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de charme et de douceur tenait mon avenir dans sa main diaphane.

Il ouvrit la porte du salon, et me touchant l’épaule : « Allons, courage, ma fillette ; et croyez-moi, vous remercierez votre maman de vous avoir forcé la main. Et ne prenez pas cet air triste. La vie vaut la peine qu’on y entre sérieusement, mais gaiement. » Je balbutiai quelques paroles de remerciement.

Comme je m’apprêtais à sortir, je fus bousculée par une belle personne, de prestance un peu lourde, et tumultueuse à l’excès. « Et surtout, murmura M. Auber en se penchant vers moi, ne vous laissez pas engraisser comme cette grande chanteuse. La graisse est l’ennemie de la femme et de l’artiste. »

Puis, pendant que le domestique tenait la porte ouverte pour nous laisser passer, j’entendis M. Auber qui, rentrant dans le salon, disait : « Eh bien, la plus idéale des femmes que... etc. » Je descendis un peu ahurie, et ne dis mot dans la voiture.

Mme Guérard raconta notre entrevue à maman qui, ne la laissant pas achever, dit : « Bien, bien, merci. »


L’examen devant avoir lieu un mois après cette visite, il s’agissait de le préparer.

Maman ne connaissait personne du Théâtre. Mon parrain me conseilla d’apprendre Phèdre mais Mlle de Brabender s’y opposa, trouvant cela un peu choquant, se refusant à m’aider si tel était mon choix.

M. Meydieu, notre vieil ami, voulut me faire travailler Chimène dans Le Cid ; mais auparavant, il déclara que je serrais trop les dents, ce qui était vrai ; que je n’ouvrais pas assez les o et que je ne vibrais pas assez les r, et il me fit un petit cahier dont je copie exac-