« Marie Tudor (Victor Hugo) » : différence entre les versions

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Gilbert.
Oui, de Jane ! De Jane seulement ! Que m’importe le reste ! Tu as donc tout oublié, toi ? Tu ne te souviens
donc plus que depuis un mois, collé aux barreaux de mon cachot d’d’où où l’ onl’on aperçoit la rue, je la vois rôder sans cesse,
je la vois rôder sans cesse, pâle et en deuil, au pied de cette tourelle qui renferme deux hommes, Fabiani et moi ? Tu ne te rappelles donc plus mes
angoisses, mes doutes, mes incertitudes ? Pour lequel des deux vient-elle ? Je me fais cette question nuit et jour,
et jour, pauvre misérable ! Je te l’ai faite à toi-même, Joshua, et tu m’avais promis hier au soir de tâcher de la voir et de lui
parler. Oh ! Dis ! Sais-tu quelque chose ? Est-ce pour moi qu’elle vient ou pour Fabiani ?
 
Joshua.
J’ai su que Fabiani devait décidément être décapité aujourd’hui, et toi, demain, et j’avoue que depuis ce moment-là je
suis comme fou, Gilbert. L’échafaud a fait sortir Jane de mon esprit. Ta mort…
 
Gilbert.
Ma mort ! Qu’entends-tu par ce mot ? Ma mort, c’est que Jane ne m’aime plus. Du jour où je n’ai plus été aimé, j’ai été mort.
Oh ! Vraiment mort, Joshua ! Ce qui survit de moi depuis ce temps, ne vaut pas la peine qu’on prendra demain. Oh ! Vois-tu,
tu ne te fais pas d’idée de ce que c’est qu’un homme qui aime ! Si l’on m’avait dit il y a deux mois : -Jane, votre Jane sans
tache, votre Jane si pure, votre amour, votre orgueil, votre lis, votre trésor, Jane se donnera à un autre. En voudrez-vous après ?
dit il y a deux mois : -Jane, votre Jane sans tache, votre Jane si pure, votre amour, votre orgueil, votre lis, votre trésor, Jane se donnera à un autre. En voudrez-vous après ? - j’aurais dit : non ! Je n’en voudrai pas ! Plutôt mille fois la mort pour elle et pour moi ! Et j’aurais foulé sous mes pieds celui qui m’eût parlé ainsi. — eh bien si, j’en veux ! -aujourd’hui, vois-tu bien, Jane n’est plus la Jane sans tache qui avait mon adoration, la Jane dont j’osais à peine effleurer le front de mes lèvres, Jane s’est donnée à un autre, à un misérable, je le sais, eh bien ! C’est égal, je l’aime. J’ai le cœur brisé ; mais je l’aime. Je baiserais le bas de sa robe, et je lui demanderais pardon si elle voulait de moi. Elle serait dans le ruisseau de la rue avec celles qui y sont que je la ramasserais là, et que je la serrerais sur mon cœur, Joshua ! — Joshua ! Je donnerais, non cent ans de vie, puisque je n’ai plus qu’un jour, mais l’éternité que j’aurai demain, pour la voir me sourire encore une fois, une seule fois avant ma mort, et me dire ce mot adoré qu’elle me disait autrefois : je t’aime ! -Joshua ! Joshua ! C’est comme cela le cœur d’un homme qui aime. Vous croyez que vous tuerez la femme qui vous trompe ? Non, vous ne la tuerez pas, vous vous coucherez à ses pieds après comme avant, seulement vous serez triste. Tu me trouves faible ! Qu’est-ce que j’aurais gagné, moi, à tuer Jane ? Oh ! J’ai le cœur plein d’ idées insupportables. Oh ! Si elle m’aimait encore, que m’importe tout ce qu’elle a fait ! Mais elle aime Fabiani ! Mais elle
j’aurais dit : non ! Je n’en voudrai pas ! Plutôt mille fois la mort pour elle et pour moi ! Et j’aurais foulé sous mes pieds celui
aime Fabiani ! C’est pour Fabiani qu’elle vient ! Il y a une chose certaine, c’est que je voudrais mourir ! Aie pitié de moi, Joshua !
qui m’eût parlé ainsi. — eh bien si, j’en veux ! -aujourd’hui, vois-tu bien, Jane n’est plus la Jane sans tache qui avait mon adoration,
la Jane dont j’osais à peine effleurer le front de mes lèvres, Jane s’est donnée à un autre, à un misérable, je le sais, eh bien !
C’est égal, je l’aime. J’ai le cœur brisé ; mais je l’aime. Je baiserais le bas de sa robe, et je lui demanderais pardon si elle voulait
de moi. Elle serait dans le ruisseau de la rue avec celles qui y sont que je la ramasserais là, et que je la serrerais sur mon cœur,
Joshua ! Joshua ! Je donnerais, non cent ans de vie, puisque je n’ai plus qu’un jour, mais l’éternité que j’aurai demain, pour la voir
me sourire encore une fois, une seule fois avant ma mort, et me dire ce mot adoré qu’elle me disait autrefois : je t’aime ! Joshua !
Joshua ! C’est comme cela le cœur d’un homme qui aime. Vous croyez que vous tuerez la femme qui vous trompe ? Non, vous ne la tuerez pas,
vous vous coucherez à ses pieds après comme avant, seulement vous serez triste. Tu me trouves faible ! Qu’est-ce que j’aurais gagné, moi,
à tuer Jane ? Oh ! J’ai le cœur plein d’ idées insupportables. Oh ! Si elle m’aimait encore, que m’importe tout ce qu’elle a fait !
Mais elle aime Fabiani ! Mais elle aime Fabiani ! C’est pour Fabiani qu’elle vient ! Il y a une chose certaine, c’est que je voudrais mourir ! Aie pitié de moi, Joshua !
je voudrais mourir ! Aie pitié de moi, Joshua !
 
Joshua.