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{{tiret2|m'ef|forçais}} à brouiller ma mère et ma maîtresse de piano.
{{tiret2|m'ef|forçais}} à brouiller ma mère et ma maîtresse de piano.
C’était à qui des deux était la plus myope; et quand
C’était à qui des deux était la plus myope ; et quand
ma mère avait étudié trois ou quatre jours un morceau,
ma mère avait étudié trois ou quatre jours un morceau,
elle le savait par cœur, et le jouait assez bien, à l’éton-
elle le savait par cœur, et le jouait assez bien, à l’étonnement de Mlle Clarisse, la vieille et insupportable maîtresse, qui tenait la musique et suivait, le
nement de Mlle Clarisse, la vieille et insuppor-
table maîtresse, qui tenait la musique et suivait, le
nez collé sur le papier.
nez collé sur le papier.

Aussi, un jour, j’entendis avec joie la querelle s’éle-
ver entre maman et cette méchante Clarisse : « Là, il
Aussi, un jour, j’entendis avec joie la querelle s’élever entre maman et cette méchante Clarisse : « Là, il
y a une croche! — Non, il n’y en a pas! — Ceci est
y a une croche ! — Non, il n’y en a pas ! — Ceci est
un bémol! — Mais non, vous oubliez le dièze! —
un bémol ! — Mais non, vous oubliez le dièze ! —
Mais vous êtes folle. Mademoiselle », ajouta ma mère.
Mais vous êtes folle. Mademoiselle », ajouta ma mère.
Et quelques instants après, ma mère rentrait dans sa
Et quelques instants après, ma mère rentrait dans sa
chambre; et Mlle Clarisse partait en grommelant. Moi,
chambre ; et Mlle Clarisse partait en grommelant. Moi,
j’étouiïais de rire dans ma chambre, car aidée par un
j’étouffais de rire dans ma chambre, car aidée par un
de mes cousins très bon musicien, nous avions ajouté
de mes cousins très bon musicien, nous avions ajouté
des dièzes, des bémols et des croches; et cela si bien,
des dièzes, des bémols et des croches ; et cela si bien,
que même un œil exercé aurait eu du mal à s’en
que même un œil exercé aurait eu du mal à s’en
apercevoir de suite. Mlle Clarisse remerciée, je n’avais
apercevoir de suite. Mlle Clarisse remerciée, je n’avais
pas de leçon ce jour-là.
pas de leçon ce jour-là.

Maman me regarda longuement de ses yeux mysté-
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rieux, les plus beaux que j’aie jamais vus de ma vie.

Maman me regarda longuement de ses yeux mystérieux, les plus beaux que j’aie jamais vus de ma vie.
« Après déjeuner, il y a conseil de famille », me dit-elle,
« Après déjeuner, il y a conseil de famille », me dit-elle,
lentement. Je me sentis pâlir.
lentement. Je me sentis pâlir.

« Bien. Quelle robe faut-il mettre, maman? » Je par-
lais pour parler et pour ne pas pleurer. — « Mets ta
« Bien. Quelle robe faut-il mettre, maman ? » Je parlais pour parler et pour ne pas pleurer. — « Mets ta
robe de soie bleue, tu auras l’air plus sérieux».
robe de soie bleue, tu auras l’air plus sérieux ».

A ce moment ma sœur Jeanne ouvrit violemment la
A ce moment ma sœur Jeanne ouvrit violemment la
porte en éclatant de rire, et., sautant sur mon lit, elle se
porte en éclatant de rire, et, sautant sur mon lit, elle se
glissa vivement dans mes draps en criant : « Je suis au
glissa vivement dans mes draps en criant : « Je suis au
but! » Marguerite était entrée derrière elle, essoufflée et
but ! » Marguerite était entrée derrière elle, essoufflée et
grondant. L’enfant lui avait échappé au moment où
grondant. L’enfant lui avait échappé au moment où