« Marie Tudor (Victor Hugo) » : différence entre les versions
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Fabiani, à part, salué par tout le monde et regardant autour de lui.
Qu’est-ce que cela veut dire ? Il n’y a que de mes ennemis ici, ce matin. La reine parle bas à Simon Renard. Diable !
Elle rit ! Mauvais signe ! La Reine, gracieusement à Fabiani.
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Fabiani.
Et moi aussi j’ai à vous parler, madame. J’ai des reproches à vous faire. M’éloigner, m’exiler pendant si long-temps !
Ah ! Il n’en serait pas ainsi, si dans les heures d’absence vous songiez à moi comme je songe à vous. La Reine.
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La Reine.
Oui, mylord. Certainement, je
Fabiani.
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Fabiani.
Madame ! On veut me perdre. Je suis entouré d’ennemis. Cette femme est liguée avec eux sans doute.
Je ne la connais pas, madame ! Je ne sais pas qui elle est, madame ! La Reine, se levant et lui frappant le visage de son gant.
Ah ! Tu es un lâche ! Ah ! Tu trahis l’une et tu renies l’autre ! Ah ! Tu ne sais pas qui elle est ! Veux-tu que je te le
pairesse d’Angleterre ! Voilà ce que c’est que cette femme ! Lord Paget, vous êtes commissaire du sceau privé, vous tiendrez compte de nos paroles. La reine d’Angleterre reconnaît solennellement la jeune femme ici présente pour Jane, fille et unique (Montrant les papiers.)
Voici les titres et les preuves que vous ferez sceller du grand sceau. C’est notre plaisir.
(à Fabiani.)
Oui, comtesse de Waterford ! Et cela est prouvé ! Et tu rendras les biens, misérable ! Ah ! Tu ne connais pas cette femme !
Ah ! Tu ne sais pas qui est cette femme ! Eh bien ! Je te l’apprends, moi ! C’est Jane Talbot ! Et faut-il t’en dire plus encore ?… (le regardant en face, à voix basse, entre les dents.)
Lâche ! C’est ta maîtresse !
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La Reine.
Voilà ce qu’elle est ; maintenant voici ce que tu
es, toi. Tu es un homme sans âme, un homme sans cœur, un homme sans esprit ! Tu es un fourbe et un misérable ! Tu es…
messieurs, vous n’avez pas besoin de vous éloigner. Cela m’est bien égal que vous entendiez ce que je vais dire à cet homme ! menteur, le plus vil des hommes, le dernier des hommes ! Cela est pourtant vrai, je t’ai fait comte de Clanbrassil, baron de
Dinasmonddy, quoi encore ? Baron de Darmouth en Devonshire. Eh bien ! C’est que j’étais folle ! Je vous demande pardon de vous avoir fait coudoyer par cet homme-là, mylords. Toi, chevalier ! Toi, gentilhomme ! Toi, seigneur ! Mais compare-toi donc un peu à ceux qui sont cela, misérable ! Mais regarde, en voilà autour de toi, des gentilshommes ! Voilà Bridges, baron Chandos. Voilà Seymour, duc de Somerset. Voilà les Stanley, qui sont comtes de Derby depuis Clinton, qui sont barons Clinton depuis douze-cent quatre-vingt-dix-huit ! Est-ce que tu t’imagines que tu ressembles à ces gens-là,
toi ! Tu te dis allié à la famille espagnole de Penalver, mais ce n’est pas vrai, tu n’es qu’un mauvais italien, rien ! Moins que rien !
Fils d’un chaussetier du village de Larino ! Oui, messieurs, fils d’un chaussetier ! Je le savais et je ne le disais pas et je le cachais, et je faisais semblant de croire cet homme quand il parlait de sa noblesse. Car voilà comme nous sommes, nous autres femmes. ô mon dieu ! Je voudrais femme, et renie l’autre ! Infâme ! Certainement, tu es bien infâme ! Comment ! Depuis que je parle il n’est pas encore à genoux ! A genoux, Fabiani ! Mylords, mettez cet homme de force à genoux ! Fabiani.
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La Reine.
Ce misérable, que j’ ai comblé de bienfaits ! Ce laquais napolitain, que j’ai fait chevalier doré et comte libre d’Angleterre !
Ah ! Je devais m’attendre à ce qui arrive ! On m’avait bien dit que cela finirait ainsi. Mais je suis toujours comme cela, je m’obstine, et je vois ensuite que j’ai eu tort. C’est ma faute. Italien, cela veut dire fourbe ! Napolitain, cela veut dire lâche ! Toutes les fois que mon père s’est servi d’un italien, il s’en est repenti. Ce Fabiani ! Tu vois, lady Jane, à quel homme tu t’es livrée, malheureuse enfant ! Je autre chose de la poche d’un italien qu’un stylet, et de l’âme d’un italien que la trahison ! Fabiani.
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La Reine.
Il va se parjurer à présent ! Il sera vil
faibles femmes qui l’avons aimé ! Il ne relèvera seulement pas la tête ! Fabiani.
Si, madame ! Je la relèverai. Je suis perdu, je le vois bien. Ma mort est décidée. Vous emploierez tous les moyens, le poignard,
le poison… La Reine, lui prenant les mains, et l’ attirant vivement sur le devant du théâtre.
Le poison ! Le poignard ! Que dis-tu là, italien ? La vengeance traître, la vengeance honteuse, la vengeance par derrière,
le coin des rues la nuit, et à me faire petite quand je me venge ? Non pardieu, je veux le grand jour, entends-tu, mylord ? Le plein midi, le beau soleil, la place publique, la hache et le billot, la foule dans la rue, la foule aux fenêtres, la foule sur
les toits, cent mille témoins ! Je veux qu’on ait peur, entends-tu, mylord ? Qu’on trouve cela splendide, effroyable et magnifique, et qu’on dise : c’est une femme qui a été outragée, mais c’est une reine qui se venge ! Ce favori si envié, ce beau jeune homme insolent que j’ai couvert de velours et de satin, je veux le voir plié en deux, effaré et tremblant, à genoux sur un drap noir, pieds nus, mains liées, hué par le peuple, manié par le bourreau. Ce cou blanc où j’avais mis un collier d’or, j’y veux mettre une corde. J’ai vu quel effet ce Fabiani faisait sur un trône, je veux voir quel effet il fera sur un échafaud ! Fabiani.
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La Reine.
Plus un mot. Ah ! Plus un mot. Tu es bien véritablement perdu, vois-tu. Tu monteras sur l’échafaud comme Suffolk et Northumberland.
C’est une fête comme une autre que je donnerai à ma bonne ville de Londres ! Tu sais comme elle te hait, ma bonne ville ! Pardieu, c’est une belle chose quand on a besoin de se venger d’être Marie, dame et reine d’Angleterre, fille de Henri VIII, et maîtresse des quatre mers ! Et quand tu seras sur l’échafaud, Fabiani, tu pourras, à ton gré, faire une longue harangue au peuple comme Northumberland, ou une longue prière à Dieu comme Suffolk pour donner à la grâce le temps de venir ; le ciel m’est témoin que tu es un traître et que la grâce ne viendra pas ! Ce misérable fourbe qui me parlait d’amour et me disait tu ce matin ! Hé mon dieu, messieurs, cela paraît vous étonner que je parle ainsi devant vous ; mais, je vous le répète, que m’importe ?
(à lord Somerset.)
Mylord duc, vous êtes constable de la tour, demandez son épée à cet homme.
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La Reine.
Eh ! Que m’importe que tu aies séduit une femme ! Est-ce que je m’occupe de cela ? Ces messieurs sont témoins que cela
Fabiani.
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Fabiani.
Alors de quoi m’accuse-t-on ? Je ne suis pas anglais, moi, je ne suis pas sujet de votre majesté. Je suis sujet du roi de Naples
et vassal du saint-père. Je sommerai son légat, l’éminentissime cardinal Polus, de me réclamer. Je me défendrai, madame. Je suis étranger. Je ne puis être mis en cause que si j’ ai commis un crime, un vrai crime. La Reine.
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La Reine.
Vous entendez tous la question qui m’est faite, mylords, vous allez entendre la réponse. Faites attention, et prenez garde
à vous tous tant que vous êtes, car vous allez voir que je n’ai qu’à frapper du pied pour faire sortir de terre un échafaud. Chandos ! Chandos ! Ouvrez cette porte à deux (La porte du fond s’ ouvre. Entre toute la cour.)
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