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La vérité de ce que j’avance est prouvée de la manière la plus manifeste par mille exemples, et surtout par les guerres que les Romains eurent à soutenir contre Philippe de Macédoine, père du roi Persée. Philippe, en effet, attaqué par les Romains, résolut d’éviter le combat ; et, pour réussir dans son dessein, il voulut suivre d’abord la même conduite que Fabius en Italie : il se campa en conséquence avec toute son armée au sommet d’une montagne et s’y fortifia considérablement, dans l’idée que les Romains n’auraient jamais le courage de venir l’y attaquer. Mais ils allèrent l’y trouver, et l’ayant combattu, ils le chassèrent de sa position. Ce prince, ne pouvant résister, fut contraint de prendre la fuite avec une partie de ses troupes : ce qui le sauva d’une ruine totale, c’est que le pays était tellement mauvais, que les Romains ne purent le poursuivre.
La vérité de ce que j’avance est prouvée de la manière la plus manifeste par mille exemples, et surtout par les guerres que les Romains eurent à soutenir contre Philippe de Macédoine, père du roi Persée. Philippe, en effet, attaqué par les Romains, résolut d’éviter le combat ; et, pour réussir dans son dessein, il voulut suivre d’abord la même conduite que Fabius en Italie : il se campa en conséquence avec toute son armée au sommet d’une montagne et s’y fortifia considérablement, dans l’idée que les Romains n’auraient jamais le courage de venir l’y attaquer. Mais ils allèrent l’y trouver, et l’ayant combattu, ils le chassèrent de sa position. Ce prince, ne pouvant résister, fut contraint de prendre la fuite avec une partie de ses troupes : ce qui le sauva d’une ruine totale, c’est que le pays était tellement mauvais, que les Romains ne purent le poursuivre.


Ainsi Philippe ne voulait pas combattre ; mais, ayant placé son camp près des Romains, il fut obligé de prendre la fuite ; et cette expérience lui ayant appris que, lorsqu’on veut éviter le combat, il ne suffit pas de rester sur le haut d’une montagne ; et ne voulant pas, d’un autre côté, se renfermer derrière des murailles, il résolut de tenter un dernier parti, celui de se tenir éloigné d’un grand nombre de milles du camp des Romains ; de sorte que si les Romains pénétraient dans une province, il se retirait dans une autre, et paraissait soudain dans celle qu’abandonnait l’ennemi. S’apercevant enfin que traîner ainsi la guerre en longueur ne faisait qu’empirer sa position, et que ses sujets étaient également foulés par lui et par ses ennemis, il prit le parti de tenter le sort des combats, et il en vint ainsi à une bataille rangée avec les Romains.
Ainsi Philippe ne voulait pas combattre ; mais, ayant placé son camp près des Romains, il fut obligé de prendre la fuite ; et cette expérience lui ayant appris que, lorsqu’on veut éviter le combat, il ne suffit pas de rester sur le haut d’une montagne ; et ne voulant pas, d’un autre côté, se renfermer derrière des murailles, il résolut de tenter un dernier parti, celui de se tenir éloigné d’un grand nombre de milles du camp des Romains ; de sorte que si les Romains pénétraient dans une province, il se retirait dans une autre, et paraissait soudain dans celle qu’abandonnait l’ennemi. S’apercevant enfin que traîner ainsi la guerre en longueur ne faisait qu’empirer sa position, et que ses sujets étaient également foulés par lui et par ses ennemis, il prit le parti de tenter le sort des combats, et il en vint ainsi à une bataille rangée avec les Romains.