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ennemie, la laisse toujours vagabonder seule... Fière et illuminée, je repoussais les princes, je repoussais les rois, les perles et les palais, et je répondais : « Je veux être religieuse ! » Car, dans l’infini du ciel gris, j’entrevoyais le couvent de Grand-Champs, mon blanc dortoir, la petite lampe balançante au-dessus de la petite Vierge ornée par nos mains.

Je préférais, au trône que m’offrait le roi, le trône de la mère Supérieure que j’ambitionnais vaguement pour le tard du plus tard. Et le roi mourait de désespoir... Oh ! mon Dieu, oui, aux perles que m’offraient les princes, je préférais les perles du chapelet que je sentais s’égrener sous mes doigts ! Et aucun costume ne pouvait lutter contre le voile de barége noir tombant comme une ombre douce sur la blancheur neigeuse de la batiste qui entourait le visage aimé des religieuses de Grand-Champs.

Je ne sais depuis combien de temps j’étais ainsi rêvant, quand j’entendis la voix de maman s’informant près de Marguerite, notre vieille bonne, si j’étais éveillée. Je ne fis qu’un bond vers mon lit et m’enfonçai le nez sous le drap.

Maman entr’ouvrit doucement la porte, et je feignis de m’éveiller. «Comme tu es paresseuse aujourd’hui ! » Alors j’embrassai ma mère et, câline, je lui dis :« C’est jeudi aujourd’hui ; je n’ai point de leçon de piano. — Et tu en es contente ? — Oh ! oui ! » Ma mère fronça les sourcils. Je haïssais le piano et maman adorait la musique. Elle l’adorait à tel point que, pour me forcer à l’apprendre, et quoique marchant vers la trentaine, elle prenait des leçons pour exciter mon émulation.

Quel horrible supplice ! Aussi, méchamment, je m’ef- m'ef-