« Conseils aux dirigés/Raison, foi, prière » : différence entre les versions

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Rien n'est aussi immoral, aussi mauvais que d'estimer impossible le relèvement par l'effort personne. Cette conviction que l'énergie individuelle est impuissante à dirigé et à maintenir sur là bonne voie un chrétien. sans l'intervention d'une force surnaturelle» à la même valeur que l'affirmation;(rappelez-vous ma première lettre) de l'insuffisance de la raison a connaître la vérité ainsi que la croyance en la nécessité de la manifestation de preuves extérieures indiscutables. Dans lé premier cas il est supposé d'avance qu'il existe quelque chose pouvant procurer à l'homme, la force de vivre de la vie chrétienne et d'accomplir la volonté divine; dans le second, il est supposé d'avance qu'il existe quelque chose nous fournissant le moyen d'avoir la certitude que ce qui nous est affirmé est une vérité indiscutable. On admet, sans contrôle l'existence d'un moyen infaillible de connaître la vérité entière, parfaite, et cela en dehors de l'effort propre de l'intelligence. En réalité, c'est aussi impossible que de faire voir la lumière à un aveugle. La vérité ne saurait être cherchée et trouvée que par l'intelligence, et jamais elle ne saurait être absolue, mais plus on moins parfaite. Elle pourrait se rapprocher de la plus haute vérité qu'on puisse atteindre à une époque donnée mais jamais elle ne saurait être absolue, immuable pour tous les temps. Elle ne saurait être définitive pour tous les temps, par ce fait seul que le but de la vie de l'humanité entière, et de chacun de nous, est précisément dans cette progression constante vers une vérité de plus en plus parfaite.
 
L'idée absurde que l'effort de la raison ne peut à lui seul conduire à la connaissance de la vérité, est le résultat de la même superstition monstrueuse qui suppose l'impossibilité de l'accomplissement de la volonté de Dieu sans une intervention mystérieuse. Cette superstition fait admettre la révélation de la vérité entière par Dieu lui-même aux Juifs, sur le mont Sinaï, et par divers prophètes; aux chrétiens par le Christ, les apôtres, les conciles, les églises; aux brahmanes par les Vedas; aux bouddhistes par le Tripitaka<ref>Le (1)Tripitaka désigne l'ensemble des textes du canon bouddhiste. http://fr.wikipedia.org/wiki/Tripitaka.</ref>; aux mahométans par le Coran.
 
Cette superstition est monstrueuse, d'abord parce qu'elle déforme la conception de la vérité; ensuite, parce que, après avoir reconnu, pour vérités toutes les absurdités données comme révélations divines dans les écrits, on est forcé d'obscurcir plus encore le bon sens afin de justifier ces inepties; enfin, ayant admis comme source certaine de la vérité la révélation extérieure on n'a plus recours à l'unique moyen de connaître, à l'investigation raisonnée. Cette façon de rechercher la vérité pourrait être comparée à la recherche de la voie que nous voudrions suivre, non pas de nous-mêmes, mais en, nous faisant guider en aveugles, par quiconque nous offrirait de nous conduire.
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8-21 janvier 1901
 
 
'''NOTE'''
 
1. Le Tripitaka désigne l'ensemble des textes du canon bouddhiste. http://fr.wikipedia.org/wiki/Tripitaka.