« Aline et Valcour/Lettre XXXVIII (Suite II) » : différence entre les versions

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<pages index="Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, Tome 1 à 4, 1795.djvu" from="1201" to="1222" fromsection="Lettre 38c" tosection="Lettre 38c"/>rigueurs… mon amour est au désespoir ; je ne me rends plus qu’à lui seul… Et la saisissant alors dans ses bras : — Il faut me suivre, Léontine.., n’essayez pas de vous soustraire… n’entreprenez pas de vous défendre, mon égarement serait affreux… j’irai jusqu’à vous méconnaître, jusqu’à me venger de vos dédains… Vous n’ignorez pas l’impétuosité de ce cœur de feu que rien ne maîtrisa jamais… Ne l’irritez point, Léontine, ou ce moment coûterait, peut-être, à tous deux la vie,… — Eh bien, perce-le ce cœur qui ne veut pas se souiller d’un crime ; entr’ouvre-le, te dis-je, je ne m’oppose point à tes coups… Va, j’aime mieux cent fois la mort que les affreux tourmens qui déchirent mes jours… Et des larmes s’échappant de ses yeux ; — si je les regrettais, ces jours que veut m’enlever ta fureur, si je les regrettais, dom Juan, c’était à cause de mon père… Je voulais les lui consacrer… je voulais faire son bonheur… je voulais prolonger sa vie… Barbare ! je voulais peut-être t’aimer, et tu ne le veux pas… Ne balance plus, dom Juan, ensanglante ce cœur que tu fais palpiter… Je suis indigne du jour, après ce que j’ai dit… Immole-moi, j’y consens… mais ne te flatte jamais de me faire partager tes torts… — Tu les partageras, ou ta vie m’en répond. — O Dieu !., ta cruauté m’outrage, ton ame atroce est indigne de moi… tu ne méritais pas l’aveu que je t’ai fait… Et s’échappant des bras de Dom Juan : — fuis, traître, éloigne-toi pour toujours de celle qui ne peut plus que te haïr. Je cacherai tes imprudents projets, et n’aurai pas à me reprocher, du moins, d’en avoir été la complice.
En prononçant ces mots, elle veut s’élancer au delà des ruines qui captivent ses pas… mais le féroce Dom Juan, aveuglé par toutes les passions impétueuses qui bouleversent son ame, l’atteint, le poignard à la main, se jette impitoyablement sur elle, et la renverse morte à ses pieds. — Juste ciel ! s’écrie-t-il aussitôt, en contemplant
<pages index="Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, Tome 1 à 4, 1795.djvu" from="1223" to="1224" fromsection="Lettre 38c" tosection="Lettre 38c"/>sa malheureuse victime… ''Est-ce moi qui ai pu trancher les jours de celle à qui j’aurais sacrifié les miens !… et mon bras se refuse à venger mon amante !… Uniquement armé pour la scélératesse, il tremble à punir l’assassin… Fuyons''… Mais il l’essaye en vain, retenu par un pouvoir invincible, dont il a avoué n’avoir pu concevoir l’énergie… N’agissant plus qu’en insensé,… il se jette comme un furieux sur les restes sanglans de celle qu’il idolâtre ; il la couvre de ses baisers ardens :… il adresse encore à cette divinité de son cœur, les expressions de son féroce amour : il veut la ranimer par ses soupirs,… la réchauffer de ses larmes amères :… et là, seul,… égaré par son désespoir,… dans le silence et l’obscurité de ces rochers et de ces ruines… Perdu d’amour et de douleur,… le malheureux ose consommer son crime,… il ose ravir l’honneur à celle dont il vient d’arracher la vie.
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Bientôt le calme de ses sens lui laisse entrevoir la double horreur dont il vient
 
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'''Page en cours de correction, merci de patienter quelques jours'''