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VII


Je commençais cependant à penser à ma nouvelle carrière.

De tous côtés arrivaient pour moi des livres : Racine, Corneille, Molière, Casimir Delavigne, etc., etc.. Je les ouvrais et, n’y comprenant rien, je les refermais bien vite pour relire mon petit La Fontaine que j’aimais passionnément. Je savais toutes ses fables ; et une de mes joies était de faire des paris avec mon parrain, ou M. Meydieu, l’érudit et insupportable ami ; je pariais qu’ils ne reconnaîtraient pas toutes les fables, si je les commençais par le dernier vers en remontant jusqu’au premier ; et je gagnais souvent.

Un mot de ma tante arriva un jour, prévenant maman que M. Auber, alors directeur du Conservatoire, nous attendrait le lendemain, à neuf heures du matin. J’allais mettre le pied dans l’étrier.

Maman m’envoya avec Mme Guérard.

M. Auber, prévenu par le duc de Morny, nous reçut d’une façon très affable. Sa tête fine, aux cheveux blancs, à la face ivorine, dans laquelle brûlaient deux