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VIII


Enfin le jour de l’examen arriva. Tout le monde m’avait donné des conseils. Personne ne m’avait donné un conseil. On n’avait pas songé à prendre un professionnel pour me préparer à passer mon examen.

Je m’étais levée le matin, le cœur gros et l’esprit mal à l’aise. Maman m’avait fait faire une robe de soie noire légèrement décolletée, avec une berthe froncée. La robe était un peu courte et laissait passer mon pantalon de broderie anglaise, qui reposait ses deux jambes brodées sur des brodequins en peau mordorée. Une guimpe blanche émergeait de mon corsage noir et enserrait mon cou trop gracile ; mes cheveux séparés sur mon front encadraient ma tête selon leur bon vouloir, car aucune épingle, aucun ruban ne les retenaient. J’avais un grand chapeau de paille malgré la saison avancée.

Tout le monde était venu passer la revision de ma toilette. Je m’étais tournée et retournée vingt fois, On m’avait fait faire la révérence... pour voir.

Enfin tout le monde paraissait content. « Mon petit’ dame » était descendue avec son grave mari et m’avait