudence de la bible.
 
Ligne 2 769 ⟶ 2 852 :
<DT>Paix
 
<DD>Le dieu des chrétiens s’appelle indifféremment et le dieu de paix et le dieu des armées. Cette contradiction n’est qu’apparente ; Dieu est très pacifique ; mais sa femme n’est pas aussi tranquille que lui ; c’est pour la tenir en bonne humeur qu’il est souvent forcé de mettre des armées en campagne et les chrétiens aux prises ; il faut bien faire la guerre au dehors pour avoir la paix au dedans. L’église n’est en paix que quand elle fait tout ce qu’elle veut ou
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/169]]==
quand elle peut sans obstacle troubler la tranquillité des autres.
 
 
Ligne 2 787 ⟶ 2 872 :
<DT>Pâque
 
<DD>Fête solennelle que les chrétiens célebrent en mémoire de la résurrection clandestine d’un dieu pendu publiquement. Pour célébrer dignement ce grand jour les catholiques sont dans l’usage d’y manger leur dieu ; c’est, sans
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/170]]==
doute, pour voir si, comme le phénix, il ressuscitera de ses cendres. Voyez Stercoranistes. Il y eut autrefois une dispute très chaude dans l’église de Dieu pour savoir au juste le temps de la célébration de la pâque ; un grave concile a décidé que la lune de l’équinoxe du printemps devait régler cette affaire importante. Ce qui nous montre que l’église est, comme les femmes, sous l’influence de la lune. Voyez Lune.
 
 
Ligne 2 804 ⟶ 2 891 :
 
<DT>Paresse
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/171]]==
 
<DD>Péché capital qui consiste à négliger les pratiques intéressantes auxquelles nos prêtres ont attaché le salut. Un laïque doit être actif afin d’avoir de quoi payer ses prêtres et se battre pour eux. Un prêtre n’a rien à faire en ce monde que de prier, de chanter, et de quereller quand il en a la capacité.
Ligne 2 823 ⟶ 2 911 :
<DT>Passion de Jésus-Christ
 
<DD>Histoire lamentable d’un dieu, qui eut la bonté de se laisser
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/172]]==
fustiger et clouer pour racheter le genre humain : toutes les fois qu’on la raconte aux bonnes femmes et aux dévôts le vendredi-saint, ils se désolent d’avoir été rachetés.
 
 
Ligne 2 841 ⟶ 2 931 :
<DT>Patience
 
<DD>Vertu morale et chrétienne qui consiste à supporter les maux
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/173]]==
que l’on ne peut ou que l’on n’ose point empêcher. Dieu a chargé spécialement le clergé d’exercer la patience des princes, qui d’ordinaire sont volontaires et fort sujets à s’impatienter.
 
 
Ligne 2 853 ⟶ 2 945 :
<DT>Patrons
 
<DD>Ce sont les dieux pénates ou tutélaires des chrétiens ; ils s’intéressent vivement à tous ceux qui portent leurs saints noms. Saint Jean est le protecteur né de tous les jeans du monde : les animaux, les maladies, les calamités ont aussi leurs patrons. St Roch a la peste dans son département ; st Antoine a dans le sien les cochons et la rogne ; st Joseph, comme on sait, est le patron des cocus ou des bêtes à cornes.
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/174]]==
ou des bêtes à cornes.
 
 
Ligne 2 871 ⟶ 2 965 :
<DT>Peccavi
 
<DD>Un bon peccavi suffit à l’article
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/175]]==
de la mort pour faire entrer un coquin en paradis ; si cette opinion et ces regrets tardifs sont inutiles à ce monde, il en résulte de grands biens pour ceux qui expédient les passeports pour l’autre monde.
 
 
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<DT>Pélerinage
 
<DD>Pratiques pieuses fort usitées dans les pays bien dévots. Elles consistent à battre la campagne pour rendre visite et pour payer bouteille à quelque saint
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/176]]==
étranger ou à ses ayants cause ; en faveur de cette politesse, le saint que l’on visite accorde communément aux hommes la grâce de s’enivrer, et aux filles celle de faire des enfants neuf mois après la visite.
 
 
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<DT>Pentecôte
 
<DD>Fête solennelle que l’église célèbre
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/177]]==
en mémoire de la descente miraculeuse du saint esprit en langues de feu, qui s’arrêterent sur les têtes des apôtres, des disciples et des saintes femmelettes, ce qui les fit jaser comme des ivrognes et des pies. En conséquence de cet événement les successeurs des apôtres ont indubitablement acquis le droit de jaser et de mettre avec leurs caquets et leurs langues l’univers en combustion.
 
 
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<DT>Perfection
 
<DD>Dans la religion chrétienne elle consiste à prier, à jeuner, à rêver creux, à vivre comme un saint hibou. Un chrétien parfait se pique de n’être bon à rien dans ce monde qui n’est que l’antichambre de l’autre ; un laïque est fait pour y croquer le marmot, pendant que ses prêtres font bonne chère à ses dépends.
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/178]]==
bonne chère à ses dépends.
 
 
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<DT>Peuple
 
<DD>C’est l’appui de l’église, sa consolation dans ses peines, le soutien de son pouvoir. Le peuple, comme on sait, est un profond théologien ; c’est aussi pour lui que l’église fait ses dogmes, ceux qu’il approuve ne peuvent manquer d’être fort bons ; la voix du peuple est la voix de Dieu ; en effet Dieu ne peut guère s’empêcher de ratifier ce que le peuple veut
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/179]]==
bien fort ; mais il ne veut bien fort que ce que les prêtres lui disent de vouloir bien fort.
 
 
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<DT>Platon
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/180]]==
 
<DD>Philosophe athénien et père de l’église chrétienne, qui aurait dû, sans rien dire, le placer dans son calendrier ; c’est à lui qu’elle doit un grand nombre de dogmes et d’articles de foi, sans compter ses beaux mystères. Voyez Purgatoire, Trinité, Verbe.
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<DT>Pontifes
 
<DD>Ce mot vient de pontifex, faiseur de pont ; nos pontifes sont des architectes spirituels qui font un pont intellectuel, à l’aide duquel les bons chrétiens arrivent en paradis, en franchissant les abîmes du bon sens et de la raison.
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/181]]==
du bon sens et de la raison.
 
 
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<DT>Possessions
 
<DD>Autrefois les démons prenaient souvent possession des hommes. Nous voyons dans l’écriture des cochons même devenir possédés. Aujourd’hui l’on ne voit guères de possédés qu’en province,
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/182]]==
ou dans les saints greniers des convulsionaires ; encore faut-il payer le diable pour qu’il entre dans les corps.
 
 
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<DT>Prédicateurs
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/183]]==
 
<DD>Orateurs sacrés, que les nations soudoyent pour leur répéter de mille façons différentes des choses auxquelles jamais elles n’ont rien compris, mais qu’elles espèrent comprendre mieux à force de se les faire répéter. La prédication est très utile on ne peut en douter : Dieu lui-même, comme on sait, prêcha Adam et ève, et au sortir du sermon ils n’eurent rien de plus pressé que d’aller faire une sottise.
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<DT>Présence réelle
 
<DD>Mystère inventé dans le neuvieme siècle par un moine de Corbie, et qui s’est depuis changé en un article de foi pour l’église catholique, apostolique et romaine ; elle croit très fermement que le dieu de l’univers, toute
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/184]]==
autre affaire cessante, sur la sommation d’un prêtre, à qui l’on donne douze sols, vient se nicher dans un morceau de pâte, afin d’être croqué. Les protestants font les dégoûtés sur ce mystère, après en avoir pourtant digéré beaucoup d’autres.
 
 
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<DT>Prêtres
 
<DD>Dans toutes les religions du monde ce sont des hommes divins, que Dieu a lui-même placés sur la terre pour y exercer un mêtier très utile ; il consiste à distribuer gratuitement des craintes afin d’avoir le plaisir de distribuer
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/185]]==
ensuite des espérances pour de l’argent. C’est un point fondamental sur lequel tous les prêtres du monde ont toujours été parfaitement d’accord.
 
 
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==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/186]]==
 
<DT>Profanation
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<DT>Prophêtes
 
<DD>Juifs choisis par la divinité même et inspirés par elle quand il lui prenait fantaisie de converser avec son peuple, pour lui annoncer de grands malheurs. Les prophêtes étaient d’ailleurs les bohémiens, les devins, les diseurs
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/187]]==
de bonne avanture de la Judée. Ils faisaient retrouver aux filles de Sion et aux servantes de Jérusalem des chiens perdus et des cuillères égarées ; les chrétiens, munis d’une foi bien vigoureuse, ont l’avantage de trouver dans leurs écrits tout ce qui convient à l’église. Il est important de ne point parler clairement, on finit tôt ou tard par passer pour prophête.
 
 
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<DT>Protestants
 
<DD>Il y en a de bien des couleurs. Ce sont en général des esprits forts, qui ont le courage de protester contre le pape et contre celles de ses opinions qui déplaisent à des prêtres protestans. Ces chrétiens amphibies sont d’ailleurs de fort bonnes gens ; quoiqu’ils aient pris le très-saint père en grippe, ils n’en sont pas moins soumis au clergé protestant, qui sans se croire infaillible, ferait un mauvais parti à quiconque douterait de ses lumières, ou ne verrait point comme lui. Les protestants sont à Rome des hérétiques à brûler, mais ils ont la consolation d’être très orthodoxes chez eux, et même de brûler les autres quand leurs prêtres ont du crédit. Si les protestants déplaisent à
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/188]]==
Dieu ce doit être indubitablement par ce qu’ils ne payent point le clergé aussi grassement qu’il le mérite ; ce qui sent furieusement l’hérésie.
 
 
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<DT>Psaumes
 
<DD>Vieilles chansons hébraïques aussi sublimes qu’édifiantes. L’église les a fait traduire en latin de cuisine, à l’usage des cuisinières, qui les chantent à vêpres avec grande componction. M Le-Franc, comme chacun sait, les a traduits
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/189]]==
en vers français, que son compère trouve merveilleux et divins.
 
 
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<DT>Pyrrhonisme
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/190]]==
 
<DD>Systême odieux de philosophie qui pousse la témérité jusqu’à douter de tout, et même de la bonne foi des prêtres et des lumières surnaturelles des théologiens, qui jamais ne doutent de rien.
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<DT>Querelles théologiques
 
<DD>Démêlés importants, qui, pour la plus grande gloire de Dieu et pour l’amusement de sa femme, s’élèvent parfois entre les organes infaillibles des volontés divines ; comme ils sont infaillibles de part et d’autre, ils ne peuvent pas toujours convenir de leurs faits. Ces querelles sont très utiles à l’église ; quand on dispute sur la forme on ne dispute point sur le fond. Il est
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/191]]==
très important que les princes se mêlent des querelles théologiques, cela leur donne un grand poids, et surtout cela les empêche de finir trop promptement.
 
 
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<DT>Rabbi
 
<DD>Mot hébreu qui signifie maître. Jesus Christ défendit à ses apôtres de se faire appeller maîtres ; voilà pourquoi leurs successeurs se font appeller monseigneur, votre grandeur, votre éminence, votre sainteté ; il n’y a pas le mot à dire.
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/192]]==
a pas le mot à dire.
 
 
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<DT>Rédemption
 
<DD>Tout chrétien est obligé de croire que le dieu de l’univers, en consentant à mourir, a racheté les hommes de l’esclavage du péché ; cependant ils vont toujours péchant, comme si de rien n’était. L’on sent d’après cela
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/193]]==
que la rédemption est un mystère très utile au genre humain.
 
 
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<DT>Refus de sacrements
 
<DD>Comme le chien de Jean De Nivelle les prêtres ne vont point toujours où ils sont appellés ; vers le 48e dégré de latitude septentrionale on refuse, souvent assez durement, les grâces spirituelles à ceux qui les demandent avec ardeur en mourant ; en récompense on
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/194]]==
tâche de les entonner de vive force à ceux qui ne se sentent point d’appétit pour ces ragoûts spirituels ; conduite, sans doute, dictée par la sagesse profonde qui caractérisera toujours les pasteurs de l’église.
 
 
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<DT>Religion
 
<DD>Systême de doctrine et de conduite
<DD>Systême de doctrine et de conduite inventé par Dieu lui-même pour le bien de ses prêtres et le salut de nos âmes. Il y a plusieurs religions sur la terre, mais la seule véritable est toujours celle de nos pères, qui étaient trop sensés pour se laisser tromper ; toutes les autres religions sont des superstitions ridicules qu’il faudrait abolir si l’on était assez fort. La vraie religion est celle que nous croyons vraie, à laquelle nous sommes accoutumés, ou contre laquelle il serait dangereux de disputer. La religion du prince porte toujours des caractères indubitables de vérité.
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/195]]==
<DD>Systême de doctrine et de conduite inventé par Dieu lui-même pour le bien de ses prêtres et le salut de nos âmes. Il y a plusieurs religions sur la terre, mais la seule véritable est toujours celle de nos pères, qui étaient trop sensés pour se laisser tromper ; toutes les autres religions sont des superstitions ridicules qu’il faudrait abolir si l’on était assez fort. La vraie religion est celle que nous croyons vraie, à laquelle nous sommes accoutumés, ou contre laquelle il serait dangereux de disputer. La religion du prince porte toujours des caractères indubitables de vérité.
 
 
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==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/196]]==
 
<DT>Repentir
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<DT>Résidence
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/197]]==
 
<DD>Les pasteurs de l’église sont tenus de résider au milieu de leurs moutons respectifs, afin de les mener paître. Il est pourtant des évêques qui aiment mieux résider à la cour ; les ouailles ne manquent de rien quand le pasteur fait bonne chère ou obtient des abbayes. Le salut des courtisans et des dévotes en crédit est, sans contredit, bien plus intéressant pour l’église que celui de la canaille chrétienne qui demeure en province.
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<DT>Retraite
 
<DD>Il est utile aux bons chrétiens de vivre dans la retraite ; la chose est très propre à les rendre hargneux, insociables et surtout à leur échauffer le cerveau. La société nous gâte, elle nuit à notre
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/198]]==
salut, elle nous empêche de bien rêver aux vérités saintes, que jamais nous ne pourrons comprendre.
 
 
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<DT>Révoltes
 
<DD>Petites tracasseries que le clergé fait quelquefois aux princes. Il est très légitime de se révolter contre son souverain quand le pape le conseille ou quand la chose est avantageuse au clergé ; c’est
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/199]]==
alors la faute du souverain qui s’est révolté contre le pape ou contre le clergé, c’est-à-dire contre Dieu même.
 
 
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<DT>Rites
 
<DD>Usages sacrés et formules respectables observés par nos saints jongleurs, et contenus dans de saints grimoires que l’on nomme rituels. Les gens sans foi méprisent les rites, les pratiques et les cérémonies de l’église ; mais elle y tient, avec raison, vû que ces belles choses font
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/200]]==
venir l’eau au moulin du clergé qui, s’il cessait de moudre, ferait que la religion mourrait de faim.
 
 
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<DT>Royaume de Dieu
 
<DD>Il n’est point de ce monde ; Jésus-Christ l’a dit lui-même ; mais ce n’est point ce qu’il a dit de mieux. Les prêtres, pour bien faire, devraient
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/201]]==
seuls commander ici-bas ; mais hélas ! Le peu de foi des princes s’oppose souvent à leurs saintes entreprises. Si nous avions de la foi en dose suffisante les rois seraient eux-mêmes aux ordres du clergé.
 
 
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<DT>Sacrements
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/202]]==
 
<DD>Signes et cérémonies sacrées, à l’aide desquels les ministres du seigneur font à volonté descendre de là-haut une ample cargaison de grâces spirituelles sur les âmes des fidèles, et font que l’argent des laïques passe de leurs poches profanes dans celle du clergé. Suivant quelques chrétiens il y a sept sacrements, d’autres n’en veulent pas tant : ils ont tort, sans doute : en fait de grâces divines on n’en saurait trop prendre.
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<DT>Sacrilège
 
<DD>Mot terrible inventé par les prêtres pour désigner le crime affreux que commettent ceux qui touchent aux objets qu’ils ont nommés sacrés. Tout
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/203]]==
ce qui nuit aux prêtres nuit à Dieu, qui n’entend point raillerie. D’où l’on voit que voler Dieu, qui n’a besoin de rien, est un crime bien plus noir que de voler un pauvre. Plus celui qu’on vole est riche, plus le voleur est criminel. En conséquence celui qui vole Dieu ou ses prêtres est brûlé, celui qui vole un homme riche est pendu ; celui qui vole les pauvres n’a communément rien à craindre. Voyez Hôpitaux.
 
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<DT>Samuël
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/204]]==
 
<DD>Prophête hargneux et juif ; qui n’avait pas trop étudié le droit des gens dans Grotius ou Puffendorf : il mettait en hachis les rois des autres pays ; il faisait et défaisait les rois du sien. Au demeurant il étoit bon homme quand on était de son avis.
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<DT>Scandale
 
<DD>C’est toute action qui est pour d’autres une occasion de pécher ; les ministres du seigneur ne donnent jamais de scandale, et rien ne serait plus scandaleux
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/205]]==
que de dire qu’ils scandalisent : il n’y a que ceux qui n’ont point de foi qui soient scandalisés de la conduite des prêtres scandaleux. C’est quand nous voyons un prêtre scandaleux qu’il est à propos de nous arracher les yeux, suivant le conseil du fils de Dieu.
 
 
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<DT>Scolastique
 
<DD>Partie très importante de la théologie ; c’est l’art d’argumenter sur
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/206]]==
des mots, sagement inventés pour obscurcir les choses, et pour nous empêcher de voir trop clair dans la science du salut.
 
 
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<DT>Sectes
 
<DD>Ce sont les branches et les rameaux divers qui partent du tronc d’une même religion. Le tronc s’appelle religion dominante ; ce tronc est perpétuellement occupé
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/207]]==
à secouer ses branches, ce qui fait que souvent il chancelle lui-même ; d’ailleurs il est planté sur un terrain de sable, si les princes n’y mettaient la main il tomberait infailliblement.
 
 
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<DT>Séditieux
 
<DD>De droit divin il est permis aux ministres du seigneur d’être séditieux ; le souverain est un tyran dès qu’il veut les en empêcher ou dès qu’il a l’insolence de vouloir les réprimer, les punir, et, ce qui est encore bien pis, les ramener à la raison, qui jamais ne fut faite pour le clergé ; il a ses raisons pour nous dire qu’il faut mépriser la raison.
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/208]]==
pour nous dire qu’il faut mépriser la raison.
 
 
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<DT>Sens commun
 
<DD>C’est la chose la plus rare et la plus inutile dans la religion chrétienne ;
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/209]]==
dictée par Dieu lui même elle n’est point soumise aux règles humaines et vulgaires du bon sens. Un bon chrétien doit captiver son entendement pour le soumettre à la foi, et si son curé lui dit que trois ne font qu’un, ou que Dieu est du pain, il est obligé de l’en croire en dépit du sens commun.
 
 
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<DT>Silence
 
<DD>C’est le plus grand des attentats dans un souverain que d’imposer silence aux prêtres. L’église est une commère
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/210]]==
qui veut parler, qui doit parler, qui périrait infailliblement si on l’empêchait de parler.
 
 
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<DT>Sorciers
 
<DD>L’esprit saint y croyait autrefois, comme on le voit dans la bible ; nos pères y ont cru fort longtemps, on n’y croit
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/211]]==
plus maintenant, si cela continue on ne croira bientôt plus rien.
 
 
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<DT>Spiritualité
 
<DD>Qualité occulte, inventée par Platon, perfectionnée par Descartes et changée en article de foi par les théologiens. Elle convient évidemment à tous les êtres dont nous ne savons point la façon d’être et d’agir ; Dieu est spirituel,
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/212]]==
notre âme est spirituelle, la puissance de l’église est spirituelle, cela signifie, en bon français, que nous ne sommes pas trop au fait ni de ce qu’ils sont ni de leur façon d’agir.
 
 
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<DT>Suicide
 
<DD>Il est bien défendu à tout chrétien d’attenter à ses jours ou de se tuer tout d’un coup, mais il lui est très
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/213]]==
permis de se tuer en détail ou peu-à-peu ; pour lors il n’y a rien à dire, sa conduite devient même si édifiante et si méritoire, qu’il peut espérer de mourir en odeur de sainteté, et d’être un jour placé dans l’almanach pour peu qu’il fasse une douzaine de miracles.
 
 
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<DT>Surnaturel
 
<DD>C’est ce qui est au-dessus de la nature ; comme nous connaissons parfaitement la nature, ses ressources et ses lois, dès qu’il se présente quelque chose que nous ne comprenons plus,
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/214]]==
nous devons crier au miracle et dire que la chose est surnaturelle et divine ; en un mot le surnaturel est tout ce que nous n’entendons pas, ou à quoi nos yeux ne sont point habitués : cela posé, nous disons que la révélation, que la théologie, que les mystères sont des choses surnaturelles, c’est comme si nous disions que nous n’y comprenons rien. Les miracles sont des œuvres surnaturelles, vu que nous ne savons pas comment ont fait des miracles. Ce qui est surnaturel pour les laïques est très naturel pour les prêtres, qui savent très bien comment il faut s’y prendre pour faire des choses surnaturelles, surtout quand les laïques ont la simplicité requise pour croire ou pour voir des choses surnaturelles.
 
 
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<DT>Symbole
 
<DD>C’est le sommaire ou l’abrégé des choses
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/215]]==
incroyables qu’un chrétien est obligé de croire sous peine d’être damné. Pour peu qu’il croie fermement son symbole et les décisions contenues dans les conciles, les pères et dans un million de commentateurs, il ne pourra manquer de savoir à quoi s’en tenir sur sa foi.
 
 
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<DT>Témoins
 
<DD>Dans les affaires ordinaires de la vie pour s’en rapporter à des témoins
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/216]]==
on exige qu’ils soient éclairés, sensés, désintéressés. Dans la religion les témoins sur la parole desquels nous sommes obligés de croire des choses incroyables sont de saints ignorants, des prophètes un peu fous, des martyrs fanatiques, des prêtres qui vivent à gogo des belles choses qu’ils nous attestent ; cependant nous les croyons, et c’est un beau miracle.
 
 
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<DT>Temps
 
<DD>Le tems si précieux pour les profanes n’est compté pour rien dans la religion. Ses saints ministres font un devoir de le perdre saintement. Qu’est ce en effet que le temps comparé à l’éternité !
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/217]]==
Voyez Contemplation, Méditation, Exercices de piété, Fêtes.
 
 
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<DT>Théocratie
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/218]]==
 
<DD>Belle forme de gouvernement, inventée par Moïse pour la commodité de la tribu de Lévi, dans laquelle Dieu seul est le souverain, et par conséquent ses chers prêtres sont les maîtres des corps et des âmes des hommes. Ce gouvernement divin devrait subsister partout, et surtout dans les pays chrétiens, où les princes ne doivent être que les valets du clergé.
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<DT>Thèses
 
<DD>L’on nomme ainsi en théologie des disputes publiques et solennelles, dans lesquelles les jeunes théologiens montrent leur savoir-faire en se faisant des blessures à la
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/219]]==
tête, le tout pour avoir occasion de montrer la bonté de leur onguent qui n’est autre que la foi. Les thèses chez les chrétiens ont dignement remplacé les jeux olympiques des grecs, les exercices des romains, les conférences des philosophes qui n’étaient que des païens et des ignorants en théologie.
 
 
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<DT>Tyran
 
<DD>C’est dans le langage ordinaire un prince qui opprime la société au lieu de la gouverner : dans le langage de la religion un tyran est un prince qui ne pense point comme les prêtres, qui ne fait pas tout ce qu’ils veulent ou qui à l’impertinence de mettre obstacle à leurs saintes
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/220]]==
volontés, quand il les croit nuisibles au bonheur de l’État, qui ne doit jamais balancer les droits sacrés du clergé.
 
 
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<DT>Toute-puissance
 
<DD>C’est le pouvoir de
<DD>C’est le pouvoir de tout faire réservé à Dieu tout seul, sans que rien dans la nature puisse résister à sa volonté. Cependant nous voyons que la puissance divine n’est point encore parvenue jusqu’ici à rendre ses créatures telles que le clergé les désire, il ne peut ni les faire agir ni les faire penser d’une manière conforme à ses volontés. Le diable, que Dieu a créé très malin, prend souvent la liberté de mettre sa puissance en défaut ; mais tout cela ne prouve rien, Dieu a créé le diable, Dieu veut que le diable dérange ses projets, Dieu ne veut point anéantir le diable, de peur de n’avoir plus rien à faire et surtout dans la crainte que son clergé ne devînt inutile ici-bas. Les prêtres de l’église romaine sont plus puissants que Dieu, il ne peut se faire lui-même tandis que ces prêtres le font à volonté. Voyez Transsubstanciation.
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/221]]==
<DD>C’est le pouvoir de tout faire réservé à Dieu tout seul, sans que rien dans la nature puisse résister à sa volonté. Cependant nous voyons que la puissance divine n’est point encore parvenue jusqu’ici à rendre ses créatures telles que le clergé les désire, il ne peut ni les faire agir ni les faire penser d’une manière conforme à ses volontés. Le diable, que Dieu a créé très malin, prend souvent la liberté de mettre sa puissance en défaut ; mais tout cela ne prouve rien, Dieu a créé le diable, Dieu veut que le diable dérange ses projets, Dieu ne veut point anéantir le diable, de peur de n’avoir plus rien à faire et surtout dans la crainte que son clergé ne devînt inutile ici-bas. Les prêtres de l’église romaine sont plus puissants que Dieu, il ne peut se faire lui-même tandis que ces prêtres le font à volonté. Voyez Transsubstanciation.
 
 
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<DT>Tradition
 
<DD>C’est la parole de Jésus-Christ, recueillie par les hommes éclairés, qui l’ont transmise sans aucune altération aux chrétiens d’aujourd’hui. L’on voit que la tradition s’est conservée par miracle ; les hommes ordinaires ajoutent ou retranchent communément
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/222]]==
aux choses qu’ils voient ou qu’ils entendent ; les apôtres ne furent point dans ce cas, et nos prêtres sont trop honnêtes pour altérer la tradition.
 
 
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<DT>Trinité
 
<DD>Mystère ineffable adopté par les chrétiens qui l’ont reçu du divin Platon ; il fait un article fondamental de notre sainte religion. À l’aide de ce mystère un dieu fait trois, et trois dieux ne font qu’un dieu
==[[Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/223]]==
unique. Le dogme de la trinité ne peut paraître absurde qu’à ceux qui n’entendent point Platon. Ce père de l’église imagina trois manières d’envisager la divinité ; de sa puissance nos saints docteurs ont fait un père à barbe vénérable ; de sa raison ils ont fait un fils émané de ce père et pendu pour l’appaiser ; de sa bonté ils ont fait un saint esprit, transformé en pigeon. Voilà tout le mystère.
 
 
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<DT>Vanité
 
<DD>Tout en ce monde est vanité hors la théologie ; ce n’est que dans l’autre monde que l’on trouvera du solide ; c’est-là que nous verrons la solidité des édifices élevés par nos prêtres ; en attendant leur cuisine en ce monde me paraît très solidement fondée.
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monde me paraît très solidement fondée.
 
 
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<DT>Verbe
 
<DD>C’est le logos de Platon, la sagesse divine, la raison éternelle, dont nos théologiens ont fait un dieu, ou si l’on veut un homme. Nous croyons
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donc très fermement que la raison de Dieu s’est faite homme, pour éclairer les hommes, et surtout pour leur apprendre que la raison divine n’entendait nullement qu’ils eussent de la raison, et que leurs prêtres avaient toujours raison.
 
 
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<DT>Vertus théologales
 
<DD>C’est-à-dire nécessaires aux théologiens, ou qui ont pour objet l’utilité du clergé. C’est la foi, l’espérance et la charité. Si ces vertus n’ont rien de bien utile à la société elles sont au moins avantageuses au sacerdoce ; la foi lui livre des peuples que l’espérance
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amuse, et dont la charité le met dans l’abondance et le fait vivre à pot et à rôt dans la société.
 
 
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<DT>Vision béatifique
 
<DD>Ceux qui dans ce monde auront eu soin de bien fermer les yeux, au risque de se casser le nez, jouiront dans l’autre monde d’une vue si perçante et
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si forte qu’ils pourront, sans être éblouis, contempler face à face la splendeur de l’esprit qui remplit l’univers.
 
 
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<DT>Volontés
 
<DD>Il est de foi de croire que Jésus-Christ a deux volontés et deux natures ; la première est la sienne, la seconde est celle du clergé, qui n’est pas toujours la sienne, mais à laquelle, ainsi que nous,
=== no match ===
il est bien forcé de se plier.