« Page:Verne - Le Château des Carpathes.djvu/101 » : différence entre les versions

Aucun résumé des modifications
État de la page (Qualité des pages)État de la page (Qualité des pages)
-
Page non corrigée
+
Page corrigée
Contenu (par transclusion) :Contenu (par transclusion) :
Ligne 1 : Ligne 1 :
vêtements filés, cousus, brodés de leurs mains, enfermés dans des coffres aux brillantes couleurs ; familles, amies, voisines, les ont accompagnées. Et alors arrivent les jeunes gens, parés de superbes habits, ceints d’écharpes de soie. Ils courent la foire en se pavanant ; ils choisissent la fille qui leur plaît ; ils lui remettent un anneau et un mouchoir en signe de fiançailles, et les mariages se font au retour de la fête.
vêtements filés, cousus, brodés de leurs mains, enfermés dans
des coffres aux brillantes couleurs ; familles, amies, voisines, les ont
accompagnées. Et alors arrivent les jeunes gens, parés de superbes
habits, ceints d’écharpes de soie. Ils courent la foire en se pavanant ;
ils choisissent la fille qui leur plaît ; ils lui remettent un anneau et
un mouchoir en signe de fiançailles, et les mariages se font au
retour de la fête.


Ce n’était point sur l’un de ces marchés que Nicolas Deck avait rencontré Miriota. Leur liaison ne s’était pas établie par hasard. Tous deux se connaissaient depuis l’enfance, ils s’aimaient depuis qu’ils avaient l’âge d’aimer. Le jeune forestier n’était pas allé quérir au milieu d’une foire celle qui devait être son épouse, et Miriota lui en avait grand gré. Ah ! pourquoi Nic Deck était-il d’un caractère si résolu, si tenace, si entêté à tenir une promesse imprudente ! il l’aimait, pourtant, il l’aimait, et elle n’avait pas eu assez d’influence pour l’empêcher de prendre le chemin de ce château maudit !
Ce n’était point sur l’un de ces marchés que Nicolas Deck avait
rencontré Miriota. Leur liaison ne s’était pas établie par hasard.
Tous deux se connaissaient depuis l’enfance, ils s’aimaient depuis
qu’ils avaient l’âge d’aimer. Le jeune forestier n’était pas allé quérir
au milieu d’une foire celle qui devait être son épouse,
et Miriota lui en avait grand gré. Ah ! pourquoi Nic Deck était-il d’un
caractère si résolu, si tenace, si entêté à tenir une promesse imprudente !
il l’aimait, pourtant, il l’aimait, et elle n’avait pas eu assez
d’influence pour l’empêcher de prendre le chemin de ce château
maudit !


Quelle nuit passa la triste Miriota au milieu des angoisses et des pleurs ! Elle n’avait point voulu se coucher. Penchée à sa fenêtre, le regard fixé sur la rue montante, il lui semblait entendre une voix qui murmurait :
Quelle nuit passa la triste Miriota au milieu des angoisses et des
pleurs ! Elle n’avait point voulu se coucher. Penchée à sa fenêtre, le
regard fixé sur la rue montante, il lui semblait entendre une voix qui
murmurait :


« Nicolas Deck n’a pas tenu compte des menaces !… Miriota n’a plus de fiancé ! »
« Nicolas Deck n’a pas tenu compte des menaces !… Miriota n’a
plus de fiancé ! »


Erreur de ses sens troublés. Aucune voix ne se propageait à travers le silence de la nuit. L’inexplicable phénomène de la salle du ''Roi'' ''Mathias'' ne se reproduisait pas dans la maison de maître Koltz.
Erreur de ses sens troublés. Aucune voix ne se propageait à travers
le silence de la nuit. L’inexplicable phénomène de la salle du
''Roi Mathias'' ne se reproduisait pas dans la maison de maître Koltz.


Le lendemain, à l’aube, la population de Werst était dehors. Depuis la terrasse jusqu’au détour du col, les uns remontaient, les autres redescendaient la grande rue, — ceux-ci pour demander des nouvelles, ceux-là pour en donner. On disait que le berger Frik venait de se porter en avant, à un bon mille du village, non point à travers les forêts du Plesa, mais en suivant leur lisière, et qu’il n’avait pas agi ainsi sans motif.
Le lendemain, à l’aube, la population de Werst était dehors. Depuis
la terrasse jusqu’au détour du col, les uns remontaient, les autres
redescendaient la grande rue, — ceux-ci pour demander des nouvelles,
ceux-là pour en donner. On disait que le berger Frik venait
de se porter en avant, à un bon mille du village, non point à travers
les forêts du Plesa, mais en suivant leur lisière, et qu’il n’avait pas
agi ainsi sans motif.